21 ans de prison pour le tueur norvégien Anders Behring Breivik

Le verdict du procès d’Anders Behring Breivik est tombé ce vendredi 24 août à 10h. Le Norvégien de 33 ans, auteur de l’assassinat, le 22 juillet 2011, de quelque soixante-dix-sept personnes, a été reconnu mentalement sain par le tribunal d’Oslo, et écoppe d’une peine de prison de 21 ans, incompressible mais prolongeable. Huit personnes avaient trouvé la mort dans un attentat à la bombe contre le siège du gouvernement à Oslo et soixante-neuf autres dans une fusillade dans un camp d’été de la Jeunesse travailliste sur l’île d’Utoya. Malgré l’enquête et le procès, de nombreuses questions restent sans réponse.

La bombe a semé le chaos dans le centre de la capitale. Le massacre d’Utoya a ensuite été une traque impitoyable, décrite et filmée. Il y a notamment toutes ces images tournées par un hélicoptère de la télévision suédoise, arrivé avant la police sur le site, car les policiers ont mis plus d’une heure pour rejoindre l’île en raison du mauvais temps.

Pendant ce temps, Anders Breivik poursuivait son massacre. Il tirait dans les jambes des jeunes qui s’enfuyaient en courant, puis les achevait d’une balle dans la tête. Il se faisait aussi passer pour un policier pour attirer ses victimes, en disant : « Je suis là, le tueur s’est rendu, vous êtes sauvés ». Certaines se sont jetées dans ses bras avant qu’ils ne les abattent.

Aucune empathie

Anders Breivik n’a montré aucune empathie pour ses victimes. Il les a même constamment provoquées. Il n’a pleuré que deux fois, sur lui-même, en regardant sa photo déguisé en « commandeur » et une vidéo qu’il avait postée sur internet.

Pendant le procès, il est décrit comme un homme ordinaire : mauvais élève, entrepreneur calamiteux. Même sa carrière politique était un échec : il avait abandonné le parti d’extrême droite où il militait, parce que ce dernier n’était pas assez extrême à son goût.

Attaques minutieusement préparées

Il a passé neuf ans à fomenter son sinistre projet. Il s’est isolé, a acheté une ferme, créé une société pour acheter les engrais qui lui ont permis de fabriquer ses explosifs. D’où venait l’argent ? Avait-il des complices ?

L’enquête et le procès n’ont pas permis de répondre à ces questions. A chaque étape de son projet, il écrasait son disque dur pour ne laisser aucune trace. Ne reste que ce bréviaire de 1 500 pages qu’il a mis en ligne une heure avant le premier attentat.

Schizophrénie paranoïaque

Les experts psychiatres considèrent qu’Anders Breivik est atteint d’une forme de schizophrénie paranoïaque, mais qu’il est suffisamment responsable de ses actes pour être jugé. Deux expertises se sont néanmoins contredites sur la question du discernement, et les juges devront donc trancher.

Anders Breivik reconnaît les faits mais il plaide non coupable. Il affirme avoir agi pour protéger son pays contre le multiculturalisme qu’il considère comme une menace. Pour les trois quarts des Norvégiens, le tueur a trop minutieusement préparé ses crimes pour ne pas être considéré comme responsable de ses actes.

Lui-même ne veut pas être déclaré fou : il se considère comme un commandeur des templiers en mission pour sauver l’Europe et cela ruinerait sa posture.

Le tribunal d’Oslo l’a jugé pénalement responsable de ses actes. Il a condamné le Norvégien à 21 ans de prison, une peine qui peut être prolongée. Breivik ne devrait pas faire appel. Les portes de la prison se refermeront probablement indéfiniment sur lui car il est considéré comme trop dangereux pour être remis en liberté.

Béatrice Leveillé

RFI