Ça faisait longtemps que Paul Kagame ne s’adressait pas aux Rwandais, et quand il fait ce 27 avril 2020, il s’exprime en anglais. Moins de 20% de Rwandais comprennent cette langue. Quant au contenu, le président rwandais ne livre rien. Absolument rien. La seule chose qu’il aura réussie, c’est de semer plus de doutes sur sa localisation sa conférence étant faite à distance.
Avant cette sortie, beaucoup de rumeurs circulaient. L’absence du président inquiétait les Rwandais, les uns allant jusqu’à poser qu’il est mort. C’est peut-être cette prétendue mort qui l’a poussé à sortir subitement, et visiblement, mal préparé. Dans ces réponses , aux journalistes bien sélectionnés comme si le message était destiné à une audience précise, Kagame ne maîtrise rien. Ceci soulève plus de questionnements: Est-il vraiment vivant? Comment se peut-il qu’après plus d’un mois, un chef d’Etat ne s’adresse pas à son peuple pour exprimer une solidarité?
De la crise causée par la pandémie, Kagame ne livre rien. Pas de statistique. Pas de stratégie, pourtant demandée par plusieurs Rwandais. Le président ne dit rien sur la gestion des fonds déjà reçus dans l’effort de lutter contre Covid-19. Il ne pense pas aux citoyens du menu peuple dont le bien-être est mis à mal par les mesures de confinement décrétées sans suivre la procédure légale pourtant prévue par la Constitution rwandaise. Tout ce qu’il révèle est qu’un conseil des ministres va se tenir cette semaine pour déterminer la voie à suivre dans les prochains jours.
Une journaliste de RFI lui pose la question sur l’assassinat du chantre rwandais Kizito Mihigo mort en février 2020. Kagame, manifestement mal à l’aise avec cette question, réplique qu’il ne sera jamais capable de convaincre qui que ce soit sur la thèse du suicide. Lui-même sait que ce mensonge ne tient pas la route. Et, il demande à la journaliste: “Can we put it to rest, please?” Il évite d’en parler.
Rappelons que depuis l’assassinat de ce jeune homme, Kagame a du mal à justifier son innocence dans ce dossier. Dans ses notes, Kizito explique le rôle important de la directrice de cabinet de Kagame à l’époque, Inès MPAMBARA, dans son calvaire. La femme est même allée jusqu’à menacer de mort le jeune artiste.
Une question intéressante sur l’incursion de l’armée rwandaise au Congo, une information qui circule depuis quelques semaines. Sauf que le chef de l’Etat nie toutes les allégations en bloc, tentant de façon maladroitement voilée, de justifier cette action militaire s’elle avait eu lieu. Pour tout observateur avisé, sa réponse constitue un aveu sans équivoque. Sauf un enfant né d’hier, l’on sait que les soldats rwandais ont toujours été au Congo, et que Kagame l’a toujours nié.
Le silence de Kagame au sujet de la misère du peuple rwandais, sa disparition des radars pendant longtemps, les actes de barbarie commis par son armée contre les citoyens, l’arrestation des journalistes au nom du Covid-19 mais, qui réellement, on le sait, vise à museler les lanceurs d’alerte, tout porte à croire que Kagame n’est pas l’homme de la situation, maintenant, encore moins pour la période après Covid-19.
Selon les statistiques du gouvernement rwandais, les Rwandais sont plus de douze millions.
Depuis la déclaration d’arrivée du coronavirus au Rwanda, Kagame s’est planqué dans un de ses bunkers.
Le 27 avril 2020, les médias du régime ont présenté un Monsieur appelé Kagame. Celui-ci s’adressait par visioconférence aux journalistes rwandais et étrangers. Il s’est exprimé en anglais.
Par son apparition sur les écrans de télévisions rwandaises, Kagame ne voulait pas s’adresser aux Rwandais dont il est en droit président mais aux journalistes rwandais et étrangers aux seules fins de prouver qu’il est encore vivant et bien portant et nullement malade ou mort et conséquemment démentir des rumeurs selon lesquelles il aurait déjà répondu à l’appel de son créateur. Aussi, pour montrer qu’il n’avait nullement l’intention de s’adresser aux Rwandais, il s’est exprimé en anglais car il sait très bien que c’est un petit nombre de Rwandais qui sont en état de le comprendre. Pour lui, les Rwandais sont ses sujets. Il n’a aucun devoir ou aucune obligation à leur égard y compris le respect le plus élémentaire. C’est pourquoi, il a ergoté sur tout sauf sur les sujets qui intéressent les Rwandais et le Rwanda. Les internautes et les Rwandais ont pu constater que l’image de Kagame varie selon le journal qui la présente, le tout le même jour du 27 avril 2020. Il était tantôt en chemise bleue qu’il portait lors de son allocution du 7 avril 2020, jour de la commémoration du génocide dit des Batutsi, tantôt il portait une veste etc. de sorte que les profanes en analyse d’images ont pu raisonnablement se poser la question de savoir si c’était effectivement Kagame qui s’adressait aux journalistes par visioconférence. La sortie de cette personne appelée Kagame est un non événement pour des millions de Rwandais. Que le Plus Haut veille sur les Rwandais.