Analyse des propos du Cardinal Fridolin Ambongo

Dr Charles Onana

Par Charles Onana

Depuis 2002, dix-huit ans déjà, je n’ai eu de cesse d’attirer l’attention de mes frères et amis congolais sur le projet de destruction et d’occupation de leur pays dont le régime du Rwanda est la main exécutive mais pas seulement.

Beaucoup ont d’abord douté, d’autres étaient plutôt surpris. Aujourd’hui, nombreux regardent les massacres, les viols, les déplacements de la population et les incursions armées de l’Est de la RDC avec inquiétude et angoisse car la réalité devient de plus en plus évidente. Le projet de partition du Congo prend forme et les Congolais de haut rang osent maintenant parler.

C’est dans cet esprit que le cardinal congolais Fridolin Ambongo a décidé de tirer la sonnette d’alarme, suite à son dernier voyage dans cette région sinistrée où il a vu une « population terrorisée » selon ses propres termes. Le massacre presque quotidien des Congolais est devenu banal et sans intérêt aux yeux de la communauté internationale et des destructeurs du Congo. Seulement, les choses changent. Même au sein de l’armée congolaise, des langues commencent à se délier pour dire que le pays est en danger: « Les FARDC affirment être au courant et suffisamment documentées sur la combine montée par les ennemis de la nation visant à les décourager dans la poursuite et l’exécution de leur mission. Ce qui passe au Grand nord n’est qu’une machination des personnes malveillantes aux ambitions sécessionnistes ».

Voilà les propos du porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, le général-major Kasonga Cibangu qui souligne que l’objectif est de « prendre le contrôle politico-administratif de cet espace et ainsi concrétiser la balkanisation » de la RDC. 

Si l’armée congolaise en est à s’épancher, c’est que l’heure est grave. Le pays est réellement menacé et la conscience nationale revient. Il était temps. Le chanteur emblématique du pays Koffi Olomide s’est jeté à l’eau, faisant oublier son concert controversé de Kigali en décembre 2016, en dénonçant « ceux qui ont signé un pacte avec les Rwandais » pour vendre la RDC. Le célèbre musicien est désormais en phase avec l’histoire de son pays et c’est courageux de sa part. Le très populaire Martin Fayulu, candidat et vainqueur non reconnu des dernières élections présidentielles, a déclaré lors de son déplacement à Beni qu’on « ne peut pas accepter le plan machiavélique mis en place pour désarticuler et déstabiliser » la RDC ni le fait que « des gens qui ont construit leur villa soient délogés de force par ceux qui veulent exterminer le peuple de Beni ». L’ancien Premier ministre Adolphe Muzito a provoqué, de son côté, un tremblement de terre politico-médiatique en désignant le Rwanda comme pays déstabilisateur de l’Est de la RDC. Indignés par ses propos, certains de ses compatriotes et surtout certains médias occidentaux, très sympathiques et connivent avec Kigali, l’ont traité comme un vulgaire conjuré. 

Tout le monde a oublié les multiples rébellions financées et soutenues par le Rwanda en RDC, bien que répertoriées par les experts de l’ONU dans leurs rapports. Personne ne se souvient non plus des propos régulièrement tenus par les dirigeants rwandais à l’encontre des Congolais ni même des déclarations d’un ancien président rwandais venu des rangs de l’actuel régime de Kigali réclamant une nouvelle conférence de Berlin pour amputer le Congo de sa partie Est. En clair, au vu du vacarme provoqué par la sortie de l’ancien premier ministre Muzito, les Congolais seraient plutôt priés de se taire indéfiniment ou de se laisser écraser, terroriser, violer, insulter, humilier, massacrer et piller sans réagir. La seule attitude digne d’un congolais dans ce contexte serait donc, si l’on en crois certains médias, le silence poli, la soumission éternelle, le compliment ostentatoire à un mariage de Kigali et le câlin public à leur bourreau. Muzito a manifestement péché, aux yeux de certains, par le politiquement incorrect.

A mon avis, il est simplement en rupture de ban avec le consensus mou… Tout de même, ne faudrait-il pas de temps en temps écraser l’orteil de celui qui vous marche régulièrement sur les pieds avec les brodequins et qui vous crache à la figure, juste pour qu’il sache que vous n’êtes pas un tapis roulant ni un essuie-pieds ? Pour moi, cardinal Ambongo, Olomide, Fayulu, Muzito et les FARDC ont permis aux Congolais de relever la tête en cette nouvelle année. Je leur adresse donc mes vœux les meilleurs ainsi qu’aux populations de Beni et de l’ensemble de la RDC. Continuez le combat pour la liberté, la dignité et la fierté de votre pays et de vos populations! Vous réussirez!