Barack Obama a remporté mardi l'élection présidentielle américaine face au républicain Mitt Romney,

« Pour les Etats-Unis d’Amérique, le meilleur est encore à venir », a affirmé le président, accueilli par une foule de milliers de personnes en extase à son arrivée sur la scène du palais des congrès « McCormick Place » de Chicago (Illinois, nord), en compagnie de son épouse Michelle et de leurs deux filles.

Le premier président noir des Etats-Unis, porté au pouvoir il y a quatre ans sur des slogans d' »espoir » et de « changement », a réussi à convaincre ses compatriotes qu’il était le mieux qualifié pour les guider pour quatre années supplémentaires, malgré un bilan économique en demi-teinte.

Jamais, depuis les années 1930, un président des Etats-Unis n’avait été réélu avec un taux de chômage supérieur à 7,2%. Un seul démocrate, Bill Clinton, a enchaîné deux mandats pleins à la tête du pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Affirmant qu’il reviendrait à la Maison Blanche « plus déterminé et plus inspiré que jamais », Barack Obama a prononcé un discours empruntant à ses thèmes familiers, le rassemblement au delà des frontières partisanes, une profession de foi qui risque de se heurter à la division persistante du Congrès sorti du scrutin de mardi.

« Nous ne sommes pas aussi divisés que notre politique veut le faire croire », a-t-il pourtant dit. Il a salué la « campagne menée avec ardeur » par son adversaire et s’est dit décidé à travailler avec lui pour « faire avancer le pays ».

De son côté, M. Romney a reconnu sa défaite une heure et demie après la publication de résultats ne laissant plus de doutes sur l’issue de l’élection. « Nous avons tout donné lors de cette campagne », a-t-il déclaré à Boston (nord-est) devant des milliers de partisans, en appelant lui aussi à dépasser « les chicanes et postures partisanes ».

A Chicago comme sur Times Square à New York, des cris et des exclamations de joie ont aussi jailli de milliers de poitrines pour saluer la victoire du dirigeant sortant.

Mano a mano dans les Etats cruciaux

M. Obama a enlevé largement assez d’Etats-clé pour réduire à néant les espoirs de M. Romney de le déloger de la Maison Blanche, dans une course qui s’est comme prévu résumée à un mano a mano dans les régions cruciales que les deux candidats arpentaient depuis des mois.

M. Obama a remporté l’écrasante majorité de ces Etats disputés, à l’exception de la Caroline du Nord (est). Sa victoire était assurée dès qu’il a empêché M. Romney de rafler l’Ohio (nord), le « Graal » des Etats-clé, selon les estimations des télévisions américaines. Il a lui-même salué cette victoire dans un message sur Twitter à 22H14 (04H14 GMT).

Dans un scrutin organisé au suffrage universel indirect, le vainqueur est celui qui remporte 270 voix de « grands électeurs » sur les 538 du collège électoral. M. Obama était assuré d’en avoir gagné au moins 303.

La victoire de M. Obama sera toutefois plus étroite qu’en 2008, lorsqu’il avait largement dominé John McCain: M. Romney a gagné deux Etats qui avaient été remportés il y a quatre ans par le démocrate, la Caroline du Nord (sud-est) et l’Indiana (centre). La Floride restait encore incertaine, sans incidence sur le résultat final. Le comptage a été interrompu au milieu de la nuit et devait reprendre mercredi, selon les médias américains.

M. Romney, un ancien entrepreneur de capital-risque multimillionnaire de 65 ans, avait centré sa campagne sur la critique du bilan économique du président. M. Obama s’était quant à lui posé en défenseur de la classe moyenne.

Après un an et demi de campagne acharnée, des milliards de dollars dépensés, des dizaines de milliers de kilomètres parcourus et de mains serrées, des dizaines de millions d’Américains s’étaient déplacés pour départager les deux hommes. Certains ont parfois dû attendre de longues heures avant de glisser leur bulletin dans l’urne.

Quelque 30 millions d’Américains avaient voté par anticipation.

Risque de blocage avec le Congrès

La victoire de M. Obama a été immédiatement saluée à l’étranger. L’Union européenne l’a félicité et a souhaité un renforcement des « liens bilatéraux » avec Washington. Le Premier ministre britannique David Cameron, a adressé de « chaleureuses félicitations à (s)on ami » Barack Obama.

Son homologue israélien Benjamin Netanyahu, qui entretient des relations notoirement tendues avec M. Obama et avait reçu M. Romney l’été dernier en Israël, a lui aussi félicité M. Obama et a affirmé que l’alliance stratégique entre Israël et les Etats-Unis est plus forte que jamais ».

Le président chinois Hu Jintao et son Premier ministre Wen Jiabao ont adressé un message commun de fécitations au président américain, selon un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Même avec la légitimité de sa réélection, M. Obama risque comme ces deux dernières années de se heurter au puissant Congrès, où l’on s’acheminait vers un statu quo.

Les républicains ont réussi à conserver le contrôle de la Chambre des représentants, entièrement renouvelée, tandis que les démocrates paraissaient en mesure de conserver le contrôle du Sénat après avoir remporté plusieurs sièges emblématiques, dont l’ancien de Ted Kennedy au Massachusetts.

Mardi, les électeurs se prononçaient également sur plus de 170 référendums locaux. La Floride a maintenu le financement public pour l’avortement, tandis que le Colorado a légalisé la consommation de cannabis à des fins récréatives.

AFP