Belgique-Rwanda : Kigali choisit pour les partis politiques en lice les candidats aux élections communales belges.

Par Emmanuel Neretse

Aussi incroyable que cela peut paraitre le régime de Paul Kagame est entrain d’imposer des candidats aux partis politiques ou de faire invalider d’autres pour les élections communales du 14 octobre 2018 en Belgique!

Contexte

Les citoyens belges d’origine rwandaise constituent actuellement l’une des importantes communautés  de Belges allochtones. Ses membres se sont donc intégrés dans tous les secteurs de la société belge. Certains, surtout les jeunes qui n’ont connu que la Belgique comme seule patrie, commencent même à tâter à la politique.

Cependant, cette communauté rwandaise reste traversée par le clivage qui marque l’histoire et la politique du Rwanda depuis 1994 exacerbée par la conquête du pays par les éléments tutsi issus de l’armée régulière de l’Ouganda sous le commandement de Paul Kagame, conquête qui s’est accompagnée des massacres interethniques depuis 1990. Ces massacres allaient atteindre leur paroxysme en avril 1994 après l’assassinat du président Juvénal Habyarimana le 06/4/1994 quand son avion fut abattu dans le ciel de Kigali par un missile sol-air tiré par un commando envoyé par le même Paul Kagame. Ainsi donc, tout belge d’origine rwandaise est classé soit comme un pro-Kagame, donc un bon ; soit un mauvais selon qu’il est critique envers le régime Kagame ou lié de près ou de loin au régime qu’il a renversé.

Le poids des lobbies

On savait que le régime dictatorial de Paul Kagame disposait de puissants lobbies en Belgique surtout dans la famille politique libérale et dans le monde des affaires. Mais on ne pouvait pas s’imaginer qu’il pouvait s’ingérer ouvertement, et avec arrogance, dans l’exercice de leurs droits politiques de certains citoyens belges.  Ce qui, ailleurs, pouvait être jugé intolérable et dénoncé avec fracas, est, en Belgique, endossé et la tendance est même de s’excuser devant Paul Kagame.

Modus operandi : pressions politiques sous amalgames juridiques

Les initiateurs et exécutants de cette opération (les services secrets du gouvernement rwandais, les associations de Rwandais de Belgique liées à l’ambassade : Ibuka, CRB-Rugali), agissent sur deux axes. Après avoir scruté minutieusement les listes des candidats de tous les partis, quand ils y décèlent quelqu’un qui n’est pas un partisan du parti au pouvoir (le FPR), ils crient d’avoir découvert un « négationniste ». Car, pour eux, quiconque critique la dictature du FPR de Paul Kagame ou dénonce les crimes de guerre commis par les combattants tant au Rwanda qu’en RDC, devient « négationniste ».

Même si ces accusations ridicules et non fondées sont juridiquement inopérantes, elles deviennent politiquement destructrices car les Etats-majors des partis veillent à ne pas s’encombrer d’un cas qui leur coûterait des voix en crédibilité, quand leurs adversaires, ceux-là mêmes qui sont des lobbies du FPR de Kagame, pourront clamer que ces partis ont aligné dés « négationnistes et génocidaires » sur leurs listes. Pourtant, au même moment, des agents du FPR vivant en Belgique et même des membres de sa milice « Intore » revenant des entraînements militaires annuels, sont mis sur des listes de ces partis pro-Kagame sans qu’aucune voix n’ose relever ce fait.

Victimes idéales

Quel est le profil de ces candidats aux élections belges qui sont dits « rwandais » ??? et accusés  d’être «  négationnistes ou génocidaires » ? Si d’aventure celui-ci serait un descendant d’un des révolutionnaire ayant aboli la monarchie féodale en 1959-1961, ou d’un dignitaire ou d’un cadre du régime renversé en 1994, il s’ajoute sur sa tête la charge de « génocidaire ».

Sans faire un inventaire exhaustif des victimes de cette campagne, nous avons noté quelques cas qui sont caricaturaux : un candidat d’un parti  a été accusé par les lobbies pro-Kagamé d’être un petit fils d’un des leaders de la Révolution de 1959. Donc, pour eux, un « génocidaire ». Une autre a été accusée d’être la fille d’une journaliste qui donne la parole aux opposants au régime de Kagame. Enfin « l’Ultima ratio regum» de ces puissants lobbies est de dire que les candidats collaborent ou ont collaboré avec une asbl qui ose dire que le FPR de Paul Kagame en général et son armée APR en particulier, ont commis des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité et que le régime viole systématiquement les droits de l’homme. Cette association n’invente pourtant rien car elle ne fait que reprendre le contenu des rapports des ONG qui ont été produits à ce sujet.

Hélas, cela suffit pour priver certains jeunes belges d’origine rwandaise de leurs droits politiques sans qu’ils soient défendus par les partis auxquels ils avaient adhéré tellement les lobbies pro-Kagame sont omnipuissants en Belgique.

Vulgarisateurs zélés et écoutés 

Il est vrai que la campagne est menée par des vulgarisateurs (pour ne pas dire des Vuvuzela) zélés. En première ligne on trouve un certain Alain Destexhe, un sénateur belgo-rwandais. Celui-ci est plus connu pour ses éclats médiatiques que pour son travail parlementaire. Il a ainsi défrayé la chronique dans des affaires de corruption et de conflits d’intérêts depuis Kinshasa (RDC) jusqu’à Bakou (Azerbaïdjan) en passant par Paris (France).  L’autre est la journaliste du Soir connue comme « spécialiste de la région des Grands Lacs surtout du Rwanda », la trop célèbre Colette Braeckman. Grande admiratrice (adoratrice) devant l’Eternel de Paul Kagame (d’abord comme tutsi comme elle l’a affirmé), elle a accompagné sa conquête du Rwanda depuis l’Ouganda dans les années 1987 jusqu’aujourd’hui. Elle n’hésite pas à falsifier grossièrement les faits historiques quand il faut voler médiatiquement au secours de son idole Paul Kagame.

Conclusion

Le problème est essentiellement politique et est donc d’autant plus difficile à résoudre. La portée des attaques du régime de Paul Kagame  relayées par ses lobbies de Belgique est d’ordre politique. Les formations politiques démocratiques auxquelles appartiennent ces jeunes devraient avoir le courage d’y répondre car les arguments ne manquent pas. Mais quand on connaît les calculs politiques, les compromis à la « belge »…on ne peut qu’être pessimiste. Quant au volet judiciaire, il est le plus facile à gérer. Les intéressés peuvent se défendre car ceux qui les accusent d’être  « négationnistes ou génocidaires » doivent être déférés devant la justice pour donner des preuves de ces graves accusations.

1 COMMENT

  1. Ces lobbies pro-Kagame et son régime sont tellement puissants qu’ils ont même fait des chantages et menaces contre les membres des familles des victimes belges qui ont été massacrés par les soldats du FPR sur ordre de Kagame afin qu’ils ne puissent saisir la justice de leur pays. Effrayés et craignant pour leur vie par les menaces des membres du groupe Alain Destexhe, ils ne veulent même pas rêver saisir la justice de leur pays au nom de ces derniers.
    Alain Destexhe est une des sénateurs de la commission du Sénat belge sur le drame rwandais.
    Sur la présence de l’avion espion belge équipé de système anti-missile qui était derrière l’avion du président Habyarimana la nuit du 6 avril 1994, jour de l’assassinat de celui-ci, Alain Destexhe en réponse à mes questions: « pourquoi n-a-t-il pas interroger le ministre de la défense belge à l’époque des faits sur les missions de cet avion espion dans le ciel rwandais cette nuit du 6 avril 1994 ainsi qu’un autre avion plein de commandos belges et qui sont rebrousser chemin après l’assassinat du Président Habyarimana? » Dès lors que cet avion était équipé de système anti-missile, les pilotes ont nécessairement vu le lieu où sont partis les missiles qui ont abattu l’avion du Président Rwandais. Pourquoi il n’a-t-il pas posé la question de savoir s’il a vu oui ou non le lieu où les missiles ont été tirés? Pourquoi dans le rapport de la commission ci-dessus mentionnée il n’a-t-il pas parlé des victimes belges dont en particulier Grieta Bosmans , directrice de l’Ecole de filles de Muramba qui a été assassiné par les soldats du FPR sur ordre de Kagame?
    Monsieur Alain Destexhe m’a répondu que ces faits n’ont jamais existé: cet avion et l’assassinat de Grieta Bosmans ne sont qu’une pure invention des Hutu.
    Au vu de l’ensemble de ses agissements, le fait d’être plus Tutsi que les Tutsi Rwandais a gravement altéré son sens d’honnêteté intellectuelle et le bons sens élémentaires d’une part et conséquemment, il souffre d’un dysfonctionnement intellectuel manifeste. Alain Destexhe, est un des chantres éclairés du régime Kagame. Pour ses services faits, il a été naturalisé rwandais sur décision de Kagame alors qu’il ne remplissait aucune des conditions prévues par la loi relative à la naturalisation des étrangers. Alain Destexhe ne parle pas notre langue et n’a jamais payé d’impôt au Rwanda. Bref, son centre d’intérêt n’est pas Rwanda mais son pays, la Belgique. Son cas n’est pas unique. Ils jouissent d’une impunité totale. C’est pourquoi, ils se permettent de diffamer les Rwandais, indifféremment de leur âge et de sexe. Monsieur Alain Destexhe n’a jamais changé de position relativement aux crimes des soldats des soldats du FPR contre des millions de Hutu et Tutsi de nom. Il a toujours nié cyniquement l’évidence de notoriété publique.

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