CRITIQUE DU TÉMOIGNAGE DU LIEUTENANT COLONEL GUILLAUME ANCEL

Dans son édition du 6 avril 2018, le site pro-FPR igihe.com a publié un entretien que le lieutenant colonel français Guillaume Ancel, en retraite, a eu avec Aimable Karirima, attaché de presse à l’Ambassade du Rwanda à Bruxelles et correspondant de ce média en Europe.

On notera que l’ancien officier de l’armée de l’air française qu’est Guillame Ancel s’est, depuis quelques années seulement, rendu célèbre (et certainement riche en plus d’être un héros au Rwanda) en prétendant savoir que l’Opération humanitaire baptisée Turquoise et autorisée par l’ONU que la France a menée  au Rwanda en juin 1994 n’était pas « humanitaire » et n’aurait pas sauvé des vies humaines dans la zone où elle s’est déployée au Sud-ouest du Rwanda.

Il prétend, lui qui à l’époque n’était que capitaine dans les unités de ravitaillement, avoir eu connaissance des ordres secrets de l’Etat-major des Armées à Paris concernant le volet secret de Turquoise, mais que ni le général Jean Claude Lafourcade qui commandait toute l’Opération Turquoise, ni les colonels qui commandaient les détachements et les régiments sur le terrain dont le chef direct du capitaine n’avaient pas eu connaissance.

Fort du succès médiatique et surtout politique qu’a eu cette supercherie et cette affabulation, Guillaume Ancel a remis la sauce en publiant un livre dont Kigali et ses lobbies en France ont fait une intense publicité. On croyait qu’il allait s’arrêter là le temps de digérer le succès immérité que rencontrent ses histoires rocambolesques. Que nenni. Il est maintenant sollicité par le régime rwandais de Paul Kagame pour mettre l’attentat du 06 avril 1994, élément déclencheur du génocide,  sur le dos de la France et de ses « anciens alliés », les ex-FAR.

Le Lieutenant Colonel Guillaume Ancel n’est ni expert, ni enquêteur, ni témoin de quelque manière que ce soit des événements survenus au Rwanda et plus spécialement à Kigali le 6 et le 7 avril 1994. Il devrait avoir l’honnêteté intellectuelle de ne pas avaliser la désinformation lui dictée par le FPR et son lobby. L’attentat a eu lieu la nuit du 06 au 07 avril 1994.  Cet homme est arrivé au Rwanda dans le cadre de l’opération Turquoise après le 22 juin 1994 et n’est resté que dans la zone Turquoise située au sud-ouest du Rwanda, qu’il a quittée en août 1994 sans mettre son pied à Kigali.

L’intéressé semble  accréditer d’une façon moutonnière la fausse thèse attribuant le crime  aux anciennes Forces Armées Rwandaises. Or cette thèse ne définit pas comment la partie gouvernementale se serait procuré les missiles qui ont abattu l’avion, ni comment l’attentat a été planifié, ni les auteurs qui ont  abattu l’avion.  Il extrapole le rapport du juge Marc Trévidic alors qu’il reconnaît que le juge Trévidic ne désigne pas l’auteur de l’attentat dans sa conclusion. Mais curieusement il abonde dans le sens de ceux qui font dire au rapport du juge Trévidic ce qu’il ne dit pas.

D’abord le juge Tévidic n’a jamais conclu à la responsabilité des FAR dans cet attentat. Le rapport  indique seulement que parmi les lieux probables de la provenance des tirs des missiles peut s’y ajouter les abords du camp Kanombe si l’on tient compte d’une expertise acoustique effectuée par simulation au centre de la France. Encore faut-il vouloir ou être obligé de tenir compte de cette étrange expertise et la préférer aux autres (balistiques et géométriques) effectués elles sur le terrain.  Pourtant la thèse du juge Jean Louis Bruguière attribuant le crime au FPR donne tous les détails. Et les conclusions du Juge Bruguière constituent la seule thèse pour cet attentat. Ainsi donc prétendre qu’il y aurait deux thèses contradictoires à savoir que l’attentat serait le fait du FPR de Paul Kagame et qu’il en aurait une autre l’attribuant aux FAR, relève de la manipulation et de l’intoxication de l’opinion comme en sont passés maîtres les médias pro-Kagame en Occident.

Il prétend que le lieu de lancement des missiles SAM 16 doit être aménagé à l’avance. Or les SAM 16 sont faits pour être portés et tirés à l’épaule.  D’ailleurs le rapport des experts du juge Marc Trévidic le démontre. Ils ne nécessitent pas un emplacement préalable.

Quant au rayon  de visibilité des éclats lumineux du départ des missiles qu’il évalue à 100 m, les missiles ont été tirés à partir de la vallée de Masaka, qui était une zone broussailleuse, loin des habitations de Masaka et Rusororo situées plus haut et le centre de négoces de Mulindi situé plus loin. Par contre, les témoins parmi la population de cette zone, ainsi que M. Jacques Gashoke et Jean Luc Habyarimana ont vu les boules de feu qui sont parties justement de la vallée de Masaka et ont frappé et fait exploser l’avion.

Il prétend que les Instructeurs para français ont fait disparaître la boîte noire du Falcon 50 du président Juvénal Habyarimana, pointant du doigt le Général de Saint Quentin sans le citer, alors responsable de la mission d’instruction para auprès du Bataillon para commando.  Bizarrement il est le premier à avancer cette thèse depuis que le litige existe, alors qu’il n’a fait aucune enquête. Il devrait préciser sa source puisqu’il n’était pas là pour pouvoir l’attester.

Paradoxalement il ne dit rien sur la fausse boîte noire du Concorde d’Air France, attribuée audit Falcon 50 que le général Roméo Dallaire, alors commandant la MINUAR, a envoyée aux Nations Unies à partir de Kigali à la fin du mois de mai ou début juin 1994, et qui a été dissimulée dans les tiroirs par des cadres du Secrétariat Général de l’ONU à New-York, puis dénichée par le juge Jean Louis Bruguière 10 ans après.

Ceci montre que Guillaume Ancel ne maîtrise pas le dossier et qu’il est manipulé par  les lobbies de Paul Kagame en France, qui lui font  raconter les fausses informations lui confiées. Je l’invite à lire le témoignage de l’ancien responsable des renseignements militaires à l’Etat-major de l’Armée Rwandaise, intitulé : Rwanda-Attentat du 6 avril 1994- A quand la clôture de l’enquête

Emmanuel Neretse
09/04/2018