De la plume à l'action, quo vadis, mon général ?

Si ce ne sont pas qu’effets d’annonce ni de la surenchère, c’est que probablement le buisson du chien va brûler comme dit l’adage. Les carottes bientôt cuites pour l’Afandie ? En effet, le tout dernier communiqué du parti CNR – Intwari, bien que bref, n’en est pas moins annonciateur d’une nouvelle étape franchie par l’opposition au régime de Kigali. Après le trio historique Ingabire-Mushayidi-Ntaganda, après les rapatriements programmés de Twagiramungu Rukokoma (et son RDI – Rwanda Rwiza) et de Karangwa Semushi (du PDP Imanzi), voici le général Emmanuel Mukaru Habyarimana qui, à son tour, annonce qu’avec ses partisans, il va entamer un voyage dont le but est la libération de ses compatriotes. Est-ce le début des choses sérieuses ou n’est-ce qu’un autre tournant de plus dans ce feuilleton qui a toujours vu la dictature afande prendre le dessus ?

A peine donc sorti d’un débat avec le verbeux Rukokoma sur la BBC, le général Mukaru prend une décision et plus que son contradicteur, sa démarche sera suivie au jour le jour par tous ceux qui ont lu son communiqué. Qu’il ne se trompe : des comptes vont bientôt lui être demandés par ceux-là même qu’il veut mobiliser. Il leur doit bien ça, lui qui peut prétendre mieux connaître la machine infernale de la dictature, les Rwanda Defence Forces. Il leur doit bien ça : pour Augustin Cyiza, ce colonel disparu dans les fumées des incendies kagamiennes. Pour Gratien Kabiligi, cet autre général traîné dans la boue une décennie durant. Pour Déo Mushayidi avec lequel il a collaboré et aujourd’hui privé de liberté. Pour tous les Rwandais opprimés par une armée qui fut un jour géré par le même Mukaru. N’est-il pas celui qui a « ralenti », par ses remarques, la main qui giflait à tout va les malheureux qui déplaisaient au demi-dieu des mille collines ?

De leur léthargie, les opposants à la junte de Kagame ont écrit et cela n’a pas empêché la caravane de passer. Celle des techniciens qui martyrisent le peuple de l’intérieur et pourchassent inlassablement celui en exil. Les innombrables crimes et aventures de ces dévoués de Kagame ont fini par lasser les faiseurs de roi qui ont mis ce dernier sur son trône. A mots couverts, ils l’ont désavoué, n’osant pas lui dire de dégager car, en face ça ne bougeait pas du tout… A quoi cela aurait-il servi de bousculer le diable si c’est pour le remplacer par le néant ? C’est ce qu’a bien compris des mercenaires comme « Lo scroccone » Tony Blair qui a repris du poil de la bête et se remet même, par ses plaidoiries, à invoquer Sainte Rita, la sainte des causes perdues et désespérées. Pour le grand bien d’Afandie qui vient de voir le Royaume uni alléger sa mesure de suspension d’aide en débloquant 12,74 millions de dollars.

On comprend le goût des militaires pour le secret, mais exiger un minimum d’information n’est pas sacrilège, ne serait-ce que pour ceux qui voudront se rendre utiles. A moins de s’aligner sur les échéances fixées par les autres opposants et de faire un appel au mois de juin qui rappellera celui d’un autre général qui a, sur les ondes de la BBC (tiens!), initié la résistance française. Quoi qu’il soit, un général qui entreprend le retour au bercail n’empruntera certainement pas la même voie que les politiciens civils. D’où la question posée en titre : quo vadis, mon général ? La réponse à cette question éclairera ceux qui ne veulent pas voir en ce communiqué, une simple réaction médiatique à la dureté des propos de Rukokoma lors du débat précité. « Un général qui fait de l’opposition devrait se trouver dans un maquis a apostrophé Rukokoma ». Est-ce la prochaine destination ?

Mieux vaut tard que jamais…

Cecil Kami