De nouveaux combats à Sake et le M23 veut dialoguer avec Kabila avant de tout retrait de Goma

Après avoir pris Goma, les rebelles ont poursuivi leur offensive et fait tomber mercredi après-midi la localité de Sake, située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la ville.

Des combats se déroulaient jeudi autour de la localité de Saké prise mercredi par les rebelles du M23 et située à une trentaine de km au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, a constaté un photographe de l’AFP.

Des explosions d’obus de mortiers étaient entendues et des panaches de fumée montaient à proximité de la ville, vers 14H00 locales (13h en Belgique). Des tirs d’armes automatiques avaient été aussi entendus peu avant les tirs de mortiers. Il n’était pas possible de savoir si ces combats opposaient les rebelles du M23 à la coalition-FARDC-Maï-Maï/ APCLS.

Après plus de 3 heures de combats entre la coalition-FARDC-Maï-Maï/ APCLS, les rebelles du Mouvement du 23 mars se seraient retirés en partie de la cité de Sake. Selon des sources locales, cette coalition qui a lancé cette offensive aux environs de 14 heures serait venue du coté de Kirotshe au Sud-Ouest de la cité. Des milliers de personnes fuyaient à pied la localité, portant notamment des matelas sur la tête, sur la route en direction de Goma, a constaté le photogaphe de l’AFP. Après avoir pris mardi Goma, qu’ils occupent depuis, les rebelles avaient poursuivi leur offensive pour faire tomber Saké mercredi après-midi. Une partie des troupes de l’armée congolaise, après avoir fui Goma, s’était rassemblée à Sake puis à Minova, plus au sud

Sur le plan diplomatique, un espoir de sortie de crise est cependant apparu jeudi matin avec l’annonce pour samedi d’un sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur les Grands Lacs (CIRGL) qui se tiendra en Ouganda. Le président congolais Joseph Kabila et son homologue rwandais Paul Kagame seront présents pour trouver une solution. Joseph Kabila, soutenu par l’Onu, affirme que le Rwanda soutient le M23, tandis que le rôle de l’Ouganda est très obscur.

En attendant de se retrouver samedi, les deux hommes ont exigé, avec le président ougandais Yoweri Museveni, que le M23 arrête son offensive et se retire de Goma. Mais les rebelles ont opposé une fin de non-recevoir, affirmant qu’ils poursuivront leur action jusqu’à ce Joseph Kabila accepte de négocier.

Sommés de quitter Goma, les rebelles du M23 ont exigé jeudi un dialogue avec le président congolais Joseph Kabila avant tout retrait de la principale ville de l’est la République démocratique du Congo (RDC), alors que des combats ont éclaté dans la localité de Sake.

Le président du M23, Jean-Marie Runiga Lugerero, est parti jeudi à Kampala pour « aller discuter » avec le président ougandais Yoweri Museveni, à la demande de ce dernier, a déclaré à l’AFP Amani Kabasha, chargé de communication du M23.

Auparavant, le président du M23 avait déclaré à l’AFP qu’il fallait « d’abord dialoguer avec le président Kabila ». Avant d’envisager tout retrait de Goma, « il faut se mettre autour d’une table avec la société civile, la diaspora, l’opposition, le gouvernement, qu’on puisse parler de tous les problèmes des Congolais. On attend une offre du président Kabila pour le dialogue », a ajouté ce responsable de la rébellion, en faisant « un préalable », mais sans vouloir donner de précisions sur l’arrêt ou la poursuite de son offensive.

« Il y a des problèmes et des revendications spécifiques au M23, mais il y a aussi le problème de la démocratie en RDC, des problèmes de gouvernance, des problèmes sociaux, des problèmes concernant les droits de l’Homme », a énuméré M. Runiga Lugerero.

Plus de 30 000 déplacés de Mugunga désirent retourner dans leurs villages

Plus de 30 mille déplacés originaires du secteur de Kanyaruchinya (Nord-Kivu), réfugiés depuis quelques jours au camp Mugunga, après les combats entre Forces armées de la RDC (FARDC) et M23, désirent retourner dans leurs villages d’origine.
Ils l’ont fait savoir jeudi 22 novembre au chef du HCR/Nord-Kivu, Lazard-Etienne Kouassi qui était sur place à Mugunga. «Nous désirons retourner dans nos villages d’origine», a déclaré un des représentants de ces déplacés, Evariste Kabunga.
Ne sachant pas faire les pieds, ils demandent, par ailleurs, au HCR de mettre ses véhicules à leur disposition afin qu’ils atteignent rapidement leur milieu.
«Nous sommes fatigués avec le camp, nous voulons rentrer au domicile pour aller faire le champ. Nous sommes fatigués et affamés, il nous est difficile de rentrer avec les enfants au dos. Si le HCR peut nous aider avec des moyens de transports», a poursuivi Evariste Kabunga.
De son côté, le chef du HCR/Nord-Kivu, Kouassi Lazard Etienne a promis de répondre, dans la mesure du possible, à leur attente:
«Nous ne sommes pas à mesure de transporter tout ce monde à domicile. Nous allons dans la mesure du possible identifier les vulnérables et nous pourrons leur apporter assistance en matière de transports. Nous verrons, dans la concertation avec nos agences sœurs, ce que nous pourrons faire pour leur apporter également l’assistance en nourriture».
La situation humanitaire est préoccupante au camp Mugunga qui accueille plus 40 mille déplacés, dépourvus de ration alimentaire depuis leur arrivée, dimanche 18 novembre.
Urgence humanitaire
Le Comité international de la Croix rouge (CICR) et la Croix-Rouge de la RDC ont appelé, jeudi 22 novembre, les rebelles du Mouvement du 23 mars et les Forces armées de la RDC ainsi que d’autres groupes qui participent aux côtés de l’une ou de l’autre force d’assurer leur sécurité pour apporter de l’aide aux personnes vulnérables depuis la chute de Goma dans la province du Nord-Kivu. La coordinatrice en communication de cette structure, Annick Bouvier, a également demandé le respect des humanitaires.
«Laissez-nous, s’il vous plait à accéder aux personnes les plus vulnérables et respecter l’emblème de la croix rouge. Même dans des situations tendues, il y a certaines règles à observer et c’est une question de vie ou de mort», a déclaré Annie Bouvier.
Elle a signifié que les deux organismes humanitaires doivent avoir accès aux populations déplacées pour leur fournie de l’eau, de la nourriture.