Déclaration du CLIIR pour la journée internationale des droits de l’homme du 10 décembre 2012

Le 10 décembre de chaque année, l’Organisation des Nations Unies (ONU) célèbre la journée internationale des Droits de l’Homme. C’était une très bonne initiative si l’ONU pouvait faire l’inventaire des pays où les dictatures assassinent, emprisonnent et torturent des milliers de citoyens innocents considérés comme des opposants réels ou supposés, des rebelles réels ou supposés, etc.

Il a été mis en place au Rwanda des lois liberticides et des directives administratives arbitraires visant à provoquer la famine et la misère généralisée pour la presque totalité du peuple rwandais. Or le droit à l’alimentation a été promulgué en 2000 par l’ONU.

Parmi ces lois il y a ceux qui violent gravement le droit à l’alimentation des populations rwandaises. « Le droit à l’alimentation est le droit d’avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d’achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne ».

Actuellement, les paysans rwandais ne sont pas autorisés à cultiver la nourriture qu’ils avaient l’habitude de manger. Dans plusieurs régions il y a eu destruction forcée des cultures vivrières habituelles telles que la bananeraie, le sorgho, la patate douce, le haricot, le manioc, etc. Il existe l’obligation de cultiver à certains endroits les cultures industrielles ou destinées à l’exportation au détriment des cultures vivrières dont la population a besoin. Les paysans ne reçoivent pas d’autres terres destinées à leur autosuffisance alimentaire. Ils meurent de faim ou de malnutrition chronique dans l’indifférence totale.

Au Rwanda, le peuple est opprimé et pris en otage par un petit noyau de chefs militaires et politiques du parti au pouvoir le Front Patriotique Rwandais (FPR). C’est ce petit noyau qui noyaute, contrôle et paralyse toutes les institutions officielles de l’Etat Rwandais. Ce noyau organise les meurtres, la torture et l’emprisonnement d’opposants et de journalistes indépendants depuis plus de 18 ans déjà. C’est ainsi que tous les chefs des partis politiques de l’opposition démocratique sont en prison depuis 2010 ainsi que plusieurs journalistes indépendants.

Plusieurs formes de racket sont organisées au Rwanda : des cotisations forcées prélevées sur les salaires des fonctionnaires et employés de l’Etat. Ces cotisations alimentent les caisses noires du président Paul KAGAME qui peut ainsi financer la corruption des parlementaires, des membres du gouvernement et de l’armée pour mieux les utiliser dans l’oppression du peuple. La population déjà appauvrie par ces rackets déjà existants est mis sous pression après la mise en place d’un nouveau fond destiné à renflouer les caisses de l’Etat qui ne sont plus alimentées par les aides des pays occidentaux donateurs suite au soutien du Rwanda au groupe rebelle dénommé M23 qui sévit actuellement à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

La culture de l’impunité, de l’injustice et du mensonge est imposée au peuple rwandais comme un nouveau « mode de vie » dans tous les tribunaux ordinaires ou semi traditionnels GACACA par le régime dictatorial qui sème la mort au Rwanda et en RDC. La dépossession des propriétaires immobiliers est généralisée au Rwanda surtout lorsque les victimes font partie de l’ethnie majoritaire Hutue. Aucune voie de recours n’est possible. Les ventes aux enchères de leurs biens immobiliers et mobiliers ont appauvri des milliers de familles Hutues. Celles qui le peuvent prennent le chemin de l’Exil.

La chasse aux intellectuels Hutus réfugiés dans les pays européens continue. Récemment sous l’accusation de terrorisme parce qu’ils sont soupçonnés d’être membres des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) ; environ 11 exilés Hutus ont été interpellés mercredi le 05/12/2012 très tôt le matin par la police allemande suite aux requêtes de la Cour Pénale Internationale (CPI) dont les enquêteurs se trouvent à la merci de la Magistrature Rwandaise soumise complètement au président rwandais Paul KAGAME. Pourtant le Rwanda a refusé de signer le 04 mars 2003 la convention mettant en place la CPI. Mais le gouvernement rwandais recourt fréquemment à la CPI pour pourchasser ses opposants réels ou supposés.

Les peuples meurtris et opprimés par les dictatures militaires dans la Région de l’Afrique des Grands Lacs doivent être secourus par la communauté internationale qui reste étrangement silencieuse à la souffrance et à la douleur de ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants dont le lot quotidien est d’être victimes des violations des droits humains en tout genres.

Il est impératif pour la communauté internationale, en particulier l’ONU instigatrice de cette journée, de revoir sa façon de gérer les droits de l’homme dans cette région des Grands lacs en vue d’épargner à des peuples d’atroces souffrances inutiles.

Pour le Centre,

Joseph MATATA, Coordinateur.