DÉFECTION DU COLONEL MAKANIKA : ENTRE RÉSISTANCE ET VIOLENCE COMMUNAUTAIRE!

Par Marcelin CIKWANINE

La défection du Col. Makanika n’est qu’une des conséquences de la défaillance de l’armée congolaise à rétablir la paix dans les hauts plateaux de Fizi,Uvira et Mwenga et de l’irresponsabilité de l’État congolais qui a laissé champ libre à l’armée rwandaise et les rebellions burundaises créées et soutenues par le Rwanda pour massacrer les populations et brûler des villages entiers dans ces hauts plateaux. 

Bref, c’est la conséquence d’une dangereuse coopération militaire rwando-congolaise qui n’a fait que servir à la résurgence des violences, l’instrumentalisation des sentiments ethniques et l’accumulation des frustrations au sein des FARDC. 

Le Col. Makanika est l’un des premiers officiers Banyamulenge qui avaient quittés l’AFDL en 1997 et ouvert le front de Minembwe contre l’agression rwandaise couverte par le RCD. Lui avec un groupe des guerriers avaient été rejoint par le Général Masunzu,chef du groupe qui fut soutenu par le gouvernement de Mzee Kabila,et avaient résisté victoriursement contre l’armée rwandaise qui avait subit d’énormes pertes en 2000. Kigali ne s’en est jamais remis et depuis lors ne fait que faire payer à la communauté banyamulenge sa résistance malgré que certains membres marrionettes de cette communauté ont continué à servir la cause rwandaise. 

Ce n’est qu’en 2010 que le Col. Michel Makanika quitte la forêt pour intégrer les FARDC suite au processus d’«intégration accélérée». Au Sud-Kivu il était à la première ligne pour maîtriser la mutinerie des militaires ex-CNDP en prélude de la création du M23 qu’il avait en suite combattu au Nord-Kivu étant à la tête d’un régiment. 

Il faut donc noter qu’au delà de la dimension communautaire de son combat Makanika , comme plusieurs compatriotes banyamulenge,est un officier «anti-rwandais». Il est « anti-rwandais» plus que nombreux de ceux qui le traitent ainsi que les membres de sa communauté des «rwandais» par ignorence ou par haine. Sa défection fait déjà l’objet de la médiatisation à outrance au Rwanda laissant croire qu’il constitu une menace contre le Rwanda , surtout par le fait qu’il a rejoint des milices banyamulenge hostiles au pouvoir de Kigali dans une région qu’il maîtrise parfaitement. Il y a donc lieu d’affirmer haut et fort le caractère résistant du combat du Colonel Makanika,un sujet Munyamulenge. Il a ce point en commun avec tous les résistants congolais qui se battent pour protéger nos terres de la domination rwandaise. 

À côté de ce côté positif il y a un côté négatif qu’on trouve aussi, à des degrés différents, chez d’autres officiers/commandant de la résistance appartenant à d’autres communautés. C’est le caractère communautaire de son engagement patriotique. Celà fait qu’il soit plus nationaliste congolais,la nation pour lui étant limitée par les traits de caractèristiques culturelles communs liés à sa communauté banyamulenge, que patriote congolais. Dans patriotisme il y a mélange de l’amour de l’humanité et l’attachement à la patrie délimitée par l’Etat,ce qui manque à beaucoup des congolais, plus particulièrement aux membres de certaines communautés congolaises qui se répètent mutuellement et sont toujours prédisposées à se livrer des guerres auto-destrictrices comme c’est en partie le cas dans cette région. 

Ainsi la défection militaires banyanmule est de nature à exacerber les tentions ethniques dans une région extrêmement fragile. Non seulement le Col. Makanika est rentré au macquis pour, dit-on, «protéger sa communauté» contre , semble-t-il, les communautés voisines accusées de coaliser,par l’entremise des groupes armés locaux, avec les groupes rebelles burundais truffés des éléments des forces spéciales rwandaises. 

Dans ces conditions si rien n’est pour conscientiser davantage les armés locaux de ce conflit les violences ethniques risquent de supplanter le noble combat de résistance contre le Rwanda et les rebelles burundais qu’il a créées et soutenus. Les chefs coutumiers, la société civile de Minembwe,Fizi,Baraka…,les organisations culturelles communautaires,les églises locales,les leaders d’opinion ainsi que les différents leaders de la résistance doivent, chaucun à ce qui le concerne,user de son influence pour conscientiser les acteurs armés locaux bembe, Nyindu,fuleru et banyamulenge afin de résister aux tentations des violences ethniques. C’est auto-destrictrice,et l’ennemi est là pour pousser à ce que les communautés poussent s’entr’egorger afin d’atteindre ses objectifs. 

Je lance personnellement un appel vibrant aux chefs des différents groupes armés locaux, aux éléments banyamulenge qui rejoignent le maquis provenant de l’extérieur et des FARDC afin de faire preuve d’un sens élevé du patriotisme. Car l’ennemi n’est pas la communauté voisine mais plutôt les forces étrangères étatiques et non étatiques qu’il s’agit de combattre dans l’unité et la diversité. Malgré l’enclavement de cette zone qui fait que les acteurs sont difficilement accessibles j’espère que notre message va arriver aux concernés d’une manière ou d’une. La paix ,la cohabitation pacifique et la défense de notre pays est une affaire de nous. Chacun doit s’intestir avec ce qu’il a et où qu’il soit pour ne pas permettre aux ennemis de se servir de nos fragilités éthiques pour faire disparaitre cette nation. 

Marcelin CIKWANINE

Patriote-resistant
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