France-Afrique : Paul Kagame utilisé pour détruire ou dévaloriser les organisations africaines.

Introduction

L’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) est agonisante, l’UA (Union Africaine) est dans la confusion et au bord de l’implosion, les ACP( Afrique Caraïbes et Pacifique) sont perplexes ;  tout ça par l’action du dictateur rwandais Paul Kagame ou plutôt les puissances qu’il sert. Et l’on peut se demander à qui le tour car l’offensive est loin de s’estomper.

Pour chasser la canadienne Michaelle Jean de l’Avenue Bosquet (Siège de l’OIF à Paris) pour des motifs non clairs (personnels ?), dans ce dossier les conseillers du président français Emmanuel Macron (qui se trouvent être les lobbies pro-Kagame en France) ont vite fait de lui indiquer qu’il suffisait de demander au dictateur rwandais de présenter une candidature contre la canadienne. Avec le soutien de la France qui serait ostentatoirement annoncé, tous les pays francophones africains (majoritaires au sein de l’OIF) se rangeraient derrière cette candidature de Kagame d’autant plus qu’il est président en exercice de l’UA en 2018 et qu’aucun de ses pays ne pourrait aller contre la volonté de la France au sein de la Francophonie. 

Mais un tel raisonnement n’incluait pas le fait que la France montre clairement que c’est elle( la France) qui choisit la direction de l’OIF. Ceci ouvrirait les yeux aux autres membres non africains de l’OIF que cette organisation n’est en fait qu’un outil colonial des temps modernes aux mains de la France. Quant on pays africains, ce coup allait convaincre même les plus sceptiques que les idéaux affichés de l’OIF à savoir le rayonnement de la langue française, la promotion de la démocratie et de l’état de droit chez ses membres,  n’ont rien avoir avec ce qu’en attend la France : à savoir l’utiliser comme un outil colonial pour ses intérêts occultes. Ainsi les pays comme le Burundi ou le Congo Brazzaville dont les candidats avaient été recalés sous prétexte qu’ils avaient été présentés par des régimes peu démocratiques se poseront la question. Sans parler de la RDC, le pays avec le plus francophones au monde, qui ne peut même pas présenter un candidat pour le même prétexte. De même ceux dont les candidats sont écartés car les pays ne seraient pas assez francophones ou que la langue française y est marginalisée, ouvriront les yeux. 

Ainsi Emmanuel Macron aurait voulu faire voler l’OIF en éclat qu’il ne se serait pas mieux pris.

Quant aux autres organisations africaines ou dans lesquelles les pays africains sont partie prenante, elles commencent à subir les assauts de Paul Kagame et risque d’y laisser des poils. Récemment lors d’une réunion des pays ACP (Afrique-Caraïbes et Pacifique) tenue à Lomé au Togo, la délégation de Paul Kagame a demandé que la candidature de sa ministre Louise Mushikiwabo au poste de Secrétaire Générale de la Francophonie soit mise à l’ordre du jour pour que les ACP soutiennent unanimement cette candidature. La confusion fut totale car certains n’avaient même jamais entendu parler de cette organisation dont on leur demandait de soutenir une candidate à sa direction. De même nous apprenons que Kagame demande (exige) que le soutien de sa ministre pour diriger l’OIF soit inscrit à l’ordre du jour du prochain sommet de l’Union Africaine qui se tiendra en Mauritanie en juillet 2018. Emmanuel Macron a promis à Kagamé d’être présent à Nouakchott pour augmenter la pression sur ses anciennes colonies afin qu’elles soutiennent unanimement sa candidate rwandaise. Les pays membres de l’UA mais non membres de l’OIF s’interrogent déjà sur cette confusion et cet OPA que la France à travers Kagame semble avoir opéré sur l’UA.

La seule réaction digne et logique face à cette main mise de la France d’Emmanuel Macron sur les organisations des états souverains africains mais dont les dirigeants continuent à être choisis à et par Paris serait qu’un certains nombre de gouvernements présentent des candidats pour « challenger » la candidate de Kagame et Macron  car il n’en manque pas des plus compétents et plus représentatifs de la Francophonie que la ressortissante d’un pays ayant banni chez lui le français comme langue d’enseignement,  et alors de faire une campagne ouverte et claire dans la défense des idéaux de l’OIF en vue de l’élection du prochain ou de la prochaine Secrétaire Général(e) de l’OIF à Erevan en Arménie en octobre prochain. Ou alors oser dire clairement qu’ils soutiennent la Secrétaire Générale sortante s’ils n’ont rien à lui reprocher à part la volonté de Paris de la chasser et la remplacer par une favorite du dictateur rwandais Paul Kagame.

Bruxelles, 10 Juin 2018

Emmanuel Neretse