France-Génocide rwandais : Pourquoi le procès Ngenzi-Barahira devrait être le dernier tenu en France.

Par Emmanuel Neretse

Le 02 mai 2018 s’est ouvert à la Cour d’Assises de Paris, le procès en appel des  Messieurs Octavien Ngenzi et Tito Barahira tous deux anciens bourgmestres (maires) d’une commune rurale de l’Est du Rwanda dénommée Kabarondo entre 1978 et 1994. Lors du premier procès devant une Cour d’Assises autrement composée, ils avaient été tous les deux condamnés  en 2014 à la réclusion à perpétuité pour « génocide ». Ils avaient alors interjeté appel estimant que leur procès n’avait pas été équitable et qu’ils avaient été injustement condamnés. Un deuxième procès devant une autre Cour d’ Assises fut donc nécessaire,  et c’est à celui-ci qui prend fin en ce début juillet 2018 après deux mois d’audiences que nous nous intéressons pour partager quelques observations.

Ce qui frappe de prime abord dans ce procès c’est que l’Accusation est fortement représentée : Outre le Parquet avec l’Avocat Général, on trouve des ténors du barreau de Paris pour représenter les ONG occidentales notoirement pro-Kagame comme « Survie », FIDH, LICRA… ; des associations mises sur pied en France par le régime tutsi du FPR de Paul Kagame comme « IBUKA », etc…et surtout le fameux CPCR du désormais célèbre Alain Gauthier.

En face de cet Armada politico-juridique, la défense n’aligne que deux braves avocats « pro-Deo » , donc commis d’office sans honoraires qui se battent comme des lions « bénévolement », sans moyens et à leur risque et péril car même leur carrière est menacée tant les lobbies qu’ils affrontent en défendant ces « indéfendables » sont forts et omniscients. Le contraste est saisissant.

L’autre fait noté dans ce nouveau procès, c’est le changement de la stratégie de l’Accusation. On note avec stupéfaction la démultiplication des témoins à charges qui atteignent le nombre de 70 et plus, et   surtout le changement du statut de ces témoins par rapport au 1° procès : les 3/4 des témoins présentés par l’Accusation se sont portés « parties civiles » , même ceux qui dans le 1°procès étaient seulement des témoins factuels et ils furent incapables d’expliquer ce changement brusque car ils  ignorent ce que signifie ce statut…mais l’Accusation elle, sait !   En transformant presque tous les témoins à charge en parties civiles, l’Accusation voulait désarmer davantage la défense, car pendant les audiences il lui sera demandé de ne pas contre-interroger rudement les soi-disant «rescapés» pour ne pas les blesser et pour la «sérénité des débats». Ce qui fut le cas pendant les deux mois d’audiences. Le reste des témoins à charge sont des condamnés en aveu pour bénéficier de l’allégement des peines infligés. S’ils n’hésitent pas à s’accuser des faits graves qu’ils n’ont pas réellement commis pour survivre et satisfaire les autorités, qu’en est-il quand il faut charger ceux que les mêmes autorités leur désignent et qui étaient haut placés qu’eux-mêmes en 1994 ?

On le voit, l’Accusation et la défense n’étaient pas à armes égales dans ce procès comme d’ailleurs dans le premier. Mais cette fois-ci l’Accusation à poussé le bouchon trop loin jusqu’à friser un scandale judiciaire. Concernant les témoins du contexte et des experts, seuls furent admis ceux  appelés par l’accusation. Comme par hasard ceux-ci se révèleront être des activistes de longue date du régime tutsi de Paul Kagame. Leurs dépostions n’étaient qu’une pierre à ajouter à l’édifice érigé pour  vulgariser les clichés et prêcher des mythes passés dans l’histoire (Akazu, Hutu-Power, Hutu modérés, …). C’est ainsi qu’on y retrouvera les gens comme le pseudo-journaliste- expert J F Dupaquier, Hélène Dumas de L’EHESS et collègue du défunt Sénateur tutsi du FPR José Kagabo  avec  autres «universitaires» engagés comme Stéphane Audoin-Rouzeau ou encore des avocats du FPR depuis le temps du maquis comme Eric Gillet et consort…dont les positions extrêmes sont connues.  Mais on notera avec amertume que ceux appelés par la défense ont été récusés ou découragés car accusés ou soupçonnés d’être favorables à la cause hutu, ou simplement très critiques au régime tutsi de Paul Kagame.

Le dernier point à relever dans ce procès c’est l’omniprésence et l’ombrage d’un certain  Alain Gauthier du CPCR : il se présente tantôt comme président d’une ONG bénévole  qui se voue à la justice, tantôt comme un « Expert du Rwanda » , tantôt comme  « Partie civile » avec son association CPCR, donc victime avec son épouse Daphroza, en évitant d’insister qu’il est le beau-frère de l’actuel Ministre rwandais de la Défense le général James Kabarebe, reconnu par plusieurs justices comme l’un des auteurs de l’attentat terroriste du 6 avril 94 ayant déclenché ce « génocide ». Le général Kabarebe  avait été  cité par la défense mais n’a pas été convoqué par la Cour. Plus ou moins une journée est  réservée à Alain Gauthier pour chacune de ces casquettes. Autrement dit le temps impartie aux plaidoiries lui est consacrée à 80 %. Enfin, il faut souligner que le même Alain Gauthier est apparu comme étant le  rapporteur officieux des audiences  avec son site recommandé au public et donc aux jurés…

Voilà le procès qui se déroule depuis mai 2018 devant une  Cour d’Assises à  Paris et dont on attend le verdict pour vendredi le 06 juillet 2018.

Conclusion : En toute simplicité et selon la logique élémentaire, pareils procès ne devraient pas se tenir en France. Il s’agit d’une perte de temps et d’argent mais aussi de crédibilité et de prestige et une insulte à l’opinion publique dans une démocratie. Autant de  choses que tous les responsables (politiques et judiciaires)  avisés devraient éviter.