Le dossier RUKARARA continue de faire des victimes

Rukarara est le nom d’une centrale hydroélectrique en construction au sud du Rwanda sur la rivière Rukarara un des affluent de la rivière Nyabarongo qui devrait produire plus ou moins 9,5 mégawatts. La construction de ladite centrale hydroélectrique devait prendre 28 mois et coûter environ 16 millons de dollars (16.000.000$). Mais jusqu’à ce jour les travaux sont toujours en cours après 64 mois de travaux et pour atteindre la capacité de 9,5 mégawatts escomptée, il faudra environ 26 millions de dollars!

Le dossier Rukarara est devenu un vrai casse-tête pour le gouvernement rwandais, une commission parlementaire qui a dernièrement essayé d’enquêter sur ce dossier, s’y est cassée les dents sans oublier les intimidations qu’ont fait l’objet certains parlementaires.

Dernièrement le chef de The new times, un journal proche du pouvoir, un certain Joseph Bideri a fait des frais de son enquête sur la corruption dans le dossier Rukarara. Pour la petite histoire, le manager de TNT s’est retrouvé à l’hôpital après un interrogatoire musclé à la station de police de Kicukiro mené par les agents du CID, la Gestapo locale. Avant être poussé à la démission.

Maintenant vient le tour du jeune Gasana Byiringiro, un étudiant en journalisme en troisième année à l’Université Nationale du Rwanda, en stage chez un journal local The chronicles. Il a été arrêté mardi le 16 Juillet et lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 19 Juillet, il a avoué que son plan avait mal tourné après une enquête de la police qui était chargée de se pencher sur son prétendu enlèvement et harcèlement.

Selon les journaux proche du pouvoir dictatorial de Paul Kagame, le jeune étudiant aurait inventé son propre enlèvement à la recherche d’un article. Il a expliqué devant les journalistes dépêchés sur place par les autorités que l’idée était d’écrire un article d’enquête pour son journal ainsi que de tirer les conclusions pour son sujet de recherche académique.

« Ce fut mon plan comme un étudiant en journalisme, je voulais vérifier si cette profession (journalisme) est réalisable au Rwanda ou si c’est vrai que le gouvernement harcèle les journalistes comme il est indiqué dans les rapports internationaux »: aurait dit Gasana Byiringiro, d’après igihe.com.

Gasana Byiringiro après son arrestation

Toujours d’après igihe.com, Dans le cadre de sa recherche, Byiringiro aurait révélé que les prétendues menaces qu’il a reçues sous forme de messages sur son téléphone étaient son œuvre. Il aurait acheté des cartes SIM différentes et il les aurait utilisés pour envoyer des messages à son numéro avant de les transmettre ensuite comme preuve de son harcèlement à Dr Christopher Kayumba, son patron. Selon la police, Byiringiro aurait effectivement utilisé son téléphone pour appeler ses amis pendant la nuit dite d’enlèvement.

Byiringiro avait affirmé que le 15 Juillet, à environ 15 heures, il avait été enlevé dans une Toyota Land Cruiser par quatre agents de sécurité et conduit à Nyamata, dans le district de Bugesera à l’est du pays. Il avait ensuite été détenu pendant la nuit et libéré le lendemain matin après avoir été interrogé.

D’après les amis du journaliste emprisonné et d’autres journalistes dont Nelson Gatsimbazi, le rédacteur en chef du journal Umusingi en exil en Suède, la vérité est tout autre.

James Musoni

Selon eux, le jeune Gasana aurait voulu enquêter sur le dossier Rukarara. Et dans ses investigations, il aurait reçu des informations et même des documents émanant de l’ancien chef des services de renseignements rwandais (NSS) le colonel Docteur Emmanuel Ndahiro. L’ancien barbouze aurait aidé le jeune journaliste pour atteindre son ennemi juré le tout puissant Ministre de l’interieur James Musoni, l’homme à tout faire de l’homme fort de Kigali, le général-président Paul Kagame, le champion anti-corruption d’après Clinton, Blair et compagnie.

Comme James Musoni est le suspect numéro 1 dans cette affaire de corruption, il a été mis au courant par la machine tentaculaire qui entend et voit tout ce qui se passe dans le pays. Comme ils ont essayé de ménacer le jeune homme, ce dernier a cru qu’il vivait dans un pays normal et s’est présenté à la police et il a même écrit une lettre au président de la République.

La fin, vous la connaissez, les hommes de Rurayi (Emmanuel Gasana, le chef de la police) ont poussé le jeune journaliste à donner des confessions selon lesquelles, il aurait inventé tout. Peut-être qu’il y a certains qui ont mordu à l’hameçon, mais ce n’est la première fois qu’on voit ce genre d’aveux au Rwanda.

Marc Matabaro