Intellectuels intègres au chevet d’une République malade

Il y a quelques jours j’écrivis sur Facebook que comme on fait ses « rois » on se courbe. La misère et l’ignorance d’un peuple, l’aliénation sociale et la servitude volontaire ne profitent trop souvent qu’aux « rois et leurs mousquetaires », mais ces derniers oublient que la loi de la nature finisse toujours par s’appliquer aussi à eux. Alors, méditons ces mots du poète et écrivain mexicain Carlos Fuentes qui s’appliquent parfaitement à notre République devenue « paranoïque » présentant les symptômes de la « décadence » : «nous ne sommes venus au monde que pour nous connaître. La terre ne nous est donnée que pour un temps. Vivons donc en paix, vivons ensemble».

Aussi, l’intelligence a été de tout temps le moteur de la volonté des hommes, la conscience en constituant le phare de l’histoire des peuples alors que les valeurs socio-humaines intemporelles régissent normalement les valeurs matérielles temporelles dans la civilisation moderne terrienne.

Non, le temps n’effacera jamais les traces des crimes commis sous la République tout comme il ne pourra jamais tromper la mémoire tant individuelle que collective. Oui, tout au plus, le temps pourra oeuvrer pour le pardon, la tolérance et la réconciliation dans un sens de moralité, d’intégrité et de dignité humaine où ces valeurs positives doivent avoir préséance à la démagogie, à l’aspiration au pouvoir, à la puissance qu’il confère et à la raison d’Ètat.

Le CIRI (Club des intellectuels et intellectuelles rwandais intègres) a donc la mission historique d’apporter un remède salutaire, si amer soit-il, à notre chère République « malade » en proposant une solution durable contre les insuffisances conceptuelles et structurelles de celle-ci : Changer de mentalité. Le réveil du peuple rwandais et l’adaptation à la nouvelle réalité sont impératifs afin d’enrichir notre culture pour construire une Nouvelle Nation exempte de discrimination, de visées hégémoniques et de mensonges d’État.

La réussite de cette mission demande une démarche citoyenne participative à travers une communication courtoise, responsable, vraie, objective et sincère pour que les choses soient présentées telles qu’elles sont et que règne désormais l’harmonie entre le « dire » et « le faire ». Car il est vrai que la déformation commanditée de l’information ou le silence volontaire devant un crime ont leurs implications de responsabilité dans le crime commis et de validation de cette forfaiture.

Aujourd’hui plus que jamais, la liberté d’expression et la confrontation des idées contradictoires constituent l’essence même de (re)dynamisation, de créativité et d’innovation dans un pays. Alors que construire l’avenir en s’enfermant dans la confusion historique s’avère le pire suicide à terme d’un État, d’un Peuple, d’une Nation.

J’encourage mes compatriotes à rejoindre le CIRI pour être au rendez-vous avec l’histoire et avoir la légitime fierté d’écrire le chapitre de l’Histoire positive de notre chère patrie : le Rwanda.

Victor Manege Gakoko