Kinshasa: Des soldats rwandais et rebelles congolais présumés bientôt jugés

Vingt soldats rwandais et dix-huit rebelles congolais présumés doivent être jugés à Kinshasa pour participation au Mouvement insurrectionnel M23, que l’armée combat depuis mai dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé mardi un haut responsable militaire.

Ils sont 38 au total, dont 20 Rwandais confirmés et 18 Congolais et sur les 20, il n’y a pas de doute: ils ont donné des adresses de leurs parents au Rwanda, a assuré le colonel Jean-Paul Mfinda, chef d’Etat-major adjoint des renseignements militaires, en présentant ces prisonniers à la presse.

Ils demandent leur retour au Rwanda. Nous disons non (…) ils doivent répondre de leurs actes, ils ont violé notre territoire, ils ont participé au conflit, et nous devons savoir qui les a envoyés sur notre territoire pour participer au conflit du M23, a ajouté le colonel.

 Ce haut responsable militaire s’exprimait pendant la présentation des suspects, dans les locaux de la Détection militaire des actions antipatriotique (Demiap).

Parmi les 38 hommes figurent cinq mineurs. Aucun document prouvant l’origine de ces prisonniers n’a été montré à la presse. L’officier supérieur a affirmé: certains avaient des documents sur eux, des signes distinctifs, c’est-à-dire une tenue qui n’est pas la nôtre, et il y en avait un qui avait un poste de communication qui ne communique avec aucun poste de chez nous.

Mardi matin, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a annoncé qu’une dizaine de Rwandais avait été arrêtée dans la zone de Kibumba, frontalière du Rwanda, et autour de Goma pendant les combats (…) avant la prise de la ville le 20 novembre par le M23, qui s’est depuis retiré.

M. Mende avait ajouté que ces arrestations étaient une preuve tout à fait éclatante (de l’implication du Rwanda), si on a encore besoin de preuves après le rapport des experts onusiens accusant le Rwanda, ainsi que l’Ouganda, de soutenir les rebelles – ce que réfutent ces deux pays.

Le ministre de l’Intérieur Richard Muyej Mangez, interrogé mardi matin, a de son côté démenti le transfert à Kinshasa de militaires rwandais.

Des gens en tenue civile étaient venus chez nous en nous disant qu’ils allaient nous donner du travail et quand on est arrivé, on a découvert qu’il s’agissait d’un service militaire. Nous avons fui parce que nous ne voulions pas de la guerre, a raconté Claude Bahati, un suspect qui s’est dit rwandais.

D’autres se sont déclarés innocents. J’étais seulement en circulation en ville, on m’a arrêté. On m’a dit qu’on soupçonne que je peux être en train de collaborer avec les rebelles rwandais. Et c’est fini… De Bukavu, on m’a amené à Kinshasa avec 16 autres Congolais, a dit Deogracias Mushi.

Le colonel Mfinda a assuré que ces 38 personnes ne représentaient qu’un échantillon et que d’autres pourraient suivre. Certains sont encore entre les mains de la Monusco, la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC, a-t-il affirmé.

La Monusco ne garde personne, a corrigé le lieutenant-colonel Basse, porte-parole militaire de la Mission. Selon lui, les éléments du M23 appréhendés sont remis au Mécanisme conjoint de vérification, une structure régionale de contrôle de la frontière congolo-rwandaise.

Quant aux soldats étrangers, ils passent par le processus de Désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation (DDRRR), a-t-il précisé.