Kisangani: Cri d’alarme des combattants des FDLR et leurs familles

 

 

 

 

Combattants des FDLR et leurs familles

Cantonnés dans le camp de KISANGANI

Province Orientale

RDC

                                                             À Son Excellence  M. Martin KOBLER,

                                                             Représentant Spécial du Secrétaire Général

                                                             des Nations Unies et Chef de la NONUSCO.

Kisangani, le 28 mai 2015

 

Objet : Cri d’alarme.

 

Excellence M. le Représentant Spécial du Secrétaire-Général de l’ONU,

Nous, les Ex-Combattants FDLR et nos familles, désarmés et cantonnés à Kisangani, avons l’insigne honneur de vous transmettre nos sincères remerciements pour votre sollicitude et votre grande bienveillance envers nous, manifestées à travers vos multiples visites effectuées dans  les sites et camps de cantonnement depuis le début du processus de désarmement volontaire des FDLR.

En effet, il convient de rappeler que nous venons de bénéficier de votre part de six visites dont une à Walungu, deux à Kanyabayonga et trois ici à Kisangani. Et la dernière visite a été de marque car, non seulement nous avons apprécié une fois de plus votre habituel sens du dialogue et de l’écoute, mais aussi celui de trouver des solutions à certaines des préoccupations qui vous ont été soumises.

Nous tenons, par ailleurs, à réitérer nos profonds et vifs remerciements au Gouvernement de la R.DC pour qui nous constituons une charge en tout ce qu’il supporte depuis plus de vingt ans, et plus particulièrement dès notre arrivée à Kisangani jusqu’à date.

Nous nous réjouissons que dans ce processus la MONUSCO ait épaulé le Gouvernement Congolais chaque fois au moment opportun. Grâce à la MONUSCO, nous avons actuellement de l’eau potable et nous avons reçu trois lots de médicaments. En plus, après quatre mois d’une situation alimentaire et nutritionnelle à la limite de l’intenable, nous sommes censés, depuis le 13 Mai 2015, avoir renoué avec le régime de deux repas par jour conformément à votre promesse du 09 Mai 2015.

Malheureusement, force est de constater que la situation ne s’est guère améliorée.

À titre illustratif : ces derniers jours, nous consommons presque exclusivement de la farine de maïs sans autre accompagnement que ce soit en protéine végétale (haricots) ni légumes verts! Ce qui nous fait redouter des conséquences néfastes de cette situation sur la santé des cantonnés en l’occurrence le spectre d’une malnutrition inévitable et imminente qui plane sur les cantonnés et la détérioration de l’état de santé des cas maladifs et autres personnes vulnérables si rien n’est fait à très court terme pour remédier à cette situation.

En outre, nous prenons note de votre suggestion déjà mise en application de mener des interviews individuels auprès des ex-combattants et leurs dépendants dans le but de vous enquérir sur les raisons réelles qui poussent les uns et les autres à ne pas adhérer au processus de rapatriement tel que défini par le DDRRR-MONUSCO. Nous nourrissons l’espoir que les conclusions issues de ces interviews seront exploitées à bon escient et orienteront la Communauté Internationale dans la recherche d’une solution équitable à l’imbroglio rwandais et que personne ne sera plus taxé d' »intimidateur » (ou de quelque autre grief) inhibant le retour des intéressé via DDRRR.

Toutefois, malgré tous les efforts déployés pour alléger nos problèmes, permettez-nous de vous signaler que pas mal de nos préoccupations persistent toujours.

(1) Prise en charge médicale lacunaire:

-Service médical non permanent caractérisé par des irrégularités répétées jusqu’à passer toute une semaine sans présence du personnel soignant suite au manque de CARBURANT pour les déplacements.

-Certains soins médicaux sont inaccessibles à cause du manque de moyens financiers pour régler les factures, notamment : interventions chirurgicales, radiographies, échographies, dentisterie, ophtalmologie.

-Manque de médicaments de spécialité et quelque fois insuffisance des médicaments de base comme c’est le cas aujourd’hui.

(2)Inquiétudes de plus en plus grandissantes quant à notre sécurité.

-Les derniers événements tragiques de Kanyabayonga et Walungu, respectivement dans les camps de cantonnement des FDLR au Nord et au Sud Kivu, corroborent et justifient les inquiétudes naguères évoquées à propos de notre sécurité rapprochée confiée uniquement à des éléments d’une armée belligérante.

-Notre sécurité est menacée en outre par les incursions / infiltrations de l’armée rwandaise en R.D Congo par le fameux MCRC interposé et dont les principales cibles sont les camps des réfugiés Hutu Rwandais ainsi que les camps de cantonnement des ex-combattants FDLR.

Nous réitérons notre appel à la MONUSCO en général et à la SADC en particulier, pour que nos préoccupations en la matière soient prises à bras-le-corps par les deux institutions.

(3) L’exiguïté de l’espace vital qui nous est alloué ne nous permet aucun épanouissement physique, moral, et même culturel. Nous menons en quelque sorte une vie qui s’apparente à celle des prisonniers!

Ajoutez à cela des contraintes morales que sont des menaces verbales de rapatriement forcé, de séparations familiales et d’autres propos tant désobligeants que provocateurs nous traitant de tous les qualificatifs de la part des responsables du camp: génocidaires, voleurs, violeurs …. de ces derniers temps.

Tous comptes faits, bien que nous soyons acculés de vous importuner par nos incessantes préoccupations, NOTRE SOUCI MAJEUR EST DE RENTRER DANS NOTRE CHÈRE PATRIE LE RWANDA EN TOUTE DIGNITÉ ET SÉCURITÉ RASSURÉE c’est à dire APRÈS UNE LARGE OUVERTURE DE l’ ESPACE POLITIQUE AU RWANDA ET L’ ORGANISATION D’ UN DIALOGUE INTER-RWANDAIS FRANC, SINCÈRE ET HAUTEMENT INCLUSIF ENTRE LE REGIME DE KIGALI ET TOUTE SON OPPOSITION.

Ainsi donc, la meilleure aide que la Communauté Internationale puisse nous offrir est celle d’user de toute son influence pour aboutir à ce dialogue. Nous sommes toujours confiants et restons convaincus qu’elle en est capable.

Tout en réitérant nos vifs remerciements ainsi que notre profonde gratitude à votre haute personnalité et, à travers elle, au Gouvernement de la R.D.C, à la SADC et à la NONUSCO, pour tous les services que vous nous rendez et dans l’espoir que ces quelques préoccupations ci-haut mentionnées rencontreront votre habituel assentiment, nous vous prions d’agréer,  M. le Représentant Spécial du Secrétaire-Général des Nations Unies et Chef de la MONUSCO, l’expression de nos sentiments distingués.

Pour les cantonnés

Maj Faustin MUGISHA

( Sé )

C.P.I. à :

–         Son EXCELLENCE M. Joseph KABILA KABANGE,

Président de la R.D.C

–         Son EXCELLENCE M. Ban KI-Moon,

       Secrétaire Général des Nations Unies.

–         Le  Secrétaire Exécutif de la SADC.

–         Le Secrétaire Exécutif de la CIRGL.

–         M. BAMANISA Said, Gouverneur de la Province Orientale

–         Général-Major BYIRINGIRO Victor, Président ai des FDLR