Kivu, le salaire d'un brigandage présidentiel

Peu avant la fin de l’année 2012, il était hyper nerveux, irascible et un peu plus agressif que d’habitude. Il tirait à boulets rouges sur tous ceux qui s’intéressaient au sort du Congo et qui ne partageaient pas son tropisme. Imbu d’arrogance et trahissant un désespoir pathétique, il narguait tout le monde et envoyait promener les émissaires des Nations Unies qui dénonçaient ses appétits coupables dans l’est de la république du Congo. Puis un jour, se sentant épuisé peut-être par la pression de ses amis, il lâcha : « Qu’ils me paient s’ils veulent que je les aide à solutionner les problèmes (que j’ai causés) au Congo ». L’aveu était là. Grave et en une seule phrase claire et ne souffrant d’aucune ambiguïté. « Il », c’est bien entendu le président-général du Rwanda, afande Paul Kagame. Avec tout son méli-mélo idéologique qu’il appelle faussement panaficanisme, le dictateur rwandais a osé réclamé, tel un mercenaire des temps obscurs, une rémunération pour éteindre le feu qui consume la case de son voisin… Tiens donc !

Déjà en Ouganda et en tant que tortionaire-en-chef du régime (sis Basiima House), monsieur gagnait grassement sa vie. Tout au long de la guerre de « libération », il a plus libéré des biens (meubles et immeubles) que de vies humaines. Il n’était pas de la Croix-Rouge nous expliquera-t-on plus tard. C’est le fameux kubohoza qui l’a vu se hisser du rang de simple major à celui d’un parvenu milliardaire à la tête d’un hydre financier appelé Tristar. Une fois maître de Kigali, il s’est mis à dos tous les argentiers du Front patriotique rwandais, un mouvement grâce auquel il a mené et remporté sa guerre. Valens Kajeguhakwa, Kalisa (BCDI), Tribert Rujugiro, Miko Rwayitare et bien d’autres fortunes rwandaises ont vu leurs bourses passer sous les fourches caudines d’afande Kagame ; ce dernier prit ensuite soin de les accuser de tous les délits et de les exiler sous des cieux où ils ne poseront pas de problème à l’avarice présidentielle. Aujourd’hui, ce propriétaire de deux jets privés toucherait (selon un de ses ex-premier ministre) un salaire mensuel de 30 mille dollars et peut s’offrir le luxe d’une chambre d’hôtel à 16 mille dollars pendant que les instituteurs de son pays attendent le paiement de leurs arriérés… Pourquoi donc demeure-t-il si insatiable ?

Lorsqu’avec emphase il emprunte le concept d’agaciro à la culture rwandaise, tout le monde a voulu croire à un revirement idéologique salutaire. Jusque-là, à part ses joutes belliqueuses et son langage extrêmement grossier, aucun Rwandais ne lui trouvait de dignité. Kwihesha agaciro, ne cesse-t-il (depuis) de clamer. Dans la pure tradition rwandaise, cela signifierait, pour le cas de nos voisins, de leur manifester une empathie vraie qui irait jusqu’à leur prêter main forte (kubaha umuganda) dans cette période difficile que traverse leur nation. C’est cela la dignité. Et eux, s’ils se sentent à la hauteur, viendront, après la dureté de l’épreuve, dire « merci ». Eh bien, non ! Kagame ne l’a jamais entendu de cette façon. Pour lui, rien ne l’empêche de piller là où d’autres l’ont fait (ou le font) ; pour lui, les problèmes du Congo c’est les autres, pas lui ; pour lui, le bon voisinage se résume à un rapport de force dans lequel il est le rapace qui harcèle, menace et s’en prend continuellement aux plus faibles de son entourage. Voilà sa dignité. Pur brigandage. Hier chantage, aujourd’hui pillage.

Et dire qu’il est entouré par des conseillers « gros » calibre tels l’inénarrable Tony Blair et l’ex-amant de Monica Lewinsky… A la tête des fondations qui font trop de bruit, l’un et l’autre bernent le monde entier en se disant promoteurs de la bonne gouvernance et de la démocratie. La vérité est qu’à part les bonnes consciences qu’ils se donnent (et les poches qu’ils se remplissent), ils sont là pour veiller au grain des autres. Ceux-là mêmes qui laissent leur « ami » envahir le Congo, ceux-là qui n’arrêtent pas de programmer le démembrement de ce géant qu’ils veulent ingouvernable. Leur plan a jadis échoué au Nigéria avec l’épisode Biafra, ils veulent remettre ça avec le Congo en donnant à leur procurateur Kagame le Kivu en salaire pour service rendus (ou à rendre). Après tout, entend-on dire, si la Yougoslavie a été dépecée, pourquoi pas le Congo ? Et moi d’ajouter : tant qu’on y est, pourquoi pas la Belgique ou la Suisse (blasphème), non, l’Afrique du Sud ? Il s’agit là des pays, certes stables, mais dont les composantes peuvent être montées les unes contres les autres style ex-Yougoslavie. Que dieu nous en garde ici et ailleurs.

Qu’ils me paient donc s’ils veulent que je les aide… De ce salaire que même Judas n’aurait accepté. Par le passé, l’enfant gâté a obtenu tout ce qu’il voulait, habile qu’il était à faire chanter ceux qui n’ont pas su arrêter un génocide qu’il avait pourtant déclenché en assassinant deux présidents en exercice. Obtiendra-t-il demain, sur la tête des millions qu’il a fait périr, le Kivu en récompense ? En écrivant que « Le monde politique est une jungle », Jacques Chirac ne croyait pas si bien dire. Il serait actif aujourd’hui qu’il dirait de Kagame cette phrase de Montesquieu : « Souvent les gens perdent leur fortune par ambition et se ruinent par avarice. » Ou celle-ci de Quino : « Le problème avec la folie des grandeurs, c’est qu’on ne sait pas où finit la grandeur et où commence la folie. ».

Cecil Kami

1 COMMENT

  1. Wow, tu es excellent mon frere, tu ose dire la verite a ce tyrant que nos ancentres te protege. Tout ce que tu dis est vrai

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