Le sort du régime de Paul Kagame serait-il suspendu aux élections en RDC ?

Depuis que le compte à rebours a commencé pour les élections du 23 décembre prochain devant notamment désigner le successeur de Joseph Kabila à la tête de la République Démocratique du Congo, il est symptomatique de constater que cette issue préoccupe plus à Kigali, Bruxelles, Londres et Washington qu’ à Kinshasa même. En clair le choix du successeur de Joseph Kabila préoccupe plus des puissances étrangères que les Congolais eux-mêmes.

Pour essayer de comprendre ce paradoxe, l’on se souviendra que Joseph Kabila, comme Paul Kagame, ont été installés au pouvoir dans leurs pays respectifs par les mêmes puissances. Autrement dit, ils sont « l’œuvre du même créateur ». Or, par concours de circonstances, Joseph Kabila devait être lâché par ces créateurs, ce qui fut fait à grand coups de publicité. Comme l’autre créature qu’est Paul Kagame reste en ligne, il est nécessaire et vital de s’assurer que le tombeur de Kabila continuera à servir ces puissances notamment en défendant les intérêts de Paul Kagame en RDC comme son prédécesseur l’a toujours fait. C’est sur ce choix que les décideurs et/ou analystes de Kigali, Bruxelles, Londres et Washington passent des nuits blanches.

Les Jokers comme carte de rechange 

Ces puissances ont vite fait de dévoiler leurs jokers pour la succession de Joseph Kabila, mais elles ne sont pas rassurées quant à l’issue heureuse de leur pari.

Ni le richissime Moise Katumbi ni  l’héritier naturel Félix Tshisekedi ne rassurent. D’abord rien ne dit que l’un des deux peut gagner les élections à un tour face à un candidat de la Majorité Présidentielle actuelle avec sa machine électorale bien huilée. A moins que la MONUSCO, qui assurera la logistique, donne un coup de pousse dans l’acheminement des urnes bourrées ou l’abandon d’autres jugées mal remplies ! Ensuite ni Moise Katumbi ni Félix Tshisekedi, personne des deux ne semble avoir une marge de manœuvre suffisante pour affronter l’opinion publique congolaise lassée et longtemps humiliée par la main mise des Tutsi de Paul Kagame sur l’appareil sécuritaire de l’Etat congolais, comme sa surreprésentation en poids politique sous Joseph Kabila.

Le dauphin de Joseph Kabila

La Majorité Présidentielle ou Joseph Kabila lui-même tardent à désigner celui des leurs qui se présentera en décembre 2018. C’est avec intérêt et méticulosité que ces puissances scrutent le moindre signe pour déceler qui est le dauphin. D’abord pour déclencher une offensive médiatique pour le démolir s’il y a lieu mais aussi et surtout pour étudier s’il serait en mesure de sauvegarder les intérêts des Tutsi de Paul Kagame et donc de ces puissances en RDC comme l’a fait Joseph Kabila.

L’oiseau rare n’est pas encore déniché mais ça ne va pas tarder, conformément au calendrier électoral. On assistera alors à une course effrénée pour, soit le diaboliser à travers les médis et les ONG occidentaux, soit le courtiser pour qu’il s’engage, une fois élu, à continuer à servir Kagame et donc les puissances qui le soutiennent en RDC.

Et dans tout ça, l’intérêt de la population congolaise passera au second plan ou ne sera évoqué que pour amuser la galerie. Ainsi va l’Afrique des Grands Lacs depuis 1994.

Bruxelles, le 02 avril 2018
Emmanuel Neretse