La FIDH se ravise-t-elle au sujet de Paul Kagame?

En plus, on n’a pas le temps de faire ce genre de chose, il faut d’abord chercher à gagner sa croûte, se reposer et puis aller se trémousser le week-end. Il faut vivre un peu n’est-ce pas ? Quand on a fini toutes ces activités, on peut donc s’exprimer en lisant les débilités colonialistes ou anticolonialistes de Survie sur le Rwanda et écouter les apôtres du « développement » du Rwanda nouvellement convertis dire : oui c’est vrai, cela fait plus de vingt ans que Kagame est au pouvoir, je sais qu’il n’y a pas trop de liberté là-bas mais, euh, euh, son pays est mieux que d’autres. Et les droits humains ? D’accord, on dit qu’il fait massacrer les Congolais mais quand-même, j’étais au Rwanda et j’ai vu que le pays se développe, c’est vrai que ses opposants sont assassinés même à l’étranger mais je suis quand-même impressionné par euh, euh, par la façon dont le pays est développé quoi…

Que peut-on faire avec de tels arguments ?

Je confesse que face à un tel niveau de sous-culture du « développement » de l’Afrique, un tel degré d’ignorance et d’insanité, il est préférable de se taire et de regarder pitoyablement votre interlocuteur qui ne comprend rien. Mais ne lui dites pas qu’il ne comprend rien, il va vous prendre pour un prétentieux, un arrogant et ça peut dégénérer. Comprenez-le, il est fasciné par la délinquance ou la criminalité organisée au milieu de l’incompétence ou de la médiocrité d’autres dirigeants africains. Le Rwanda c’est son lot de consolation. Soyez indulgent, il n’est pas méchant. C’est un fieffé désespéré face à la dégradation des autres pays africains. Comme il est perdu, un peu déprimé parfois trouillard mais bavard, il se contente et se satisfait de ce qu’on lui apprend dans certains médias au sujet de Rwanda. Il arrive aussi qu’il se gave stupidement de la propagande de Survie qui lutte beaucoup, parfois trop, pour l’Afrique à la place des Africains.

Comprenez ces gens et ne leur en voulez pas. Un jour viendra où ils comprendront – ou ne comprendront pas – parce qu’ils ne lisent pas, parce qu’ils ne cherchent pas, parce qu’ils ont peur, parce qu’ils sont fatigués, parce que tout ça est trop fatiguant. Pour les réveiller ou les fatiguer davantage, il peuvent lire le rapport de la FIDH sur « LA DÉMOCRATIE MISE SOUS TUTELLE AU RWANDA COMMENT LE FPR PÉRENNISE SA CONFISCATION DU POUVOIR ET L’ACCAPAREMENT DES RICHESSES ».

Je n’ai pas beaucoup d’estime pour cette organisation parce qu’elle fut parmi les premières à soutenir l’action du FPR en 1993, à distiller de fausses informations sur la situation politique du Rwanda. Elle a célébré l’arrivée du FPR au pouvoir et magnifié ses méthodes expéditives et contestables de « justice populaire » à travers les « Gacaca ». Elle s’est extasiée sur le traitement réservé aux membres du gouvernement intérimaire et aux officiers supérieurs de l’armée rwandaise qu’elle accusait d’être des « génocidaires », avant même qu’ils soient jugés et pour nombre d’entre eux, acquittés. Elle n’a pas une seule fois reconnu qu’elle s’était trompée ou qu’elle n’avait pas défendu la justice. Aujourd’hui, elle dit que le régime qu’elle avait acclamé hier n’est plus acceptable. Elle a mis 20 ans à le comprendre. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, comme je ne suis pas borné et sectaire, je dis que tout le monde peut se tromper et moi le premier, à condition de l’admettre. Malgré mes réserves d’hier sur la FIDH, je fais quand-même la pub de son rapport sans attendre un instant qu’elle en fasse de même pour mon travail.

Charles Onana
Facebook  10/08/2017