« Lui l’ancien taiseux, le timide, sans doute excédé par tout ce quil avait vécu et vu, se lâche et entreprend de mettre à nu le système FPR, dans un pays les États Unis, considéré comme stratégique pour sa survie. On le met en garde; il passe outre et franchit la fameuse ligne rouge. » Albert Bizindoli

Merci cher Albert de résumer les circonstances du calvaire munyakazien, aprè l’avoir bien décrit à l’aide de ses sensibilités politiques et son extrême prudence dans tous ses choix, guide par son passé d’homme prudent, intelligent et intègre, point n’est besoin de revenir à son chemin de Croix qui l’a amené à passer plus ou moins 5 ans de prison ferme et gratuite, mais plutôt à considérer sa sortie. Il s’en sort grâce à un concours de circonstances, le moins espéré, quand , sous l’insistance de la Croix Rouge, les prisonniers supposés être génocidaires à l’époque, furent transférés de fait vers leurs préfectures d’origine. A cause de cet élément imprévu, Léopold Munyakazi fut transféré de Rilima à Gitarama. Cette simple operation fut à elle seule un premier déclencheur de l’aspiration à la libération. N’ayant pas fait d’objet d’aucun témoignage à charge, les autorités pénitentières, et plus tard administratives l’élargirent sous certaines conditions, dont notamment se présenter régulièrement, suivant un certain calendrier,, devant les autorités de Secteur et de la Commune.

Monsieur Léopold Munyakazi a toujours satisfait ces conditions jusqu’à sa demande dune permission pour assister à un Forum de Professeurs de Français tenu à l’Etat de Georgie aux Etats-Unis. Il obtint que le visa pour entrer aux Etats-Unis fut apposé dans son passeport, obtenu des autorités de l’Emigration et Immigration rwandaises. Une première conséquence à cette disposition, c’est que les autorités rwandaises reconnaissaient que Monsieur Munyakazi était apte à utiliser son passeport pour sortir et rentrer dans son pays. Légalement il n’y avait rien qui lui interdisait de jouir de ses libertés citoyennes.

C’est durant ce même séjour aux Etats-Unis qu’il apprit qu’une certaine liste de gens rechercés par l’Etat était en circulation, et quelques-uns de ceux-là étaient déjà arrêtés et incarcérés, Munyakazi était sur cette liste, Pofitant de ce qu’il était hors d’atteinte, pour garder l’avantage de la distance, et en même temps pour déclencher une demande d’asile politique, il introduit son dossier de demande d’exil. Jusque-là les événements suivaient leur cours, jusqu’au moment où il commença à irriter en parlant des problèmes des Droits de l’Homme et de la Démocratie au Rwanda. D’aucuns peuvent lui reprocher d’avoir enclenché cette manoeuvre avant de s’être assuré de la suite de sa demande d’exil. Effectivement deux choses étaient à prévoir: soit le Gouvernement des Etats-Unis pouvait apprécier sa demande en tenant compte de la violation des droits de l’Homme en cours au Rwanda; ou encore sacrifier un individu sur la table des relations bilatérales entre les Américains et le Rwanda. C’est cette deuxième possibilité qui a été privilégiée d’autant plus que le litige évoqué avait une porté mondiale, à savoir le génocide,; et que d’autre part le Rwanda pouvait brandir le fait que Munyakazi n’était pas toujours lavé de tout soupçon.

Alors face à ce dilemme, ce que Monsieur Albert Bizindoli qualifie de « mettre à nu le système FPR » et que par ailleurs, Monsieur Munyakazi s’est vite fié à une comprehension d’un pays démocratique face une pratique non démocratique en s y leurrant en quelque sorte. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, fut sa conference à l’Université de Delaware,et quelques mois plus tard, à son college d’affectation. En effet, sa conference à Dalawere a été réduite à un seul concept: la denegation du genocide, en l’opposant à une guerre fratricide. Quiconque connait la politique des autorités rwandaises sous Kagame, sait automatiquement que le génocide est le pillier central de tout l’édifice du FPR. Toute son autorité ne repose que là: les tueries, les assassinats, la spoliation des biens, l’injustice,la ségregation ethnique sur tous les niveaux découlent de là et n’existent que grùce à cela.

Dès lors l’on comprend mieux aujourd’hui que ce que Munyakazi voulait user pour sa défense s’est complètement retourné contre lui, non pas qu’il avait tort de dire ce qu’il avai dit, mais tout simplement que le moment ne s’y prêtait pas, et que conséquement sa candidature à l’exil a été gelée tout ce temps jusqu’ à la deportation dans le cadre des lois américaines en matière d’émigration.

Pour conclure: aux yeux des autorités rwandaises et leurs cibles, Léopold Munyakazi a été extradé sous l’accusation du génocide, et je réponds tout de suite archi-faux; il a été extradé parce que, selon la loi américaine, il avait excédé le temps normal de séjour acceptable pour quiconque n’a pas obtenu asile dans ce pays. Tout simplement quand quelqu’un se trouve dans cette situation, il est arrêté, transféré dans plusieurs centres de détention avant de le faire attérir, à bord d’un jet américain dans son pays d’orogine.

Dans le cas précis du Dr. Léopold Munyakazi, le Rwanda s’est toujours tenu aux aguets, suivant de près cette évolution du dossier de la demande d’asile, et quand le dénouement final est arrivé, les autorités rwandaises ont savamment récupéré une action légale pour une mise en scène, notamment en y mêlant le genocide, sachant que. pour l’avoir longuement médiatisé notamment par les hautes autorités du Pays en l’occurence la Ministre des Affaires Etrangères et de la Cooperation Internationale,ainsi que certains individus places à différents postes du pouvoir et de facto très influents, dont un certain Tom Ndahiro, il leur sera facile de prouver qu’ils viennent de pêcher un gros poisson de la mer du genocide. Encore une fois je leur rétorque qu’ils trompent l’opinion publique en essayant d’enfumer toute cette histoire de leur rhétorique de génocide en même temps qu’is mettent toutes les batteries en branle pour convaincre même ceux qui ne les croient plus, faisant croire qu’ils continuent à rester forts, alors que la lecture de l’Histoire prouve le contraire: continue de pointer du doigt une machine qui s’enlise de plus en plus. Ce n’est qu’une question de temps. Qui sait d’ici là , Dr. Munyakazi Léopold aura tenu. Nos prières vont avec lui ainsi qu’à sa famille.

Emmanuel Senga