Le Fond de Développement Agaciro : Fruit de l’hypocrisie pharisienne.

L’objectif fixé pour le Fond de Développement Agaciro est de 640 milliards FRW (plus d’un milliard de dollars) est exactement le même montant que pour les recettes fiscales budgétées pour l’année fiscale 2012-2013 qui, elles, s’élèvent à 641 232 520 014FRW[2] soit 46% du budget. Le budget 2012-2013 est de 1 385 285 035 860FRW. Simple coïncidence ou double imposition du contribuable rwandais puisque les recettes du fond Agaciro ne remplacent pas les recettes fiscales prévues? Cap sur une double imposition qui ne dit pas son nom.

Employés d’une institution qui offrent la totalité de leur salaire mensuelle (Le ministère des Finances a extorqué plus d’un milliard de Frw a ses employés. La Province de l’Est (2.2millions d’habitants) en a pour 3 milliard de frw, des entreprises qui font le « pledge » d’ un montant égal à leur impôt sur revenu, toute une machine mise en place pour que le fond de développement Agaciro, lancée en grandes pompes le 23 août 2012 par le Président Kagame en personne, double les revenues fiscales de l’état rwandais.

Pour réunir les 640 milliard de FRW, il faudrait que chacun des 12 millions d’habitants sorte de sa poche plus de 53,000FRW, soit environ 87$.

Un objectif (date d’échéance non fixée : objectif annuel ou s’étendant sur le temps restant pour l’objectif 2020?) irréalisable pour une population dont la majorité vit avec moins d’un dollar par jour. Alors comment se rapprocher de l’objectif fixé au Fond de Développement Agaciro? Comme le commun des mortels rwandais ne peuvent s’acquitter de 53.000FRW, se sont les contribuables (particuliers et entreprises) qui vont payer la note.

D’où une double imposition qui ne dit pas son nom d’autant plus que c’est le même contribuable qui va devoir-devoir, le mot est faible- renflouer à la fois les caisses de la RRA et du FDA.

Un analyste naïf dira que objectif sera atteint notamment grâce à la contribution de la diaspora rwandaise qui est d’ailleurs à l’origine du FDA. Les estimations les plus optimistes montrent pourtant que la diaspora rwandaise ne pourra pas contribuer au FDA qu’à la hauteur de moins de 1%, c’est-à-dire 10,5 millions de dollars.

Il est à noter que dans d’autres initiatives du même genre pourtant attribuées à la diaspora rwandaise, il s’est avéré que c’est plutôt de l’intérieur du pays que vient la quasi-totalité des montants réunis. Lors de la campagne d’un dollar (One Dollar Campaign Project) qui avait pour objet de construire des logements aux orphelins du génocide, moins de 5% des revenus sont venus de l’extérieur, de même que pour la dernière campagne du genre, Bye Bye Nyakatsi Project qui visait à éradiquer les maisons en paille. Là aussi, moins de 5% des recettes ont été réunies au sein de la diaspora alors que les deux initiatives, tout comme celle à l’origine du FDA, sont réputées venir de la diaspora rwandaise. Fin octobre 2011, le projet One Dollar Campaign avait réuni 1 045 744 988 (environ 1,7million de dollars). De ce montant, la diaspora rwandaise n’avait contribué qu’à moins de 6% (moins de 100,000$). Le coût total du projet à l’origine du « One Dollar Campaign est de 5 milliards de frw.

Quant au projet « Bye Nyakatsi » devait coûter 2.5 milliard de frw, la diaspora rwandaise n’en a déboursé que moins de 2%!

Toutes proportions gardées, l’on en arrive au constat que la diaspora rwandaise ne pourra réunir 1% du montant aussi élevé fixé comme objectif du FDA.

L’on pourrait dès lors se demander si c’est effectivement la diaspora rwandaise qui met un fardeau sur le contribuable rwandais de l’intérieur en lui créant des initiatives coûteuses auxquelles la même diaspora ne contribue qu’à titre très symbolique. Un mensonge grossier pour le gouvernement de se laver les mains devant des projets aussi impopulaire, prétendant qu’il n’en est pas l’initiateur mais simple bénéficiaire? Simple bénéficiaire ou vrai initiateur, c’est du pareil au même pour la première victime de cette supercherie, le rwandais exsangue et pas dupe. La seconde victime est surement l’Office rwandais des Recettes qui, au moment où il peine à inculquer la culture de l’impôt et des taxes, Agaciro lui met les bâtons dans les roues en collectant des recettes non fiscales auprès du même contribuable déjà surtaxé.

S’il est vrai que c’est la diaspora qui est à l’origine de cette initiative dont elle savait fort bien qu’elle ne contribuera même pas à 1%, laissant au rwandais de l’intérieur de porter le reste du fardeau, la diaspora rwandaise se fait l’incarnation de ceux que Jésus a dit : «Malheur à vous, parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et que vous ne touchez pas vous-mêmes de l’un de vos doigts. »

Si par contre le gouvernement du Rwanda a instrumentalisé la diaspora pour sucer son peuple jusqu’à la moelle épinière pour ensuite s’en laver les mains et dire que c’est une initiative non gouvernementale, le même gouvernement incarne ceux que le Christ a dit : « Malheur à vous hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis: au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d’ossements de morts et de toute pourriture ; vous de même, au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l’apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. »

Philibert Muzima

1 COMMENT

  1. Je ne vous le fais pas dire.
    Personne n’ignore que trop d’impôts tue l’impôt d’une part et que d’autre part l’entreprise privée est bien meilleure gestionnaire que l’état.
    On s’attendrait à ce que un pays qui vient de privatiser banques industries et autres télécommunications soit acquis à ces principes. Au lieu de cela on crée au dépens des initiatives privées un fonds public dont la gestion n’offre aucune garantie ni de rigueur ni de transparence.
    Mais ce n’était que prévisible: un client en difficultés qui doit déjà des milliards à une banque peut à peu près tout exiger de celle-ci, y compris de nouveaux crédits pour sauver les fonds perdus. Plus la banque est vulnérable, moins elle a d’options. Chacune des entités économiques spoliées peut survivre pour prospérer une autre année, mais aucune n’était assurée de pouvoir résister à l’ostracisme de rétorsion et autres brimades odieuses et/ou mafieuses érigées en mode d’administration !

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