«Le génocide des Tutsi au Rwanda est un fantastique business». Interview imaginaire et humoristique de Guillaume Ancel

L’interview ci-après est imaginaire. Elle est supposée avoir a été réalisée à Paris le 1er avril 2019 sous forme humoristique. En effet, le 1er avril est par excellence le jour réservé à l’humour en Belgique comme en France !

Guillaume Ancel fait partie de ces personnages que l’histoire aurait pu oublier. Son nom aurait dû rester parmi ceux des inconnus, des obscurs. Anonyme témoin dont le souvenir cède la place à la mémoire de la tragédie rwandaise, il n’était pas prévu au générique, sauf comme figurant au milieu d’autres figurants.

Mais Guillaume Ancel est de ceux qui choisissent leur destin, un homme comme il y en a peu.

Avec toute la simplicité de ceux qui ont conscience de ce qu’ils valent, il a accepté de répondre aux questions du quotidien, le Télégramme de l’Idaho et de son correspondant à Paris, selon les modalités de l’interview imaginaire, chère au Canard Enchaîné.

T.I.: Guillaume Ancel, certains de vos admirateurs disent que vous êtes « une conscience de l’humanité« . Que pensez-vous de cela?

G.A: Cela m’évoque le fameux mot de Daladier rentrant de la conférence de Munich: «Ah, les cons, s’ils savaient ».

T.I.: Euh…Pouvez-vous expliciter?

G.A: Oh, pour être franc, comme conscience, j’ai surtout celle d’occuper le devant de la scène. Et ce n’est pas facile, croyez-moi: je dois sortir un scoop presque chaque semaine, si je veux tenir mon rang de pasionaria tiers-mondiste. Du coup, je bricole, j’allonge la sauce, je mitonne. Un peu comme si je vous servais un homard thermidor à base de crevettes surgelées arrivées par container de Malaisie. Sur la carte, ça peut faire joli, mais si le Michelin me donnait trois macarons, ce serait un parfait canular, vous ne croyez pas ?
T.I.: Vous tenez absolument à la métaphore culinaire ? Pourtant vous les avez vos trois macarons : vous êtes omniprésent dans les médias français.

G.A: Bien sûr, je sers la soupe de Kigali, je suis le petit marmiton de Kagame. Si après ça, je n’ai pas le droit de parler tambouille. Malgré tout, que la bouffe type lasagnes Spanghero que je sers aux médias plaise autant … alors là cela dépasse tout ce que je pouvais imaginer !

T.I.: L’engouement des médias à votre égard nous y reviendrons. Mais Munich, pourquoi Munich ?

G.A: C’est évident. À Munich, on a bradé nos idéaux pour avoir la paix. Moi, je brade mon honneur, j’accuse les dirigeants français de l’époque des pires crimes, et même mes frères d’armes, pour avoir une certaine notoriété. C’est un peu semblable, non? Sans compter que la France de Macron après celle de Sarkozy fait pareil en essayant de se réconcilier avec le boucher des Grands Lacs qui, lui, a tout compris : pour que l’enquête française ne démontre pas qu’il est le commanditaire de l’attentat, il fait un énorme chantage au génocide. Donc, vous comprendrez que ceux qui relaient dans les médias et ceux qui applaudissent sont vraiment des imbéciles. Ce n’est pas parce qu’ils me font vivre que je ne m’en aperçois pas.

T.I.: Donc, vous êtes un escroc dans votre genre ?

G.A: N’exagérons pas. Je suis une sorte d’artiste, en fait. C’est un travail à plein temps, vous savez. Il faut énormément de culot, d’imagination et de talent pour les trémolos, pour faire frémir les buses qui vous écoutent,  sinon, vous végétez. Avec tout ce qu’il y a sur youtube et les réseaux sociaux, il faut un véritable génie dans le bidonnage pour durer. Et moi, je suis là depuis 2014, tout de même. 5 ans à enfumer tout le monde… Vous vous rendez compte ?

T.I.: C’est vrai que vous êtes apparu dans le paysage médiatique en Avril 2014, 20 ans après votre intervention au sein de Turquoise ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

G.A : Excellente question. Il ne vous a pas échappé que ma première apparition médiatique c’était dans « La Nouvelle revue d’Artillerie » de Décembre 1994 : aucune critique sur la politique française, à l’opposé de tout ce que je raconte maintenant.

T.I.: Vraiment ?

G.A : Bien sûr, vérifiez. Tenez regardez.

T.I.: Effectivement… C’est le contraire de ce que vous racontez aujourd’hui
G.A. Et si vous prenez mon rapport de fin de mission, c’est encore plus énorme. Je démens par avance tout ce que je peux dire aujourd’hui. J’explique que le FPR était en train d’attaquer Turquoise alors qu’aujourd’hui, je fais mine de me scandaliser qu’on n’ait pas joué à Médecins du Monde.

ancel_rapport de fin de mission [texte intégral]

Extrait Ancel rapport de fin de mission

T.I.: Pourquoi ce revirement ?

G.A : Quand je disais la vérité, on me voyait comme un lèche-cul ordinaire bien propre sur moi. Mon uniforme était toujours bien repassé, j’étais souriant et affable avec la hiérarchie mais personne ne me remarquait

D’ailleurs, quand on a demandé en Avril 2014 qui j’étais à Lafourcade, il ne se rappelait pas de moi… Et pour cause, j’étais inexistant durant l’Opération Turquoise : comme une grenouille au fond d’un puits. Je n’ai rien vu, rien compris… Lafourcade croyait que je bossais au mess des officiers ou que je faisais le guide touristique pour les ONG. Un vrai désastre. J’aurais fini lieutenant colonel, si j’avais gardé cette attitude. Mais depuis que je vends ma nouvelle soupe après avoir craché dans l’ancienne, tout le monde sait qui je suis. Rendez-vous compte, tous les gradés de Turquoise connaissent mon nom, maintenant que je les accuse de complicité de génocide.

T.I.: Qu’est-ce qui a déclenché cette vocation ?

G – A : C’est la célébrité médiatique du juge Trevidic : Il n’a jamais résolu aucune affaire qu’il a eu à traiter. Une de ses énormes gaffes a même envoyé à la mort un de ses témoins, Gafirita. Pourtant c’était devenu une  idole « à la française », on ne voyait plus que lui dans les médias.

Je me suis posé la question : « Mais qu’est-ce qui lui vaut cette notoriété médiatique, à ce petit juge ? »

T.I.: Et c’est ?

G-A : Le marketing. Le génocide des Tutsi au Rwanda est un fantastique business. Cinquante à quatre-vingts ans de rentes, au minimum. Deux conditions : D’abord, il faut que vous bidonniez complètement, que vous expliquiez que c’est les bons contre les méchants et que Kagame est un héros qui a sauvé les Tutsi de l’intérieur.  Même s’il n’en avait rien à foutre, tout le démontre, c’est le pouvoir qui l’intéressait… Et comme dit celui que j’appelle Filip Crétin (Filip Reyntjens), c’est le plus grand criminel de guerre vivant qui a massacré à tour de bras les Hutu du Rwanda puis ensuite en RDC… Il suffit de lire le document top secret du TPIR du 1er octobre 2003 et le rapport Mapping : des flots de sang et  de crimes contre l’humanité… Heureusement, personne n’en dit mot en France…

T.I : Et l’autre condition ?

G-A : Accuser grossièrement tout contradicteur de « négation du génocide des Tutsi » et de « complicité avec les génocidaires ». Avec ça, on peut tout se permettre… Regardez ce que je mets à Bloody River (Judi Rever) ! Et, on peut bidonner encore plus en se donnant le beau rôle. Ni Rever, ni Péan, Ni Reyntjens, ni personne en fait, ne nie le génocide des Tutsi. Essayez de trouver un type qui nie le génocide en question ? Mais il suffit de dire qu’ils le font, et ça marche.

T.I : Mais c’est vraiment tordu !

G – A : Bien sûr, mais en 25 ans, on est même arrivé à faire croire que critiquer Kagamé et l’action criminelle du FPR pendant et après la guerre, c’était nier le génocide…

T.I.: Vous insultez aussi, il me semble ?

G-A : Ah, ça, c’est mon complexe d’infériorité. Dès que je me sens coincé, j’insulte : Filip Reynjens je l’appelle Filip Crétin, Michel Robardey,  c’est Michel Jobardey, Jacques Hogard, c’est Bob Hogard, Judi Rever, c’est Bloody River.

T.I.: Mais quel rapport avec le juge Trevidic ?

G-A : Alors vous les anglo – saxons vous êtes un peu durs à la détente. Trevidic est devenu un héros à partir du moment où il est allé soi-disant « enquêter librement » à Kigali avec l’aval de Paul (NDLR : Kagame), alors que Paul avait jusque là refusé toute enquête internationale et qu’il faisait assassiner tous ceux qui voulaient témoigner devant la justice française.
Vous imaginez Trevidic, enquêter librement à Racca après le Bataclan et accueilli les bras ouverts par les dirigeants de Daesh ? Personne n’aurait gobé une histoire aussi idiote.

Eh bien, c’est ce qui s’est passé avec l’expertise  « scientifique » de Trevidic – Poux à Kigali. Excusez-moi, mais c’est plus fort que moi, quand j’entends expertise  « scientifique » et Trevidic, je pouffe …

T.I.: Pourriez-vous être plus précis ?

G-A : Que vous êtes lourd… Vous n’avez donc pas compris qu’il fallait que l’expertise Trevidic – Poux colle au rapport Mutsinzi pour blanchir Paul. La justice « indépendante » française pilotée par Sarkozy l’avait décidé. Mais ce rapport d’expertise fera rigoler des générations de juristes et même d’apprentis juristes tellement c’est bidonné.

T.I.: Ainsi donc c’est le déclic pour votre vocation de « conscience de l’humanité »?

G-A : Tout à fait. Trevidic était devenu un héros médiatique avec une expertise bidonnée : c’est là que j’ai eu ma révélation. Je me suis dit pourquoi pas moi ?

J’étais sûr que le Rwanda était un sujet très porteur : il me suffisait de trouver mon positionnement. En 2014 j’ai été lancé par de Vulpian, une prétentieuse pas très futée qui n’a pas compris grand chose au film … mais c’est à France Culture qu’elle parle… alors,  c’est excellent pour enfumer les gogos. J’ai commencé mollo et quand j’ai vu que cela marchait,  j’y suis allé à fond les manettes.

T.I.: Des exemples ?

G-A : Cette réunion du 27 Février 2014 à la Fondation Jean – Jaurès : évidemment, tout ce que Servenay a rapporté dans le Monde était bidonné, il n’a strictement rien vérifié … Tout le monde a démenti ma version, notamment les principaux intéressés, le Ministre Quilès et la Fondation Jean – Jaurès. Mais j’ai joué au héros, au promoteur de la vérité, seul contre tous,  la « conscience de l’humanité » comme vous dites. Mais rien n’est vrai : tout est bidonné…

T.I.: C’est grave, non ? D’après les psychiatres, mentir ainsi contre toute évidence en se donnant le beau rôle, c’est caractéristique d’une pathologie lourde : la mythomanie …

G-A : Oh là là, finalement vous seriez plus futé que les journalistes français ? Justement, à St Cyr, on m’appelait « le mytho ». J’ai commencé très tôt à bidonner…

T.I.: Et votre mythomanie n’a pas été mise à nu par les journalistes français?

G-A : Pensez-vous, ils sont trop nuls. En fait, il y a deux catégories de journalistes dans le dossier rwandais : les militants pro-Kigali: Mehdi Ba, Saint – Exupéry,  Malagardis, Vulpian, Collombat, Servenay, Ayad, Larcher, Chatain,  etc. Et puis les autres : des  feignasses qui recopient ce que les confrères militants écrivent.

T.I.: Donc votre mythomane n’étant pas dénoncée, vous avez été encouragé dans cette voie?

G-A : Bien sûr. Dans mon livre, un des meilleurs coups, c’est l’histoire des miliciens interahamwe que je fais assassiner par les légionnaires. Tout est bidonné là dedans : rien ne colle, demandez aux milis belges et à la Légion. Rien n’est vrai …  Et pourtant qu’est-ce que ça plait : regardez mes talents d’acteur le 7 Juin 2018 au Centre communautaire juif de Bruxelles quand je raconte ça, l’œil quasiment humide. Au premier rang, j’ai ce gros bidonneur de Maingain qui s’est fait prendre comme un bleu dans son histoire de vidéo de torture au Burundi et qui a été obligé d’aller s’expliquer devant la justice française cette année.

Admirez mes talents d’acteur : je tiens ma salle en haleine et ils vont m’applaudir après que je leur ai raconté que j’avais fait assassiner une douzaine de ploucs Hutu qui m’avaient regardé de travers. Et moi, tel César au Capitole, je fais un geste de la main : « Non ne m’applaudissez pas, je n’ai fait que mon devoir« .  Et ces buses dans la salle ont l’impression de voir un titulaire de la Victoria Cross leur raconter sa guerre de Libye ! Comme disait Daladier : « Ah les cons, s’ils savaient … »

T.I.: Mais de telles révélations ne vous ont pas causé d’ennuis  judiciaires ?

G-A : Pas folle la guêpe. J’ai attendu 20 ans et la prescription pour jouer au héros de pacotille. Mais mon éditeur a râlé quand ses avocats lui ont expliqué qu’un procès pour apologie de crime de guerre allait encore réduire les bénéfices de mes ventes. Car malgré l’omniprésence médiatique, je ne vends pas grand chose…

T.I.: Vous ne craignez pas d’être démasqué ?

G-A : Vous plaisantez ? En France les médias, surtout dans ce dossier, ne vérifient rien. La déontologie ils s’en tapent, d’autant qu’il y a une clientèle qui est prête à tout gober. Et puis, j’ai mon joker : Plenel. Quand il s’est fait prendre avec son énorme bobard sur Panama, il a répondu : ça aurait pu être vrai.  

T.I.: Vous y allez un peu fort dans le bidonnage, tout de même.

G.A: Il faut savoir ce qu’on veut. Comprenez-moi, je suis un peu comme Dalida dans la chanson « Moi, je veux mourir sur scène », vous voyez?

Donc, si j’avais mégoté en disant que les jeeps étaient inconfortables, que les bivouacs étaient insalubres ou que les uniformes étaient mal coupés, qui se souviendrait de moi? Qui aurait entendu parler de mon livre sur le Rwanda?

T.I.: Vous voulez dire vos livres? Vous en avez écrit deux sur Turquoise. D’ailleurs, dans le premier, le narrateur était une femme. Pourtant, si je ne me trompe, il n’y avait pas de femmes au feu en opérations extérieures, à l’époque. Pourquoi ce choix?


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G.A: Je vous l’ai dit: Dalida. C’est mon idole: Gigi l’amoroso, Besame mucho, Le parrain, Le blé en herbe et surtout Paroles, paroles. Je suis certain que si elle avait participé aux accords d’Arusha, toute l’affaire de l’attentat en  1994 ne serait jamais arrivée. Paul (NDLR: Kagame) aurait été touché par sa grâce et il n’aurait jamais fait descendre l’avion du président Habyarimana.

Du coup, j’ai imaginé que c’était elle qui participait incognito à Turquoise. Avouez que c’est une bonne trouvaille.
Malheureusement, ça faussait un peu mon tir et dans le deuxième bouquin, j’ai dû changer de texte et de sexe. Vous n’imaginez pas le travail de réécriture. Heureusement que les bénévoles de Survie m’ont donné un coup de main. Il faut dire que pour la réécriture, ils étaient déjà bien rodés.

T.I.: Mais tout de même, vous avez une expertise sur le drame rwandais?

G-A: Disons que j’ai été sur place, même si je n’ai rien vu de là où j’étais. Donc, je peux raconter un peu n’importe quoi à la plupart des gens. Notamment aux journalistes. Comme ce sont le plus souvent de gros fainéants, ils ne vérifient jamais rien… On peut leur faire gober à peu près tout ce qu’on veut, surtout sur une affaire qui date d’il y a 25 ans et dont le dossier est plutôt monumental. C’est marrant, plus c’est gros, plus ça passe avec les journalistes français.

T.I.: Un exemple ?

G-A : Fastoche ! L’attentat contre Habyarimana par les extrémistes Hutu. Tous les journaleux gobent et reprennent alors que c’est carrément un gag.

T.I.: Comment ça ?

G-A : Mais réfléchissez : les Hutu pouvaient le massacrer  facilement, leur Président, tous les jours, quand il leur passait sous le nez en voiture pour aller à son bureau. Ils l’auraient facilement éparpillé au bazooka sans même assassiner son confrère Hutu burundais : du temps et des emmerdements évités, non ?

Et pourtant j’arrive à faire croire à des nazes que les Hutu extrémistes sont assez suicidaires pour monter dans un avion qui va exploser dans un attentat, assez débiles pour tirer un missile depuis leur propre camp et assez nuls pour n’avoir prévu aucun remplaçant pour le Président qu’ils allaient buter. 

Et bien sûr, sans préciser qu’à Mulindi le FPR faisait la fête et se mettait en marche pour une offensive généralisée. Si ce n’est pas énorme, ça ?

T.I.: Il y a quelque chose qui m’intrigue : vous faites une fixation sur Hubert Védrine : pourquoi?

G-A : Effectivement, il ne vous a pas échappé que je m’acharne sur Védrine depuis des années. C’est simple, j’espère jouer à son niveau en l’attaquant alors que, pour l’instant, je suis en quatrième division et lui en première.

T.I.: Mais si quelqu’un vous questionne sérieusement

G-A : Je ne suis pas aussi ringard que ce pauvre Dupaquier qui se fait réduire en miettes chaque fois qu’il l’ouvre en public  dans un vrai débat. Si j’ai un contradicteur, je le traite de « négationniste ». Ma méthode marche à tous les coups. S’il insiste, je l’insulte.

T.I.: Ce n’est pas très loyal ce type de comportement…

G-A : Loyal, elle est bien bonne. Quand on bosse pour Kigali, c’est surtout envers Paul qu’il faut être loyal. Je ne veux pas finir comme Karegeya…et bien d’autres. Brrrr….
T.I.: Le 25ième anniversaire du génocide des Tutsi arrive. Qu’allez-vous nous concocter comme révélation ?


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G-A: Je vous révèle un scoop grandiose : Je vais annoncer que Védrine dirigeait le génocide depuis un sous-marin français à propulsion nucléaire naviguant dans le lac Victoria. Ça va faire un triomphe!

T.I.: C’est quand même un peu gros, vous ne croyez pas?

G-A : Oh, pas plus que les énormités que je sors depuis 5 ans. Pas plus gros que les Hutu responsables de l’attentat contre Habyarimana. De toute façon, dans ce dossier, les journalistes français gobent tout, pourvu qu’on charge la clique à Mitterrand.
Les seuls qui comprennent véritablement mon jeu, ce sont Patrick et Jean-François (NDLR: De St Exupéry et Dupaquier): ils me coachent. D’ailleurs Paul ne s’y est pas trompé et a fait accorder la nationalité rwandaise à Jean-François. J’en rêve …

T.I.: Je remarque que vous appelez systématiquement le président Kagame par son prénom. N’y aurait-il pas un risque qu’on vous soupçonne de collusion?

G-A : Vous êtes bien un journaliste anglo-saxon, vous. Toujours à chercher la petite bête.
Heureusement que vos collègues français ne sont pas comme vous, sinon, j’aurais eu bonne mine avec mes histoires à dormir debout. Vous savez, Paul a été beaucoup calomnié mais c’est un homme très sympathique. Son seul défaut, mais qui n’en a pas, est qu’il n’aime pas qu’on le contrarie… et là, quand il s’énerve, il est capable de tout …On l’a vu au Rwanda puis en RDC ; on le voit avec tous ceux qu’il a fait assassiner …  et il s’en vante le bougre : un jour Karegeya, un jour Sendashonga !

En tout cas, moi je n’ai aucun problème avec lui. Il faut dire que même en cherchant bien, vous n’arriverez jamais à trouver de ma part le moindre mot contre lui. Je ne vais tout de même pas saborder mon fond de commerce.

T.I.: Ah bon, alors tout ça, c’est du flan?

G-A : Caramels, bonbons et chocolat…

T.I.: Vous réalisez la portée de vos déclarations?

G-A : Merci, peu pour moi, tu peux bien les offrir à une autre…

T.I.: C’est effrayant. Merci quand même Guillaume Ancel. Cet échange est vertigineux par ce qu’il révèle de la crédulité humaine et du cynisme des hommes.

G-A : Paroles, paroles, paroles…