Le génocide rwandais de nouveau à la rescousse d’un régime aux abois

Vingt et un ans après la conquête du pouvoir par les armes, l’ancienne rébellion (FPR) venue d’Ouganda et devenue depuis lors un  parti-Etat de fait au Rwanda, ne parvient toujours pas à asseoir sa légitimité autrement que d’évoquer « le génocide ». En effet, ce régime installé par les armes a eu l’ingénieuse idée de se prévaloir non pas d’avoir conquis militairement le pays, mais « d’avoir arrêté le génocide quand le monde entier avait été incapable de le faire »! Ce tour de passe l’a rendu intouchable et lui a donné un chèque en blanc pour faire du Rwanda et du peuple rwandais ce qu’il en voulait. Les crimes d’Etat que commet le régime ne sont pas condamnés ni même évoqués, pas question de lui adresser une moindre critique quant aux violations de Droits de l’Homme, aucune pression de la communauté internationale ne doit être faite sur ce régime pour qu’il ouvre son espace politique comme partout ailleurs en Afrique, etc. Tout cela sous le prétexte qu’il ne faudrait pas critiquer une rébellion qui « a arrêté le génocide » et qui est, depuis 1994, au pouvoir au Rwanda.

Comme le phénix, les aspirations démocratiques renaissent de leurs cendres

Depuis 21 ans, le régime tue ou jette en prison quiconque est soupçonné de ne pas le soutenir ou qui ose réclamer ses droits politiques. Toute velléité à exercer une opposition au régime est qualifié de « négation du génocide » ou de « propager l’idéologie du génocide ». Quant à ceux qui se hasardent d’évoquer une lutte armée comme solution ultime pour réclamer plus de liberté au Rwanda, ils sont tout simplement qualifiés de « génocidaires » qui rêvent de commettre encore le génocide. Malgré ce dispositif que le général-président Paul Kagame avait qualifié jadis de « mur infranchissable », les voix ont continué à se lever pour dénoncer la dictature  et réclamer la démocratie au Rwanda.  Ces voix ne proviennent pas seulement des milieux hutu facilement et caricaturalement qualifiés de « génocidaires » mais désormais aussi des milieux tutsi. Force est donc de constater que la « digue » que constitue l’évocation du génocide ne pourra pas tenir éternellement. D’où une nouvelle campagne plus agressive et tous azimuts pour se protéger de la démocratie avec « le génocide ».

Un thème de 2015 qui en dit long

Comme chaque année depuis 1995, le régime organise des cérémonies pour commémorer la mémoire des Tutsi morts entre avril et juillet 1994 lors de l’assaut final de la rébellion du FPR pour conquérir tout le pays après l’assassinat du président Juvénal Habyarimana. Les commémorations de cette année 2015 sont placées sous le thème : «  Lutte contre la négation et la minimisation du génocide des Tutsi ». Il va de soi que tous les efforts politiques seront désormais mis dans la campagne visant à assimiler toute critique du régime, toute opposition politique… à du « négationnisme et à l’idéologie du génocide » donc à réprimer avec la plus grande sévérité.

Jean Damascène Bizimana aux commandes

Un peu avant avril 2015, le sénateur Jean Damascène Bizimana était nommé « Secrétaire Exécutif de la Commission pour la Lutte contre le Génocide ». Jean Damascène Bizimana n’est pas un inconnu : cet ancien prêtre catholique défroqué qui possède la nationalité française est un extrémiste tutsi notoire. Il était rentré de France pour être nommé Sénateur mais sa principale tâche était de rassembler les éléments pouvant faire accuser la France ou du moins certaines personnalités françaises d’avoir participé au génocide. Il a déjà sorti des rapports à ce sujet dans lesquels il met nommément en cause plusieurs officiers de l’armée française et quelques personnalités politiques dont le président François Mitterrand. Le voici maintenant à la tête de l’organisme chargé d’accuser n’importe qui soupçonné de s’opposer ou de critiquer le régime de «  génocidaire ou négationniste ».

D’après le journaliste d’igihe.com, Deus Ntakirutimana qui a publié le 10/4/2015 sur ce site les propos de Jean Damascène Bizimana, ce dernier a clairement indiqué les objectifs de sa mission au sein de cette Commission.

Deux axes d’attaque

L’ancien sénateur et franco-rwandais JD Bizimana entend s’attaquer d’abord à la France. Son objectif est d’amener la France à faire mea-culpa au régime du FPR de Paul Kagame et au mieux à verser des compensations financières aux « rescapés tutsi ». Mais pour lui, le minimum serait que certains officiers et hommes politiques qu’il va désigné soient traduits devant les tribunaux pour « génocide ». Tandis que de façon générale, la France devrait considérer tout opposant au régime vivant sur son territoire et pointé du doigt par le même Bizimana devrait être pris pour un génocidaire et traité comme tel. Sachant que cet ancien prêtre défroqué a la nationalité française, qu’avant de renter au Rwanda pour exercer des mandats politiques, il avait tissé des liens dans les milieux divers, il pourrait facilement atteindre ses objectifs. On rappellera d’ailleurs qu’en France même il disposera des puissants relais qui se battent pour amener la France à aller se mettre à genoux à Kigali et qui ne rêvent qu’entacher l’honneur des Armées Françaises quel qu’en soit le prétexte. Ces milieux comprennent les lobbies politico-médiatico-mondialistes comme Bernard Kouchner, des politiques gauchisants en mal de publicité comme les députés Noël Mamère et Cécile Duflot, des journalistes engagés comme Patrick de Saint Exupéry, des opportunistes comme Guillaume Ancel, ou des déviants qui opèrent sous couvert des ONG comme Dominique Sopo. Tout ce monde est encadré par la nébuleuse tutsi en France créée et  financée par le régime de Kigali  (Sonia Rolland et IBUKA, Survie, CPCR d’Alain Gauthier,…).

Le franco-rwandais Bizimana entend ensuite faire taire toute opposition à l’étranger en faisant voter des lois réprimant la négociation du génocide des Tutsi. Il a indiqué que certains pays avaient déjà adopté de telles lois comme l’Italie, la Suisse ou le Luxembourg, et que c’est par ces pays qu’il va commencer en leur demandant de poursuivre en justice les opposants qui y résident et qui osent critiquer le régime.

Nouvel élan ou soubresauts d’un monstre blessé à mort ?

Le régime dictatorial du FPR de Paul Kagame, en recourant à fond au génocide pour maintenir son impunité et ainsi éviter à rendre compte et éventuellement à être sanctionné suite aux violations flagrantes des droits de l’homme dont il se rend coupable depuis 21 ans, croit avoir trouvé le moyen de rester « une dictature d’exception à ne pas heurter ». Mais d’autres y voient plutôt des convulsions d’un animal blessé et à l’agonie mais qui ne peut rien contre le sort naturel : le triomphe de la liberté et de la démocratie au Rwanda. Jean Damascène Bizimana ou un autre « artificier ou technicien » n’y pourront rien.

Gaspard Musabyimana et Emmanuel Neretse

11/04/2015

musabyimana.net