Le Mécanisme chargé d’exercer les fonctions résiduelles du TPR est un danger pour la vérité et la justice sur ce qui s’est passé au Rwanda.

« Battons-nous pour que tous les crimes commis soient jugés un jour »

Dans la perspective de la fermeture du TPIR (déjà fermé), vous vous rappelez que le Conseil de sécurité a créé le Mécanisme chargé d’exercer les fonctions résiduelles après fermeture. Plusieurs pays se sont alors félicités  de cette décision de « grande importance ».

Il y a eu d’abord le représentant de l’Autruche  dont le pays fut à l’origine du texte, qui s’est félicité de la création du Mécanisme. Il a estimé que le Conseil de sécurité envoyait un message fort contre l’impunité. Les fugitifs de haut niveau n’échapperont pas à la justice avait-il déclaré avec véhémence.

Ensuite, vint le représentant de la Grande Bretagne qui, se félicitant de cet acte de grandeur, avait déclaré le Mécanisme, « permettra la poursuite des procès et appels et d’appréhender et poursuivre en justice les fugitifs restants partout où ils se trouvent».

Quant au représentant du Japon, il déclarait, tout en se félicitant lui aussi, que « cette  décision démontre l’engagement de la communauté internationale à ne pas tolérer l’impunité ».

Enfin, la représentante des États-Unis avait  salué la création d’une « institution appropriée devant permettre aux TPIR et TPY de s’acquitter de leurs travaux dans des conditions normales ».  Voilà pout tout ce qui est du bloc occidental auquel se greffe le Japon.

La position de la Russie était tout autre. En effet, à l’issue du vote auquel  le représentant de la Fédération de Russie s’est abstenu,  ce dernier avait estimé que la résolution équivalait à « une mesure contraignante fondée uniquement sur le retard enregistré dans les activités des deux Tribunaux ». Ensuite, il avait rappelé que « Le TPIY et le TPIR avaient la possibilité de terminer leur mission dans les temps ».

Sacrés Russes ! Ils  sont toujours prudents avec les décisions prises par le Conseil de Sécurité par ce qu’ils estiment que l’ombre de l’instrumentalisation occidentale plane. La méfiance russe était-elle  fondée ? Ma réponse est OUI.

Les sources concordantes et fiables nous informent que d’une part les archives du TPIR seront transférées au Rwanda et que d’autre part ils y seront systématiquement détruits pour effacer toute trace de l’implication des uns et des autres. Comprenne qui pourra.

Il est vrai que dans certains cas, la destruction des archives peut être autorisée par la loi (donc légale) mais vouloir à tout prix transférer toutes les archives au Rwanda, cache une autre vérité. Saviez-vous que ce Mécanisme est géré par des consortiums privés ? Pourquoi l’ONU n’a-t-elle pas voulu prendre en charge la gestion des résiduels ?

L’ONU ne veut pas des archives dans ses murs puisque qu’elle craint qu’un jour, les historiens et/ou les journalistes d’investigations comme Charles ONANA, Pierre PEAN et les autres mettent leurs nez dans ce brulot. Voilà, pourquoi les archives seront transférées au Rwanda pour y être brûlées. Quitte à ceux qui auront procédé à cette destruction rendent des comptes ultérieurement devant cette même institution (ONU) qui pourtant, aura autorisé ce crime. Oui, c’est un crime contre la vérité et la justice. C’est un crime qui sacralise l’impunité.

Les Rwandais le savent mieux que quiconque. Dans toutes les communes où le FPR est passé lors de sa conquête du pouvoir et même après la victoire, toutes les archives communales ont été détruites. Dans l’administration publique en général ce fut pareil. Dans leur projet de remettre à plat toute la structure administrative « hutue ». Détruire les archives était la bonne manière, pensaient-ils.

Alors, chers amis et compatriotes, pour lutter contre ce nième crime, levez-vous (levons-nous) comme un seul homme et disons trop c’est trop. Débarrassez-vous (débarrassons-nous) de Paul Kagame et tout son pouvoir monstrueux et vampirique.

Paul Kagame pense que tout lui est permis et il a raison de le penser puisqu’il a toujours la bénédiction de ses maîtres à penser. Et pour cause !

Premièrement, il y avait le parti (mouvement) FPR, et le FPR devint sa propriété. Oui, Paul Kagame a confondu le FPR et sa propriété privée.

Comme l’écrit si bien Alex Ndiaye, « beaucoup d’hommes politiques confondent leur parti politique et leur chose et dès lors, il ne faut pas s’étonner qu’une fois arrivés au pouvoir ils confondent le respect dû à la fonction et l’obéissance aveugle. Si vous ne respectez pas la démocratie au sein de votre formation politique, comment pourriez-vous la respecter une fois que vous aurez entre les mains un pouvoir bien plus puissant? »,se demande-t-il.

Le FPR primitif qui était une machine à gagner, disciplinée et efficace et qui par-dessus tout mettait en avant le débat d’idées, fut pour Paul Kagame, un tremplin pour sa conquête du pouvoir, de tout le pouvoir.

Deuxièmement, ce fut le pouvoir conquis après moult techniques pour évincer un prédécesseur qui n’était qu’un paravent par ailleurs. Et le pouvoir devint un moyen pour détruire et casser politiquement les adversaires (Pasteur Bizimungu, Victoire Ingabire, Déo Mushayidi, Maître Ntaganda…) et moudre les autres (Rwisereka, Karegeya…..).

Et pourtant, dans une politique bien menée avec les valeurs démocratiques, l’adversaire d’aujourd’hui peut être un allié de demain ou le contraire. Mais Paul Kagame ne le sait pas, ne l’entend pas de ces oreilles. Il préfère mener ses actions avec violence en oubliant qu’il hypothèque l’avenir de toute la nation et de tout un peuple. Il y a des hommes qui laissent une trace de héros dans l’histoire : Patrice Lumumba, Nkwame Nkrumah, Gandhi, Mandela…, il y en a d’autres dont l’histoire ne retient  que meurtres et atrocités : Paul Kagame, Yoweri Kaguta Museveni et Hitler sont de ceux-là.

Troisièmement, ce fut l’amalgame entre la volonté du peuple pour la révision constitutionnelle et la manipulation. Et le résultat fut la présidence à vie.  Eh oui, presque tous les hommes politiques africains souffrent d’une pathologie. Lorsqu’ils arrivent au pouvoir après de longues années d’attente et une série de batailles homériques, la première envie et d’y rester le plus longtemps possible. J’y suis et j’y reste.

Le fameux discours du président Obama à Accra « les institutions fortes plutôt que les hommes forts » n’a pas du tout changé la donne. Normal car ce n’étaient que des paroles sans actes. Et pourtant, les institutions, et en particulier la Constitution, si elle était respectée, reste un garde-fou pour les empêcher de succomber à de vilains penchants dictatoriaux. Que nenni !

Le Rwanda de Paul Kagame vient de nous offrir une belle illustration de cette dérive dictatoriale en tripatouillant la constitution. Feu Docteur Munyandamutsa (paix à son âme) qui avait  observé les va et vient des populations avec des corbeilles remplies de signatures de leurs compatriotes (pour  exhorter Paul Kagame d’accepter leur doléance), avait osé s’exprimer en ces termes «  à quoi ça sert tout ce cirque ? ». Il déclarait tout haut ce que les troubadours du pouvoir pensaient (et pensent encore) tout bas. D’aucuns affirment que ses opinions à propos de la révision de la constitution ne sont pas étrangères à sa mort. Mais ça, c’est une autre histoire.

Une chose est sûre. Tous ces notables, tous ces parlementaires et même Paul Kagame lui-même doivent se mettre en tête que ces citoyens malmenés  ne sont  pas dupes. Demain, ils leur demanderont de  rendre des comptes. Ils n’hésiteront pas de brûler (par supplice du collier)  ce qu’ils ont adoré plutôt ce qu’ils étaient obligés et forcés  d’adorer. Paul Kagame et consort sont donc avertis. On brûle ce qu’on adoré et on adore ce qu’on a, jadis, brulé. Comprenne qui pourra.

Un clin d’œil au dernier discours de Paul Kagame à l’université de Havard. Ce fut le « Dies irae » pour Kagame. L’homme n’est plus ce qu’il était. Le fruit est mûr il ne manque plus que de le cueillir. Les cueilleurs c’est moi, c’est toi, c’est lui, c’est vous, c’est nous.

Battons-nous pour que tous les crimes commis soient jugés un jour. Que « Ne jamais laisser l’impunité s’installer à jamais », soit notre leitmotiv.

Maurice Shankuru