Le Rwanda prêt à suivre le mauvais exemple?

« Quand on rase ton voisin, savonne-toi le menton », dit un proverbe espagnol. La maladie ayant frappé certains pays africains ces derniers mois est maintenant aux portes du Rwanda. La contagion semble inévitable, à en croire les mouvements observés ici ou là au Rwanda. Il s’agit, non de la fièvre Ebola comme certains peuvent l’imaginer, mais bel et bien de la révision de la Constitution qui devient un véritable fléau de la politique africaine.

La monopolisation et la pérennisation du pouvoir deviennent des symboles de la démocratie à l’africaine! Notre continent qui n’est pas assez réputé en matière d’innovation économique ou technologique, se rattrape tout de même en innovation politique (rions un peu)! L’Afrique ne devrait-elle pas réclamer les droits d’auteur de « la révision constitutionnelle » en tant que technique de pérennisation du pouvoir par les présidents en fin de mandat ?

Même si cette pratique a été tentée ailleurs notamment chez Bachar El-Assad, l’Afrique reste championne du monde de cette discipline. La liste des pays africains touchés ou qui risquent de l’être s’allongent du jour au lendemain.

Certains présidents ont réussi ce passage en force de la révision constitutionnelle. On peut, à titre d’exemple, citer Ben Ali ancien président de la Tunisie, Eyadéma (père) du Togo,  Paul Biya (Cameroun), Omar Bongo (Gabon), Mamadou Tandja (Niger), Idriss Déby (Tchad), Yoweri Museveni (Ouganda), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), etc.

Pour d’autres, la tâche paraitra très compliquée. Malgré la tentative, ils se butent souvent à une opposition vivante et vigilante, comme on l’a vu tout récemment au  Burkina Faso.  La RDC et même le Burundi pourront suivre l’exemple du Burkina, le peuple des pays respectifs disposant, malgré tout, d’un minimum de liberté d’expression.

Et le Rwanda?

Et bien, le Rwanda entre à son tour en scène. Certaines hautes autorités rwandaises affichent progressivement la volonté de manipuler la constitution en faveur de l’actuel président. Il existe au Rwanda des laboratoires occultes (existants aussi dans d’autres pays), chargés de trouver des arguments et justifications pour motiver ce choix de vouloir réviser la constitution.

Différentes personnalités politiques semblent montrer à la communauté internationale, médias interposés, que la décision finale appartiendra aux citoyens rwandais qui seraient appelés à s’exprimer au moyen du référendum. Or, la liberté d’expression est muselée, quasiment inexistante comme les organismes de défense des droits de l’homme ne cessent de le signaler. Quoi que légitime, ce référendum ne serait crédible en rien, sous-entendant que la population est déjà elle-même manipulée d’avance.

La RFI note pour appuyer ce propos, que la campagne pour un troisième mandat au profit du président rwandais est renforcée, en l’absence de tout débat démocratique.

« Alors que la question d’un troisième mandat présidentiel provoque une levée de boucliers au Burundi et au Congo, au Rwanda il n’y a pas de débat, mais une campagne qui ne dit pas son nom. ( …). Selon le maire de Kigali, les conseils de district affirment que leurs électeurs réclament une réforme de la Constitution ouvrant la voie à un nouveau mandat de Paul Kagame ».

En début de son mandat, le président rwandais avait pourtant juré, à Dieu ne déplaise, qu’il ne serait pas tenté de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Qu’il y ait  de bons arguments aujourd’hui, c’est possible et on en aura certainement toujours, mais de toute manière, le pays ne tient pas qu’à une seule personne. Il serait donc judicieux que le président Paul Kagame tienne sa parole.  Sinon, quels que soient les moyens utilisés pour réviser la Constitution, sans en être dupes, ce sera sans nul doute pour les intérêts égoïstes du pouvoir en place et non pour les intérêts du peuple rwandais.

Faustin Kabanza

Vepelex

22.03.2015