M. Reynders "convaincu" d'une implication rwandaise dans l'est de la RDC

BRUXELLES – Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, s’est déclaré mercredi «convaincu» d’une implication, «directe ou indirecte», du Rwanda dans la mutinerie qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il a appelé une nouvelle fois Kigali à collaborer afin de mettre fin à cette rébellion, sous peine de sanctions.

«Le Rwanda doit condamner la rébellionde façon explicite» et participer à l’action pour y mettre fin sur le terrain en évitant tout soutien et toute action qui pourrait encourager cette rébellion», a-t-il affirmé devant les commissions des relations extérieures du Sénat et de la Chambre à Bruxelles.

Plusieurs parlementaires de la majorité et de l’opposition ont réclamé mercredi une condamnation ferme par la Belgique de l’implication du Rwanda dans la reprise de la guerre.

Didier Reynders (MR) a ajouté qu’il avait une nouvelle fois répété ce message à son homologue rwandaise, Louise Mushikiwabo, avec laquelle il eu un entretien téléphonique dans la foulée de sa visite en RDC et au Rwanda fin août.

«Ma conviction, c’est qu’il y a un soutien direct ou indirect de gouvernement rwandais (dans) ce qui se passe dans l’est du Congo», a ajouté le ministre, tout en soulignant que le gouvernement congolais devait quant à lui faire d’«énormes efforts» pour restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire, y compris l’est du pays.

Ce qui passe notamment par une réforme et une professionnalisation de l’armée, auxquelles la Belgique est prête à aider.

« D’abord mettre fin à la rébellion »

Mais «l’urgence, c’est de mettre fin à la rébellion et à cette tentative d’administration d’une petite partie du territoire du Nord-Kivu par un petit mouvement, le M23, qui a annoncé la constitution d’un gouvernement et qui a commencé à s’installer avec une administration, voire même à vouloir prélever des taxes à la frontière, en particulier avec l’Ouganda.

Le chef de la diplomatie belge a une nouvelle fois appelé le Rwanda à participer à une «solution régionale» à la crise dans les Kivu et au respect de l’intégrité territoriale de la RDC, sous peine de sanctions.

Il s’est ainsi dit partisan de l’imposition d’éventuelles sanctions contre Kigali «si rien ne change sur le terrain», mais seulement «de manière coordonnée» au sein des Nations Unies et de l’Union européenne. «S’il y a des sanctions, nous les appliquerons», a-t-il assuré.

Pas de visite belge des dirigeants du M23

« Mais les premiers qu’il faut sanctionner, ce sont les dirigeants du M23 », a poursuivi Didier Reynders, démentant toute visite en Belgique d’une délégation politique du mouvement rebelle. Selon le site Afrikarabia, le M23 a envoyé à Bruxelles, à Paris et en Allemagne un représentant de sa «branche politique», le professeur Stanislas Baleke, pour expliquer leurs revendications.

Les pays de la région, réunis au sein de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), ont bien trouvé un accord de principe sur le déploiement d’une «force internationale neutre» pour éradiquer les différents groupes armés présents dans l’est du Congo.

Selon M. Reynders, Kinshasa et Kigali vont relancer dès vendredi le mécanisme conjoint de vérification de leur frontière commune, mis en sommeil à la suite des tensions entre les deux pays.

Le Nord-Kivu est en proie depuis fin avril à cette nouvelle rébellion du M23, qui affronte depuis l’armée gouvernementale et s’est rendue coupable de «crimes de guerre à grande échelle» dans la zone qu’elle contrôle, selon un rapport l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) publié mardi.

Kinshasa et l’ONU accusent le Rwanda de soutien à la rébellion, ce que Kigali dément.

L’Avenir