Numéro spécial du poisson d’avril 1994 avec Roméo Dallaire

POISSON D’AVRIL LE 1er, ASSASSINAT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE LE 6ème, PUIS GENOCIDE CONTRE LES TUTSI (ET HUTU), ET MASSACRES NON-COLLATERAUX CONTRE HUTUS (ET TUTSI)

Numéro spécial du poisson d’avril 1994 avec Roméo Dallaire

Dans son ouvrage J’ai Serré la Main du Diable, le Général Romeo Dallaire, Commandant de la force onusienne de maintien de la paix précise que le 1er avril 1994, pour la première fois, la MINUAR réalise avec la gendarmerie rwandaise une opération de saisie d’une cache d’armes, mais celle-ci se révéla vide, et que suite à une dégradation de la situation sécuritaire qui s’intensifiait de plus en plus, plusieurs personnalités rwandaises modérées, menacées de mort, sont mises sous protection de la MINUAR.

Sans sous-estimer l’aspect humoristique du comportement du Général canadien en mission de protection ou maintien de la paix au Rwanda, envisageons les évènements qu’il nous raconte par le miroir du poisson d’avril, communément connu comme Journée de Plaisanterie ce qui s’entend en Kinyarwanda comme Jour du Mensonge (Umunsi wo Kubeshya). La définition du poisson d’avril que donnes le site wikipedia est la suivante : « Un poisson d’avril est une plaisanterie, voire un canular, que l’on fait le 1er avril à ses connaissances ou à ses amis. Il est aussi de coutume de faire des canulars dans les médias, aussi bien presse écrite, radio, télévision que sur Internet. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_du_6_avril_1994_au_Rwanda

La réalité de la plaisanterie du 1er avril de la part du général Dallaire ne tarda pas à se faire sentir car seulement peu de jour après plusieurs personnalités rwandaises modérées, menacées de mort, furent mises à mort avec la présence de la MINUAR au pays. Remarquer aussi que la MINUAR et la gendarmerie nationale attendent le  1er avril 1994 pour réaliser, pour la première fois et en vain, une opération de saisie d’une cache d’armes.

Assassinat du Président de la République

Par des acteurs jusqu’aujourd’hui inconnus, l’avion  Falcon 50/ 9XR-NN piloté par une équipe française et transportant les Présidents rwandais et burundais fut abattu par missile sol-air sans laisser de survivant.

Cet incident inattendu provoqua, fort probablement, une augmentation soudaine et excessive d’une énergie déstabilisatrice qui alimenta proportionnellement la colère et la haine anti-tutsi, déjà existante dans les cœurs de hutus extrémiste, d’un côté, et  la peur de perdre le pouvoir au sein de la clique au pouvoir et de l’armée hutu décapité, d’autre part. La forte pression psychologique et mentale couplé au sentiment de panique résultants d’une telle déstabilisation et ne pouvant être contenue par une population et des forces de l’ordre hautement et subtilement manipulées, donna lieu aux terribles évènements génocidaires du printemps 1994 perpétrés essentiellement contre les Tutsi.

Parallèlement à ces horribles actes génocidaires ostensiblement condamnés par le monde entier et qui n’échappèrent pas à l’œil de l’Organisation des Nations Unies et d’autres observateurs, d’autres rwandais en majorité Hutu, se faisaient aussi horriblement balayés au passage des troupes rebelles qui combattaient le gouvernement, et le nombre de rwandais massacrés dans cette obscurité totale vis-à-vis des yeux de l’ONU ou de nombreux pays occidentaux et des journalistes aussi indépendants que non-indépendants, reste toujours difficile à établir. Les chiffres avancés varient d’un rapporteur à l’autre et d’un spéculateur à l’autre.

Au Burundi des évènements similaires furent provoqués par le choc causé par le deuxième assassinat d’un Président Hutu  dans un pays qui n’en avait pas connu plus de deux. Les Tutsi subirent la colère des Hutu et l’Armée à majorité Tutsi déchargea sa vengeance, dans une moindre mesure, sur les Hutu.

Assassinat du président Habyarimana comme déclenchement du Génocide contre les Tutsi (et Hutu modérés), et des Massacres non-collatéraux contre les Hutus (et Tutsi), comme conséquence de l’assassinat du Président Habyarimana

Le génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi au Rwanda ne peut pas avoir résulté d’une préparation soigneuse à terme en ce moment-là.  En réalité, les causes similaires ont provoqué des effets similaires au Rwanda et au Burundi en 1994, au Burundi en 1993 avec Ndadaye, et  il y a lieu de dire que le grand massacre des Hutu en 1972 au Burundi était une conséquence directe de l’assassinat de l’ancien monarque Ntare V et la tentative d’éliminer le Président Micombero.

Si, partant de tous ces faits historiques, nous constatons que l’assassinat ou la tentative d’assassinat du chef d’Etat dans nos sociétés « bi-ethnique », le Twa n’étant presque jamais politiquement actif dans les deux pays, résultent en des massacres en masse ou en génocide contre l’une ou l’autre ethnie, il serait difficile d’avancer de façon convaincante que le génocide contre les Tutsi du Rwanda de 1994 échappe à la même logique.

Quant aux massacres de Rwandais en majorité Hutu par l’armée rebelle pendant et après la période du génocide de 1994, ils ne peuvent être pris pour effets collatéraux relativement à la guerre qui opposait l’Armée du gouvernement rwandais et l’Armée patriotique rwandaise. Des zones de non combat ou déclaré n’avoir pas été affecté par le génocide, ont connu des actes de massacres. Des exemples sont multiples : ancienne commune Giti de Byumba, camp de réfugiés de Kibeho, Stade Byumba au moment où la localité n’était plus zone de combat, … .

Concluons

Il est très clair que nous sommes tous concernés par les commémorations de Rwandais massacrés durant le génocide perpétrés contre les Tutsi ou autrement. Que la date du 6 avril devienne pour nous un jour de mémoire des nôtres, et que cela nous serve de carburant vers un avenir de compréhension et de soutien mutuels, afin de permettre une cohabitation constructive entre Tutsi et Hutu, ce qui permettra à nos autres compatriotes (Twa) de vivre en parfaite harmonie avec nous autres.

Prosper Bamara

31 Mars  2015