ON NE PEUT RÉSOUDRE AUCUN PROBLÈME DU PAYS EN TIRANT LA COUVERTURE À SOI-MÊME.

À part le déni, l’échec de la réconciliation au Rwanda, 21 ans après, n’est qu’un simple constat. Est-il encore possible pour le régime actuel de rectifier le tir et se rattraper, ou il est carrément trop tard? Quel est le plus grand handicap?

Ignorer sciemment l’intérêt général et tirer la couverture à soi-même, c’est cela la principale raison de l’échec d’une véritable réconciliation (qui était pourtant réalisable et reste faisable). Pour remédier à la situation, il ne faut pas avoir peur de mots. L’échec est cuisant et le peuple en souffre. Mieux vaut se mettre en question et changer de direction pour mieux agir ou réagir. Au delà de la réconciliation qui était attendue de façon global entre les Rwandais, même les anciens compagnons de guerre s’entredéchirent aujourd’hui. C’est à la fois dommage et malheureux.

Persister dans l’erreur, dans le déni et signer, est le pire des recours. La seule voie pour corriger le passé et le présent, est d’avoir le courage de changer de cap pour se rattraper avant qu’il ne soit trop tard s’il ne l’est pas encore.

Tout le monde indique que la vérité, la justice et le pardon pourraient conduire à l’unité perdue et la réconciliation ratée. Mais, il ne suffit pas de le dire. En effet, les discours et les commissions du genre existent depuis deux décennies; ce sont des actes concrets qui ont fait défaut. Tel un petit enfant, incapable de prendre du médicament amer alors que c’est l’unique voie de guérison.

Le génocide commis contre les Tutsi est une tragédie historique qui doit être suivie d’un « plus jamais » absolu.

Par ailleurs, il n’est pas normal que les officiels minimisent ou passent sous silence les crimes abominables, crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis sur les populations inoffensives et innocentes au Rwanda et en RDC.

C’est à juste titre que les termes négationnistes et révisionnistes s’appliquent à ceux qui nient le génocide. Les mêmes termes ne correspondent-ils pas à ceux qui se refusent de reconnaître ces crimes contre l’humanité décrits noir sur blanc dans le rapport de l’ONU ci-haut cité?

Est ce qu’un régime dictatorial est capable de se transformer jusqu’à répondre aux attentes des citoyens? Est-il à mesure de se métamorphoser et favoriser une révolution tranquille, la meilleure voie de survie pour chacun? Pour y arriver, on doit avoir une vraie vision. Il faut le dépassement de soi, l’humilité, la sagesse, et le courage de tous, à commencer par les femmes et les hommes politiques. Osons l’espèrer, après tout, pourquoi ne pas rêver?

Il va sans dire que si les politiques parvenaient à se réconcilier, aucun grand problème ne se poserait au sein de la population. Est-ce qu’il existe chez certains décideurs, la conscience, la volonté de s’assoir avec les adversaires politiques pour discuter des problèmes du pays sans se voiler la face ni mettre en avant des intérêts individuels, afin de trouver ensemble une fois pour toutes, une solution pérenne et durable? N’est-ce pas l’une des plus importantes questions?

Jean-Claude Mulindahabi

Ecole Supérieure de Journalisme de Paris