Paul Kagamé, un modèle?

Le Président rwandais, Paul Kagame

Paul Kagamé fascine. Européens, Africains, Asiatiques, Américains, etc.

De nombreuses personnes à travers le monde sont tombées sous le faux charme de cet échalas longiligne au regard perçant et froid comme un glaçon.

Pourquoi subjugue-t-il à ce point ?

Il est aux commandes d’un pays qui avance indéniablement sur le plan économique. Un miracle économique, dit-on.

Une « success story » après une période très douloureuse que personne n’a le droit d’oublier.

Visiblement, tout ce que touche cet ancien chef rebelle au cœur sec se transforme en or.

La récente « élection » présidentielle, remportée haut la main par Paul Kagamé, face à deux faire-valoir, séduit.

Nombre de médias occidentaux n’ont d’yeux que pour lui. Certains journalistes en sont revenus ébahis : l’organisation, « l’engouement » des électeurs, la proclamation des résultats, dans le calme, etc.

Tout semblait réglé comme du papier à musique, avec une précision d’horloger suisse. Le score nord-coréen du dictateur ?

Bof ! Cela ne semble pas choquer outre mesure. Il a gagné, les doigts dans le nez, après un « suspense » insoutenable. Normal, il est adulé par son peuple, entend-on ici et là.

Mais tous ceux qui, humant l’air du temps, grossissent les rangs du fan club Kagamé connaissent-ils vraiment cet homme qui, en réalité, dirige le Rwanda d’une main de fer et sans discontinuer depuis 1994, après avoir enjambé des milliers de cadavres, la kalachnikov en bandoulière ?

Je n’ai rien contre les Rwandais en général, mais cet homme est par-dessus tout un monstre. Un monstre froid. Un tueur compulsif qui doit tout d’abord être pris pour ce qu’il est fondamentalement : un effroyable criminel.

Sans doute le plus grand criminel de la deuxième moitié du XXème siècle. Il doit logiquement talonner un certain Adolf de triste mémoire dans le Guinness des records des horribles crimes. J’ai vu de mes propres yeux, si on peut dire, les conséquences du génocide rwandais sur le sol congolais, notamment dans les camps de réfugiés rwandais.

Je suis allé à Tingi-Tingi, dans le Maniema, où j’ai parlé avec des réfugiés. Une partie de ces infortunés, y compris des enfants, a été massacrée par les troupes de Kagamé, 48 heures après mon passage là-bas.

Des experts de l’ONU ont fait état de 400 000 personnes au bas mot qui manquaient à l’appel dans les camps de l’est de la RDC.

Je me souviens d’un certain Serutanga, tué au lendemain d’un entretien au cours duquel il me racontait les dures conditions de vie dans ces camps, où certains se nourrissaient de feuilles et de racines pour tout repas.

Je suis allé au Rwanda en 2008-2009. C’est un pays qui progresse indéniablement sur le plan économique. Rien à voir avec le grand « homme malade » de la région, la RDC.

Le pays du « dialogue » et des mandats élastiques a touché le fond sous la conduite d’une équipe au bilan catastrophique qui multiplie les artifices cousus de fil blanc pour s’agripper au pouvoir.

En face d’elle, une opposition qui hurle plus qu’il n’agit et qui reste étonnamment silencieuse face aux massacres à répétition qui rythment le quotidien des Congolais.

Une opposition composée en partie de « leaders » dépourvus de convictions et en panne de stratégie qui attendent désespérément leur tour pour aller à la soupe.

Toutefois, les chiffres macroéconomiques officiels « vendus » par Kigali doivent être pris avec circonspection.

J’ai bien vu la pauvreté, comme dans d’autres villes du monde, non loin de l’hôtel Mille Collines où je suis descendu. Je suis allé me balader seul dans quelques rues d’un quartier dont j’ignore le nom.

Et j’y ai vu ce que les tour opérateurs et les autorités rwandaises ne montrent pas aux touristes naïfs. Je ne sais pas si les incontestables réalisations économiques de Paul Kagamé doivent occulter tous les aspects foncièrement détestables de sa personnalité trouble.

Dois-je ici rappeler que l’armée rwandaise et l’armée ougandaise se sont battues à Kisangani, dans le nord-est de la RDC, au début des années 2000, après un différend sur le partage de certaines richesses minières du Congo ?

La fascination morbide de certains pour ce méprisable personnage soutenu contre vents et marées par ses deux inconditionnels anglo-saxons, Tony Blair et Bill Clinton, a quelque chose de profondément dérangeant.

2 COMMENTS

  1. Voilà…..Encore un zaîrois humilié par ses propres défauts, son mal-être, à savoir vivre dans un chaos qu’il a lui-même contribué à créer, son désordre permanent, toujours ses mauvaises réponses aux solutions de leur problème national. Il fuit toujours ses propres responsabilités en se créant des bouc-émissaires rwandais. Et ce n’est pas un hasard si ces derniers considérés à raison comme leurs anti-modèles et voisins géographiques, soient devenus leur miroir qui leur envoie leurs propres défauts. Ils ne le supportent pas…..et pourtant il ne le leur suffirait que juste corriger ce qui ne va pas chez eux et tout le monde, y compris leurs voisins rwandais, serait content, au lieu de continuer à calomnier, insulter et ruminer je ne sais quelles ridicules vengeances à longueur d’internet sur leurs voisins…

  2. Il faut beaucoup de courage pour affronter ses propres démons. Faire des conférences, des vidéos et demander l’aide internationale n’est pas ce qui délivrera le Congo de son emprise véritablement infernal. Alors on cherche les boucs émissaires…les colons, les rwandais, les Tutsis.
    C’est de l’intelligence véritable qui manque au Congo.

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