Position du Pacte Démocratique du Peuple-Imanzi sur le programme gouvernemental dit "Ndi umunyarwanda"

Le parti politique PDP-Imanzi se démarque solennellement du projet politique gouvernemental dénommé « Ndi umunyarwanda ».

Nous lançons un appel pressant au peuple rwandais ainsi qu’à la communauté internationale afin qu’ils apportent leur soutien au Dialogue inter rwandais hautement inclusif(DIRHI) auquel prendraient part différentes catégories de la société rwandaise.

Le programme dit « Ndi Umunyarwanda » domine l’actualité politique nationale depuis au moins trois mois. Il fait l’objet d’émissions radio et télédiffusées, de débats sur internet et de discussions au sein même de la population.

Alors qu’il était au départ supposé être conçu par et pour la jeunesse, ce programme est devenu gouvernemental après les réunions à huis clos entre, d’une part, les membres des deux chambres de l’assemblée nationale et, d’autre part, le Président de la République, ses ministres et d’autres hautes autorités du pays.

Au cours de ces réunions, différentes résolutions ont été adoptées dont notamment celle du lancement dudit programme à l’échelle nationale avant la fin du mois de novembre 2013.

Loin d’apporter des solutions aux épineux problèmes auxquels font face le Rwanda et son peuple, le programme « Ndi umunyarwanda » ne fait qu’aggraver la situation.

Nous dénonçons fermement  cette politique qui amplifie les divisions au sein du peuple rwandais et instrumentalise son histoire et celle de notre pays; notre patrimoine commun.

En bref, nous constatons amèrement que cette politique fait croire que l’histoire du pays commence avec le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Ainsi, le Rwanda serait composé de deux groupes; celui des victimes, les Batutsi et celui des bourreaux, les Bahutu. D’après cette politique, tous les Bahutu doivent demander pardon à tous les Batutsi; condition sine qua non en vue d’assurer la coexistence pacifique dans le pays.

Ce programme contredit énormément la Constitution du Rwanda du fait qu’il considère le génocide comme un crime commun à tous les Bahutu, faisant ainsi de ce dernier un crime de naissance contrairement à ce que prévoient la législation rwandaise, les principes généraux du droit et les conventions internationales ratifiées par le Rwanda. Ces derniers prévoient que la responsabilité pénale est personnelle.

Cette politique constitue manifestement une tentative de justification et de légitimation de la détention des milliers de Bahutu faussement accusés de génocide qui restent jusqu’à ce jour victimes du déni de justice.

Cette politique constitue par ailleurs un mécanisme de culpabilisation de tous les enfants et petits-enfants des Bahutu; ce qui consacrerait un apartheid à la rwandaise.

Depuis près de vingt ans, le Rwanda est dirigé par un gouvernement dit d’unité nationale dominé par le parti politique du FPR-Inkotanyi.

Ce gouvernement a mis en place la Commission nationale d’unité et de réconciliation, la commission nationale de lutte contre le génocide et les juridictions gacaca qui ont jugé les présumés génocidaires.
Tout cela avait pour but de sortir le peuple rwandais du gouffre de la haine, de la méchanceté et de la méfiance et de le conduire à la paix, à la réconciliation et à convivialité.

Ce gouvernement vient d’organiser quatre élections successives; à savoir l’élection présidentielle et les législatives de 2003, les législatives de 2008, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013.
Le gouvernement FPR fait croire sans cesse au peuple rwandais et à l’opinion internationale que toutes ces élections se sont bien déroulées en toute liberté et transparence. Si cela était vrai, cela voudrait dire que l’unité et la réconciliation ont été atteintes tel que les autorités de notre pays n’ont cessé de le répéter mais ils semblent aujourd’hui changer de langage.

La vérité réelle est que jusqu’à ce jour, l’unité et la réconciliation entre les Bahutu, les Batutsi et les Batwa sont loin d’être acquises. Même les porte-parole de l’Etat FPR admettent cette réalité.

– Le programme « Ndi umunyarwanda » instrumentalise sciemment l’histoire du Rwanda et de son peuple à des fins politiciennes ;

– Le programme « Ndi umunyarwanda » hypothèque gravement la vérité, la justice et la réconciliation; lesquelles constituent les pilliers de la bonne coexistence des Rwandais entre eux et de l’unité du pays qui est leur patrimoine commun;

– Plus particulièrement, le programme « Ndi umunyarwanda » a pour objectif d’humilier tout Muhutu et risque de l’inciter à haïr tout Mututsi.

Une telle politique aurait comme conséquence que notre histoire soit un cercle vicieux éternel de la vengeance et risque d’inciter tout Muhutu à haïr tout Mututsi.

Pour tous ces motifs et d’autres non invoqués à cette occasion, nous portons à la connaissance du gouvernement FPR INKOTANYI, au peuple rwandais ainsi qu’à la communauté internationale que nous nous démarquons catégoriquement du projet politique dit « Ndi umunyarwanda ».

Par contre, nous demandons avec insistance au gouvernement FPR, au peuple rwandais et à la communauté internationale d’apporter un soutien indéfectible à la tenue d’un dialogue inter-rwandais hautement inclusif.

Ce dialogue s’avère incontournable pour rétablir l’harmonie entre les Rwandais, éradiquer la haine et la rancune et construire une paix durable entre eux hors de toute discrimination ethnique, régionale et clanique.
Ce dialogue nous permettra d’éradiquer l’injustice au Rwanda et d’asseoir la vérité et la justice équitable, d’unir nos effort dans l’édification d’un avenir assuré pour que les générations futures héritent un pays paisible, jouissant de bonnes relations avec les pays voisins.

Le parti politique PDP-IMANZI condamne énergiquement la politique du pardon à sens unique. Une telle démarche perdure depuis près de vingt ans et n’a pas atteint des résultats escomptés. Nous demandons au gouvernement FPR, au peuple rwandais et à la communauté internationale de soutenir notre projet qui prône le pardon réciproque à la place d’un pardon à sens unique. Bref, une politique de concessions mutuelles entre toutes les composantes du peuple rwandais à savoir les Bahutu, les Batutsi et les Batwa.

Quels acteurs pour le dialogue inter-rwandais hautement inclusif?

Ce dialogue réunirait différentes catégories actives de citoyens rwandais autour d’une table. Il s’agit entre autres:

– Des représentants de l’Etat FPR INKOTANYI,

– Des représentants des partis politiques d’opposition actifs au Rwanda et dans la diaspora,

– Des représentants de différentes confessions religieuses agréées au Rwanda,

– Des représentants des organisations nationales non gouvernementales,

– Des représentants des associations rwandaises de défense des droits de l’homme,

– Des représentants des medias indépendants et des medias d’Etat,

– Des représentants des organisations syndicales,

– Des représentants d’autres associations rwandaises.

Quels thèmes débattre lors du dialogue inter-rwandais hautement inclusif?

Sans prétendre être exhaustif, les thèmes suivants figureraient à l’agenda de ce dialogue:

– Les causes profondes du conflit entre les Bahutu et les Batutsi et les mécanismes appropriés pour y mettre fin;

– La problématique de l’ouverture de l’espace politique et celle des prisonniers politiques;

– Le problème de la justice tant pour le crime de génocide commis contre les Batutsi au Rwanda que pour les massacres perpétrés contre les Bahutu au Rwanda et en RDC;

– La problématique de la mémoire du génocide commis contre les Batutsi et celle des massacres commis contre les Bahutu;

– La question des réfugiés rwandais;

– La problématique de la gouvernance du pays(démocratie, organes de sécurité, les élections, etc.);

– La problématique de l’injustice et des inégalités flagrantes entre les citoyens;

– autres.

Qui pour conduire le Dialogue inter rwandais hautement inclusif?

La conduite de ce dialogue serait confiée à des personnes intègres et de bonne moralité librement choisies par leurs pairs parmi les représentants des catégories ci-haut mentionnées.

Par ailleurs, la communauté internationale assurerait le monitoring de ce dialogue et jouerait le rôle de facilitateur.

En guise de conclusion, nous demandons à la communauté internationale et en particulier aux amis du Rwanda, de s’impliquer activement dans ce processus pour que le DIRHI se tienne sans plus tarder afin d’épargner à notre pays les violences et le chaos similaires à ceux de 1994.

Fait à Bruxelles, le 21/01/2014

Jean Damascène Munyampeta
Secrétaire général du parti.