Procès Ngenzi-Barahira: 20 Juin 2018: Interogatoire des religieux-J30

La journée du 20 juin est consacrée principalement aux témoignages des membres de l’évêché de KIBUNGO.

Tout d’abord, la présidente commence par interroger le témoin KANTARAMA Felicia, agricultrice.

Ce témoin, dit avoir connu Barahira et Ngenzi comme anciens Bourgmestres de Kabarondo. Elle explique que pendant le génocide elle n’est pas beaucoup sortie car elle était recherchée en tant que tutsi. Elle a perdu son mari en 1994.

Sur la mort de son mari qui aurait été tué par le FPR, elle dit ne pas pouvoir l’affirmer car elle n’était pas sur place. (On sent que le témoin a peur de parler des exactions du FPR).

Sur la mort de François Ntirushamaboko, le témoin de la veille Jacqueline MUGUYENEZA, avait dit que c’est cette femme qu’elle a croisé pendant le génocide et qui lui a raconté avoir assisté elle même à la mise à mort de François Ntirushwamaboko par Barahira.

Madame Félicia lève la main et jure devant Dieu que Jacqueline est une menteuse. Qu’elle ne lui a jamais parlé de cela, qu’elle n’a rien vue car elle était restée cachée jusqu’à l’arrivée du FPR.

Lecture de l’audition d’Innocent Rukamba qui date de mai 2011. Le prêtre ayant fourni un justificatif médical psychiatrique, son témoignage est passé outre.

Ce témoin est à charge. Il dit que Ngenzi était très actif dans le MRND ce que nient d’autres témoins mais cela n’étonne pas car sa source comme il l’affirme n’est autre que Véronique MUKAKIBOGO. (Cette dernière est l’un des accusateurs principaux dans ce procès qui n’avait pas trouvé d’exemples pour attester de la méchanceté de Ngenzi).
Sur le Club de Kibungo il sait qu’il y a eu une réunion à la préfecture de Kibungo dont l’objectif était la sécurité.

Sur Ngenzi, il serait parti à l’évêché avec une arme et un policier. Et il aurait dit que si on ne lui donne pas d’argent il allait le tuer comme d’autres. Ils auraient cotisé pour fournir les 100 000 Fr demandés. Le témoin est accablant, il raconte que Ngenzi aurait tué la fille de son amie Edith. Il dit que Ngenzi s’est tellement camouflé par après qu’il a même fait la chirurgie esthétique.

Philippe RUKAMBA, évêque de Butare

Ngenzi est venu accompagner l’abbé Papias, et il a demandé 100 000 qu’il devait « leur » remettre. Il connaissait Ngenzi car ils se retrouvaient dans des réunions sur le développement, avancés sociales… Ces réunions se passaient à la préfecture. Pour lui, Ngenzi avait une bonne relation avec Oreste Incimatata. Ils étaient amis. Il aurait entendu parler des listes mais il n’en a pas vu. L’église était le seul endroit où les gens se réfugiaient. On lui demande comment les réfugiés de Kibungo se nourrissaient, il répond que c’est l’évêque qui s’en chargeait. Il allait en chercher au camp militaire Huye. Sur la protection des réfugiés, il dit que l’évêque avait obtenu 4 gendarmes qui étaient là en permanence. Mais les gendarmes ou militaires tueurs ont quand même tué la population.

S’ils pouvaient savoir ce qu’il se passe ailleurs, il répond que les religieux savaient ce qu’ils se passait dans d’autres paroisses. On lui demande alors pourquoi on gardait les réfugiés à l’église alors qu’on pouvait s’attendre à des attaques. Il répond que les gens ne pouvaient aller nul part d’autre. Ils avaient fui leurs maisons détruites pour la plus part. Qu’on ne pouvait les évacuer nul part. Tout le pays était quadrillé. (Cela on le reproche à Ngenzi en disant qu’il a pu savoir ce qu’il se passait ailleurs et n’a pas prévenu les réfugiés). Il explique que la Radio ne racontait pas les tueries qui se produisaient.

S’il savait qu’ils ont découvert des armes à l’évêché. Il le reconnaît qu’ils ont signé une décharge. Mais il ne sait pas d’où provenaient ces armes, si elles avaient été déposés par les militaires eux même ou si c’étaient les réfugiés qui les avaient.

Sur l’arrivée de Ngenzi, il serait venu dans l’après midi. La discussion n’a pas été longue. Il doute si Ngenzi avait vraiment une arme, mais il n’a pas vu de policier. Il disait que s’il n’avait pas la somme que les tueurs ont demandé, il devait le ramener à la commune. Il n’aurait pas dit qu’il allait le tuer lui même.

Témoignage d’un élève de BARAHIRA.

Témoignage de Monseigneur RUBWEJANGA qui était tant attendu par toutes les parties.

Le témoin est heureux de participer à ce témoignage.
Il dit avoir connu Ngenzi à deux occasions: Une fois lors d’une altercation. Un jeune homme du parti CDR qui avait agressé quelqu’un et quand il est arrivé, le bourgmestre apaisait la situation. La deuxième fois, c’est lorsque l’abbé Papias lui a raconté personnellement et a témoigné le dimanche 17 devant tout le monde que Ngenzi l’avait sauvé. Qu’il a échappé aux tueries de l’église de Kabarondo, qu’il s’est réfugié chez Ngenzi qui l’a protégé et qui a obtenu qu’il puisse l’accompagner à l’évêché contre l’argent qu’il devait donner aux tueurs.

Sur questions, il dit que les informations sur les tueries ne passaient pas facilement, sur le nombre de morts à l’église il l’estime à partir des présents avant les tueries. Sur la demande de rançon pour libérer Papias alors qu’il était hutu, il dit qu’ils ont du le prendre pour un tutsi. Et que c’était monnaie courante même Incimatata s’est racheté.

S’en suivra la lecture du texte qui a été écrit par l’évêque lui même en détaillant ce qu’il s’est passé dans la paroisse de Kabarondo et qui atteste du témoignage de Papias disant qu’il a été sauvé par le Bourgmestre. Qu’il n’a pas été agressé et vendu comme le dit l’accusation.