Procès Ngenzi/Barahira: Journée du 29 Mai 2018 (J14)

Audition de Silas MUTABARUKA. Audition de François HABIMANA en visioconférence. Nouvelles conclusions déposées par la défense. Lecture des PV d’audition de Jean-Pierre RWASAMIRERA, ancien conseiller de secteur de Kabarondo Audition de Noble MARARA, ex militaire de l’APR, chargé de sécurité de Paul Kagame, Auditions de la famille d’Octavien NGENZI.

L’audience commence par une remise en question de l’organigramme de la commune proposé par la défense, car celle contient « des erreurs selon l’avocat général ».

Cet organigramme dérange beaucoup l’accusation car on rappelle que près de la moitié des employées de M. Ngenzi à la commune étaient d’ethnie Tutsi. Notamment celles et ceux occupant les fonctions les plus importantes telles que secrétaire, dactylographe, chef brigadier etc. Cela est un peu contradictoire avec les accusations d’extrémiste qu’on veut lui attribuer.

Par la suite, le rejet du pourvoi en cassation de Pascal SIMBIKANGWA est également versé au dossier.

La matinée sera notamment marquée par les remarques de la défense à la cour, concernant le site du CPCR sur les comptes rendus « déloyaux et infidèles » pour reprendre les termes des avocats. Madame la Présidente et l’Avocat Général entre autres, demanderont à ce que leurs noms n’apparaissent pas sur ce site. Le président du CPCR semble alors très agacé de s’être fait réprimandé de la sorte !

Il faut dire que le CPCR ne cesse de violer la présomption d’innocence des accusés et tombe même parfois dans la provocation avec des caricatures inacceptables des accusés mais surtout un tri d’informations toujours orienté dans le sens de l’accusation. Par exemple, dans leur compte rendu du 29 mai (J14), ils ne disent rien sur le témoignage de Jean Pierre RWASAMIRERA, ancien conseiller de Kabarondo, décédé quelques mois avant le procès en première instance. Etonnant là aussi ! La présidente de la cour a pris le temps de lire les 10 pages des déclarations de ce témoin au combien important dans ce dossier, car témoin oculaire des événements qui ont précédé les tueries dans l’église, et dont les déclarations contredisent celles de l’Abbé INCIMATATA, qui est le témoin « clé » de l’accusation. Après lecture de compte rendu, vous comprendrez mieux pourquoi le CPCR a préféré ne rien dire sur son témoignage de ce conseiller, qui est décédé en prison peu de temps avant le procès en première instance. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues à ce jour.

Audition de Silas MUTABARUKA, paysan à l’époque des faits, habitait Cyinzovu.

Etait présent et a assisté à la réunion sur le terrain de football de Cyinzovu, où Barahira aurait demandé aux participants d’aller assurer la sécurité. Il précise tout de même que Barahira n’a incité personne à aller tuer les Tutsis. « Ceux qui avaient de mauvaises intentions ont interprétés cela comme tuer les tutsis » explique-t-il.

Ce témoin, va y aller de sa petite déclaration choc en déclarant avoir vu Ngenzi ce matin-là après la réunion. « Il nous a dit qu’on allait entendre des bruits vers 10h, mais qu’on ne doit pas s’inquiéter car cela concerne la sécurité. Il était dans sa camionnette blanche ». Raconte-t-il. Maître BOJ, l’un des avocats de M. NGENZI lui dira qu’il est le seul des nombreux « participants » à la réunion de football, à avoir vu Ngenzi ce matin-là. On lui rappelle également qu’il n’avait jamais fait cette déclaration dans ses précédentes auditions, il tente de le justifier en disant qu’on ne le lui avait pas demandé. Maître BOJ lui explique également que Ngenzi ne prenait jamais sa camionnette blanche mais circulait toujours avec la rouge. Le témoin campera sur sa déclaration.

Audition de François HABIMANA, 84 ans, cultivateur, en vidéoconférence.

Il commence sa déposition en expliquant ses problèmes personnels et en demandant de l’aide à la cour. « Si vous pouvez faire faire quelque chose pour moi ce serait le bienvenu » dit-il. Il explique n’avoir vu Barahira qu’une seule fois pendant le génocide lorsque ce dernier est venu lui demander de récupérer ses vaches qui avaient fui à son domicile. Il enverra son fils les chercher. Il nie avoir vu Barahira plus tard pendant les évènements. Il dit que ce dernier « vivait très bien avec les gens et qu’il aimait les tutsis. Sa femme était tutsi aussi ». Il n’a jamais entendu parler de la réunion du terrain de football. Il n’a jamais vu Ngenzi non plus.

La suite du témoignage peut se résumer en une seule phrase « J’ai déjà dit ce que j’avais à dire et c’est dans la machine. Je ne peux vous dire que ce que j’ai vu rien d’autre ». Les tentatives de l’avocat général, et même de Me BOURGEOT, avocate de M. Barahira n’y feront rien. Il ne répondra même pas aux questions simples comme « est-ce que cette personne est votre fils ? ». Ce témoin, décidément assez craintif de ce qu’il pouvait lui arriver s’il sortait du cadre de son témoignage initial, ne va pas nous rassurer quand à la libre expression des témoins au Rwanda.

Conclusions déposées par Maitre BOURGEOT, avocate de Tite BARAHIRA

Cela concerne l’absence de l’enquêteur de la GFTU (Génocide Fugitive Tracking Unit), qui travaille pour le parquet du Rwanda à la traque des présumés génocidaires. Le motif de son absence ? Introuvable car ne travaillerait plus à la GFTU et introuvable à son adresse. Ce dernier n’a pas donné suite au mail envoyé par maitre Bourgeot non plus. L’avocate de la défense veut que M. Méthode RUBAGUMYA soit localisé et cité par le parquet étant donné l’importance de son rôle dans le montage de ce dossier et dans le recueil des témoignages. « Cet homme a joué un rôle capital dans ce dossier car c’est lui qui a réalisé des auditions figurants dans la plainte du CPCR ». Explique-t-elle. L’avocat général tente de minimiser le rôle de cet « enquêteur » en disant que ce n’est pas un témoin mais uniquement un enquêteur. « On tente d’entrer par la fenêtre quelqu’un à qui on a fermé la porte ». Poursuivra l’avocat Général. Maitre Bourgeot rappelle alors l’importance de M. RUBAGUMYA au même titre que les deux enquêteurs français, déjà entendu à la barre.

« On rappelle que M. Griffoul transmettait les listes des témoins 24 à 48h à M. Méthode qui avait tout le temps d’aller voir les témoins et leur dire ce qu’il fallait dire ou non. De plus on sait pertinemment que le Rwanda n’est pas la France et qu’il a même été qualifié de l’ex RDA par l’enquêteur français. » Appuiera ensuite Maitre CHOUAI, avocat de M. NGENZI. Madame la présidente annonce qu’elle donnera sa réponse plus tard pendant les débats.

Lecture des PV d’audition de Jean Pierre RWASAMIRERA, ex conseiller du secteur Kabarondo

Ce dernier serait décédé en 2016, et on ignore les circonstances de sa mort à part qu’elle est arrivée pendant son incarcération.

Il explique en détail ce qui s’est passé à Kabarondo entre le 10 et les 13 avril 1994, jour des massacres à l’église. Il revient notamment sur la fameuse réunion de sécurité su 11, où l’abbé INCIMATATA situe le revirement de NGENZI dans le génocide. A cette réunion il aurait été décidé que Ngenzi aille chercher des renforts de gendarmes pour assurer la sécurité dans les autres secteurs autres que Kabarondo car eux n’avaient pas besoin de gendarmes. L’abbé et Rwasamirera sont alors partis à la réunion du marché de Kabarondo pour organiser la sécurité du secteur. A son retour, Ngenzi n’était pas d’accord avec les rondes dans le secteur pour ne pas créer de l’insécurité causé par les affrontements entre les assaillants et les Tutsis présents dans ces rondes. L’ex conseiller de kabarondo, explique même que cette décision lui a paru la plus juste car il n’y a pas eu d’insécurité particulier jusqu’au 13. Pour rappel, Incimatata explique que le fait que NGENZI se soit opposé aux rondes dans la ville justifie qu’il a basculé dans le génocide et qu’il n’y avait plus rien à faire. Avant cette date du 11, il n’a rien à reprocher à M. NGENZI, qui était un bon bourgmestre voire même son ami. Rwasamirera explique alors que si Incimatata n’avait pas été d’accord avec la décision prise à cette réunion, il l’aurait manifesté, or ce dernier n’avait pas contrarié car il n’a rien dit. Encore un rappel important, L’Abbé Incimamata déclare lui-même qu’il est retourné voir Ngenzi le 12 au matin pour lui demander d’enterrer quelqu’un et lui aurait même confié 7000FR. Etonnant non ! Rwasamirera poursuit en disant qu’il avait eu l’information que le 13 il allait y avoir une attaque à l’église et qu’il a été le rapporter très tôt à l’abbé INCIMATATA car c’était lui le responsable des réfugiés à l’église. Il ne met en aucun cas NGENZI car il dit que c’est une camionnette des militaires qui passait devant l’église, qui a été cherché les renforts militaires à Kibungo. Il était à 500m et a pu voir une vingtaine de policiers descendre d’un bus et armés lourdement (lance rockets, armes mitrailleuses). Selon lui la raison pour laquelle l’abbé cherche absolument à mettre la faute sur NGENZI, est qu’il y met des sentiments personnels car il y a perdu beaucoup de proches.

Audition de Noble MARARA, ex responsable de la sécurité de Paul KAGAME, réfugié en Angleterre

Le témoin, faisait partie de l’armée APR qui a attaqué le gouvernement de Habyarimana en 1990, puis en 1994, au moment du génocide. Il était responsable de la sécurité du chef de l’armée, Paul KAGAME. Il souhaite exposer son témoignage en suivant un plan composé de 4 points ;

Fonctionnement de la justice au Rwanda
La guerre de l’APR (Armée patriotique Rwandais)
Pourquoi les rwandais ont peur
Corruption dans le pays et les conséquences

1er point : fonctionnement de la justice dans le pays.

Il commence par dénoncer l’action de son armée (FPR) de poursuivre les réfugiés au Congo pour les exterminer, alors que l’objectif premier de l’armée était la paix. Il déplore ce fait, d’autant que la population s’était déjà entretuée et que l’armée APR avait été elle-même responsable de beaucoup de morts civils.

Ce qui rend la justice impossible au Rwanda selon lui, c’est la corruption, les vraies criminels et responsables du génocide remis en liberté pour les intérêts du pays. Ils enferment tous intellectuels qui veulent avoir des idées contraires au gouvernement. « En disant cela, je ne nie pas l’existence du génocide, au contraire, mais il faudrait que tous ceux qui ont eu un rôle dans ces tueries puissent un jour répondre de leurs actes » précise-t-il, en enchainant sur son deuxième point

2e point : Guerre de l’APR

Le témoin souhaite expliquer le fonctionnement et les techniques de « son armée » pendant leur offensive en 1994. Il parlera notamment du bataillon 157 dirigée par un certain Ruhingira, et qui est celle passée par la région de kibungo et plus particulièrement à Kabarondo. Il explique que l’APR avait fait infiltré des « militaires techniciens » dans chaque coin du pays. Il définit ces derniers comme « ceux qui avaient été formés pour commettre des exactions semblables à ceux des interahamwe pendant le génocide ». Il poursuit en expliquant que ces techniciens étaient parfois responsables des faits qu’on a imputés au pouvoir en place à l’époque, pour le déstabiliser un peu plus. « Je le dis pour que vous puissiez vous rendre du degré de responsabilité de tous, pour qu’on ne continue pas à juger qu’un seul côté » explique-t-il.

3e point : La peur qui règne dans le pays

Il enchaine sur ce troisième pont en dénonçant la manière dont le gouvernement dirige la population. Pour lui la population du Rwanda aujourd’hui est dirigée « comme on commande des militaires ». Il dénonce un pays où la population est dirigée uniquement par des ordres, qui est truffés de services de renseignements jusque dans les villages « Nyumba kumi ». On doit rapporter un audio ou vidéo qui ne va pas dans le sens de l’état, où quand on court on nous tire dessus etc. Il rappelle le trucage des votes dans un pays où même les ministres marchent la tête baissée. Pour rappel, Kagame a été élu à 99% aux dernières élections, et a mis en place un référendum lui permettant de briguer des mandants jusqu’en 2034. « Personne ne peut oser s’exprimer librement, quand tu refuses de dire des mensonges sur quelqu’un c’est toi qui devient coupable. » poursuit-t-il.

4e point : Corruption dans le pays

Il dénonce la pauvreté de la population Rwandaise, qui n’est pas aidée par la corruption qui existe dans le pays aujourd’hui. « Il y a eu plus de 70 % de la population déplacée à cause d’implantation des sociétés qui les font ensuite travailler pour des salaires misérables. « J’allie la corruption à la justice, car tout le monde préfère le carpe diem, pour protéger leurs intérêts ou pour qu’ils soient appréciés par l’Etat. Aujourd’hui, les gens qui ont joué un rôle dans les massacres ne peuvent rien dire et ne peuvent même pas quitter le pays. Certains préfèrent continuer à commettre des crimes pour faire plaisir à l’état. » conclura-t-il sa déposition.

En réponse aux questions de la présidente de la cour, il expliquera qu’il a dû fuir le Rwanda en l’an 2000, après avoir réussi à s’évader suite à 15 jours de détention. Il aurait été accusé d’avoir mis en danger l’intégrité physique du président, avoir parlé aux inconnus et avoir détenu un canal radio non identifié.

Il refuse de parler de chiffres. « Continuer à avancer les chiffres dont a aucune certitude, n’est pas aller dans le sens de la réconciliation. Puisque l’état continue à déterrer les fouilles chaque année en trouvant de nouveaux corps, comment expliquez-vous que les chiffres n’aient jamais évolués ? » s’explique-t-il.

Un des avocats des parties civiles tente de décrédibiliser propos précédents en disant que plusieurs témoins, venus du Rwanda ou d’ailleurs, sont venu témoigner « librement » et ont refusé de charger les témoins. M. MARARA répond en disant que ce serait une très bonne nouvelle, mais qu’il faudrait attendre de voir la suite et l’avenir qui leur serait réservé. De plus, il explique que parfois certains témoins peuvent être utilisés comme atouts par le parquet Rwandais, pour justifier un semblant de justice et de liberté, afin d’obtenir des extraditions par exemple.

Maitre Bourgeot, ne manquera pas de rappeler qu’il n’y a qu’un seul témoin venant du Rwanda qui a refusé de charger son client, et qu’on aurait dit qu’il n’était pas très content d’être là.

L’avocat général tentera de le ramener sur le sujet des chiffres et du nombre des victimes en 94. Il explique tout simplement que les chiffres de 800K et 1M de morts sont des chiffres « officiels » sonné par l ‘état, mais qu’en tant qu’individu il ne peut donner de chiffre. « Avant la guerre la population était de 7M. S’il y a eu 1M de morts au Rwanda, peut être 2M de morts dans les camps de réfugiés, alors qu’aujourd’hui la population est apparemment de13M, vous comprenez qu’il y a un problème. D’où viennent ces gens ? La fertilité des Rwandais est telle que nous avons triplé en 24ans ? » Déclare le témoin.

M. Epstein, avocat de M. NGENZI, tente d’avoir des explications sur les conditions de vie de l’armée du FPR pendant la période de1990 et 1994. Il donne tellement de détails que la présidente sera obligé de l’interrompre pour ne pas s’éloigner du débat. L’avocat tente de comprendre ce qu’était la radio Muhabura et le contenu de ses diffusions. « C’était une radio qui appelé les habitants à se désolidariser de l’état. On y passait des chants truffés d’insultes envers le gouvernement en place. De l’autre côté on nous traité d’Inyenzi, c’était une sorte de compétition ce n’était pas vraiment destinés aux informations. » éclairera-t-il.

Il reviendra sur les menaces dont il a récemment fait objet en Angleterre. « Les policiers chargés de ma sécurité m’ont demandé de ne pas aller au travail pendant quelques jours. Ils m’ont dit que la menace provenait de mon pays, mais ils ne m’ont pas dit si cela venait du président lui-même.

Audition de la famille NGENZI

Lambert, 34 ans, Le fils ainé de NGENZI Octavien

Après avoir déroulé son identité, il rend hommage aux victimes du génocide en dénonçant cette tragédie puis il a énuméré les membres de sa famille qui sont morts pendant le génocide.
Il parle en suite de son père, le père qu’il était, jamais violent « il n’a jamais levé la main sur moi » dit-il, « pourtant j’en ai fait des bêtises lorsque j’étais petit ». Il poursuit en disant que ce père a gardé ce tempérament, il a continué à éduquer ses enfants malgré les difficultés et les longues séparations vécues. Il continue jusqu’à aujourd’hui à leur donner des conseils par lettres et aussi lors des parloirs. « Nous lui rendons visite toutes les semaines » dit-il. Il explique que NGENZI n’a jamais été raciste et qu’il n’a jamais fait la différence entre les hutus et les tutsi. D’ailleurs quand il était petit avec ses petits frères et sœurs, ils jouaient avec les enfants des voisins, les enfants de MUTESI Médiatrice, ceux de KAJANAGE et les enfants de GORETTI, une voisine également tutsi. Il explique que petit, il ne savait pas s’il était hutu ou tutsi. « Les parents ne nous ont jamais parlé de ça ».

Il raconte ensuite une anecdote pour montrer que son père était traité comme un infiltré du FPR. Il raconte l’épisode où son père se fait agresser à RUSUMO. Il raconte ensuite qu’une fois dans le camp de réfugiés à BENACO, à la citerne où il est allé puiser de l’eau, il a croisé trois hommes qui l’ont insulté en disant, « vous voyez comment il est ? C’est le fils du bourgmestre qui n’a pas voulu tuer les tutsi comme tout le monde, mais en voyant son fils on comprend pourquoi car c’est un tutsi aussi. Mais ne vous inquiétez pas on finira par vous exterminer ». En rentrant à la maison, il a raconté cela à son père et ce dernier lui a dit de faire attention, que la prochaine fois qu’il les croise il change de trottoir, qu’ils n’avaient rien à avoir avec ce gens-là.

Il a la conviction que son père est innocent car il n’a jamais eu de haine envers les tutsi comme lui-même vient d’une famille mixte. Il donne des exemples des choses qu’il a fait comme : donner des pièces d’identités où l’ethnie était changée en « hutu » pour permettre aux tutsi d’échapper à la mort, il transportait les blessés à l’hôpital, il a hébergé des réfugiés à la maison etc. Il raconte comment sa mère madame NGENZI lui demandait d’apporter à manger à la femme de KAJANAGE qui s’était réfugiée dans le bureau communal avec ses enfants.

Il raconte le chemin de l’exil, qu’ils ont fui vers KIGARAMA où ils ont passé quelques jours avant de partir vers RUSUMO. C’est là-bas dans l’AKAGERA qu’il aurait vu des morts qui flottaient.

Questionné sur la situation lors de la fuite vers la TANZANIE, il explique que sur la route c’était difficile. Les gens étaient entassés, ça ne roulait pas bien.

Il était désolé de s’être marié sans pouvoir avoir son père à ses coté. Alors qu’il était à deux heures seulement. Il compte sur la justice pour voir que son père est innocent.
M. Epstein lui demande s’il souhaitait dire un mot à son père « Tu sais que ce n’est pas facile à dire pour un homme mais je te dis que je t’aime papa ». Lancera-t-il avec émotion.

Audition de Bellacilla, 58 ans, femme de NGENZI Octavien

Madame NGENZI, après s’être présentée à la cour et après les avoir salué, elle a une pensé pour les ceux qui ont perdu leurs proches et ceux qui sont morts pendant le génocide. Son mari est enfermé depuis déjà 8 ans et que c’est très difficile pour elle de vivre sans lui. Qu’elle a dû occuper le rôle du papa et celui de la maman avec tous ses enfants et d’autres enfants qu’elle a élevé. Elle a dû travailler très dure, faire des formations pour toujours pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.

Concernant les éléments d’accusation sur son mari, elle ne voudrait pas qu’il paye pour ce qu’il n’a pas fait. « Ce qu’il s’est passé, ce n’est pas mon mari qui en est responsable ». Sur la défense de son mari, elle parle de la difficulté à obtenir des témoins à décharge venant du RWANDA. Car les gens n’osent pas venir dire une vérité qui peut innocenter les accusés de génocide. Si son mari n’a pas pu sauver les victimes de génocide de sa commune, c’est parce que c’était le chaos. « Mon mari me racontait ce qu’il se passait, que les choses devenaient difficiles et que tout l’autorité était perdu et entre les mains de ces tueurs qui étaient devenus des animaux. Il était dépassé par les événements.

« Ngenzi voulait tout faire pour qu’il y ait le moins de morts possibles dans sa commune et pour qu’au moment du retour au calme, sa commune n’ait pas perdu beaucoup de monde. D’ailleurs il se disait sur la radio MUHABURA que le bourgmestre de KABARONDO résistait aux tueurs, c’est que quelqu’un a dû leur souffler le mot. Malheureusement cette information aurait mis une puce à l’oreille des tueurs qui se sont activés pour venir tuer eux même car NGENZI ne faisait rien. » explique-t-elle.

Sur le ravitaillement des réfugiés de l’église, elle explique que le curé a pu venir chercher des légumes dans son jardin pour les réfugiés.

Sur la relation avec RWAGAFILITA, elle explique que c’était une personne qui était bien au-dessus de leur niveau qu’ils ne le fréquentaient pas.

Sur la présence de réfugiés à leur domicile, elle explique que le 12 avril il y avait la femme de MPAMBARA (ancien Bourgmèstre de Rukara) et qu’elle est partie le 13. D’autres réfugiés de l’église qui sont arrivés le soir après les tueries.

Sur la rançon donnée pour sauver l’abbé Papias, madame Ngenzi explique qu’elle a donné de l’argent à son mari pour atteindre le montant qu’avait demandé le militaire. L’évêché avait trouvé une partie, et Ngenzi a dû le compléter sinon les militaires allaient attaquer l’évêché. L’accusation essaie de dire que NGENZI aurait lui-même soutiré de l’argent aux évêques. L’avocat parle d’un article où on dit que NGENZI se serait enrichi vite. Sa femme explique que pendant le multipartisme, les partis de l’opposition écrivaient tout et n’importe quoi pour décrédibiliser d’autres partis. Elle pense que c’est dans ce cadre que cela aurait été écrit. Elle ajoute que s’il s’était enrichi sur le dos de la population, les contrôleurs financiers l’auraient identifié et il a toujours été propre à ce sujet. Elle rajoute que NGENZI avait des crédits à la banque comme tout le monde et s’il avait été riche il n’en aurait pas eu besoin.

Sur la l’état d’esprit de NGENZI le 13 au soir, il était tétanisé. On lui demande si elle a été voir à l’église après les massacres, elle explique que tout le monde était apeurée, ça aurait été un gros risque d’aller là-bas car elle-même était visée comme tutsi, elle était enceinte donc vulnérable avec ses enfants en bas âge. Pour finir sa déposition spontanée, madame NGENZI lit un passage du livre « n’épargnez pas les enfants » où il est indiqué qu’« à Kaberondo (plutôt Kabarondo) dans la Préfecture de Kibungo, le bourgmestre hutu a tué sa propre femme tutsi, et leurs enfants, devant l’ensemble de la population de la commune, pour l’exemple », ( p. 52). Ce livre est sorti en 2009 juste avant l’arrestation de NGENZI. Il été coécrit par IBUKA, une association qui est parti civile dans le procès de son mari, Louise MUSHIKIWABO, l’actuelle ministre des affaires étrangères au RWANDA, le MRAX Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et d’autres. Ceci montre à quel point il y a des mensonges dans ce type de procès du côté des plaignants. Le public qui connait ce livre et son contenu a été étonné du fait que l‘argument de madame NGENZI soit balayé en disant que c’était une confusion dans le livre, qu’on parlait plutôt du bourgmestre de la commune de KIBUNGO. Or, au RWANDA, il n y a pas une commune qui s’appelle KIBUNGO. L’avocat de M. Ngenzi ne manque de faire rappeler la présidente qu’elle cela n’est que sa propre opinion et que ce n’est qu’une interprétation qu’elle fait. Cliquer sur la une et la p52 où se trouve l’extrait et faites vous même faire votre propre opinion.

Pour finir, Justine, une des filles de NGENZI s’est exprimée sur les torts causés par l’absence de leur père dans la vie de famille. Elle a également dit que son NGENZI a essayé de protéger sa population comme il a pu avec les moyens qu’il avait. Malheureusement beaucoup de gens sont morts mais ce n’est pas lui le responsable.