Procès Simbikangwa:Quelle raison pousse-t-elle un homme à mentir de façon flagrante devant une cour d’Assise ?

« Le viol, arme du génocide : « Il raconte comment, au Rwanda, l’idéologie génocidaire s’est développée autour d’une vindicte spécifique contre les femmes Tutsi, « qui portent la race honnie».  «Violer une Tutsi, c’était un rite d’initiation chez les jeunes Hutu déjà extrémistes, un peu comme le mythe, chez les Masaï, qu’on devient un homme en tuant un lion. Le plus extraordinaire c’est que que la plupart des dignitaires du régime avaient eux mêmes des femmes Tutsi, comme Théoneste BAGOSORA ou Pascal SIMBIKANGWA. Les filles Tutsi vivaient dans la peur du viol, nombreuses parmi elles ne parvenaient pas vierges au mariage « , Jean-François DUPAQUIER , 10 février 2014 lors du procès Ntibikangwa Pascal aux Assises de Paris.

En lisant ce passage du sieur Dupaquier une question m’est venue à l’esprit : de quel pays parle-t-il ? Il ne peut pas s’agir du Rwanda que j’ai connu et dans lequel j’ai vécu ! Puis, je me suis dit : « s’il s’agit du Rwanda, quelle raison pousse-t-elle un homme à vendre son âme au diable et à mentir de façon flagrante devant une cour d’Assise ? Est-ce une demande de sa bien-aimée ? Est-ce un service rendu moyennant paiement ? Nous n’aurons pas de réponse à toutes ces questions malheureusement.

Ce témoignage, si on le regarde de plus près, n’est pas seulement un témoignage contre l’accusé qu’est M. Pascal Simbikwangwa, mais une charge contre tous les Hutus, qui, d’après M. Dupaquier étaient déjà extrémistes mais devaient accomplir ce soi-disant rite initiatique de violer une femme Tutsi pour ainsi confirmer leur maturité dans l’extrémisme.

Une telle vision, dénuée de tout fondement et de sens de la mesure, est symptomatique d’un racisme avancé au point de rendre maladif. La haine que ce monsieur porte à l’égard de la population hutue l’a tellement aveuglé qu’on se demanderait si d’après lui, il a déjà existé un amour sincère entre Hutus et Tutsies. Et si tous les Hutus vivant avec les femmes Tutsies avaient dû exécuter un rite initiatique de viol de ces mêmes femmes, qu’en est-il des blancs qui ont épousé les mêmes femmes Tutsies ? Ce « privilège » serait-il réservé aux seuls Hutus ou serait-il partagé par tous les mâles non Tutsis qui épousent des Tutsis ? Je serais tenté de dire qu’il serait réservé aux Hutus quand je me rappelle aussitôt qu’il est aussi réservé aux militaires français de l’opération turquoise ! Mais, je me reprends aussitôt et me dis là-aussi mensonge. Je me rappelle quand ces mêmes militaires après avoir partagé de la bonne bière avec de jolies filles rescapées que ces militaires venaient de sauver et rassembler à Murambi de Gikongoro (et peut-être ailleurs), et probablement après avoir partagé autre chose que la bière, ces militaires se livraient à une véritable chasse aux « Interahamwe » que leur indiquaient souvent ces mêmes filles, lesquels « Interahamwe » étaient ligotés, dépouillés de leurs papiers d’identité, puis conduits par hélicoptères pour être largués dans la forêt de Nyungwe ou au-dessus de certains villages où de toutes les façons leur sort était quasi le même. Dans Nyungwe ils étaient dévorés par les bêtes sauvages ou morts de faim puisque ligotés et ne pouvant pas se nourrir et dans les villages, ils étaient cueillis par les villageois et traités comme des ennemis infiltrés  et livrés à la vindicte populaire puisque sans papiers d’identité. Et après, l’on nous dit que non seulement ces femmes qui partageaient gaiement la bière et montraient aux militaires français leurs « bourreaux » pour exécution sommaire étaient violées, mais aussi ces « miliciens » livrés à la mort par les militaires français étaient des Tutsis que les Français tuaient dans leur projet de soutien au génocide.

Mais de tout ça, ce qui m’étonne c’est que personne, parmi les Tutsis rescapés voire parmi les filles ayant eu des relations sincères avec leurs compatriotes d’ethnie hutue, ne lève son petit doigt pour dénoncer ces mensonges et ces amalgames. On finit donc par se demander s’ils partagent tous cette vision raciste des blancs menteurs et leurs nègres (ou négresses) de service.

Il ne reste qu’aux incriminés de se lever et de défendre leur honneur ou alors d’accepter d’être continuellement trainés dans la boue jusqu’à la fin de leurs jours.

Emmanuel Mwiseneza,

12 février 2014