Que ton règne cesse…

À entendre ton prénom, beaucoup de chrétiens pensent immédiatement conversion. Celle d’un dévoyé qui reprend le bon chemin et qui arrête de persécuter le peuple (de Dieu). Il était Shaül, il devint Paul. On aurait cru qu’après les exécutions de Basiima House en Ouganda, ta soif serait à jamais éteinte. Qu’après avoir pris la place de Gisa, tu te sentirais suffisamment fort pour étaler une magnanimité de chef. On a surtout eu le tort de croire que tu te démarqueras vraiment de ce que tu nommais dictature et que rien de ton règne ne rappellera ni Idi Amin ni Saddam Hussein. Tu as roulé tout le monde dans la farine, à commencer par ceux qui t’ont fait roi : avant de t’en prendre à tes « ennemis », tu as saigné les rangs de tes Inkotanyi, les mêmes qui protégeaient tes arrières. Partis dans les étoiles Kayitare le lion que tu redoutais tant, mais aussi les S. Byaruhanga, T. Gashumba, S. Kalisoliso, S. Biseruka, D. Muvunanyambo et, tout récemment P. Karegeya. C’était juste le début de ton hara-kiri ; kwikora mu nda comme on dit chez nous…

L’appétit venant en mangeant, le tiens est curieusement venu en versant d’une manière irréfléchie le sang de tes compatriotes. Que de localité n’as-tu traversé sans ordonner à tes techniciens de ligoter des paisibles et innocents citoyens ? Tiens, les cordes et toi c’est décidément un très vieil amour ! Akandoya. Alors qu’un illustre guerrier du Rwanda ancien (Sezisoni de son vrai nom) a importé du Bwishaza la culture des petits pois, tu n’as rien trouvé de mieux que d’emmener cette culture de kufanyia ; littéralement, « arranger la tronche de quelqu’un ». Le tuer sans autre forme de procès. Non satisfait, tu vulgarisas le gafuni, cette maudite houe usée qui fait trembler des Rwandais longtemps habitués à rendre l’âme dans leurs nattes (urw’ikirago). Vieux et tout jeunes, aucune catégorie ne fut épargnée par la férocité de tes sacrilèges. Monseigneur Nsengiyumva (et ses pairs) à Gakurazo ; même Sheja, dans son ingénuité, ne put pas échapper… Arrivé dans la capitale, tu as convoqué des réunions et tous ceux qui y ont assisté n’ont plus jamais revu le soleil. Sous tes ordres, on les a massacré. Tous.

L’apothéose, tu l’auras toutefois quelque part dans les forets denses de nos voisins, où ta soldatesque « génocida » plus de 300 000 personnes qui ne demandaient qu’à s’éloigner de ta main anormalement lourde. Oui, 300 000 Rwandais… en plus des millions de Congolais qui, eux, ne t’avaient rien demandé. Rien du tout alors. C’est dès ce jour-là que ta crédibilité fut définitivement entamée et que personne tu ne peux plus juger. Personne. Bien sûr que tes armuriers et autres bailleurs de fonds t’ont laissé faire, fermant même les yeux lorsque tu t’en prenais aux leurs tels les pères Guy Pinard, Claude Simard et François Cardinal. Ou encore le père Joaquim Valmajo, le Docteur Manuel Madrazo, Flores Sirera Fortuny et Luis Valtuena Gallego. La justice espagnole (bientôt sans doute celle de La Haye) te cherche, elle finira, tôt ou tard, par te rattraper car tu n’es plus le chasseur, tu es désormais le pourchassé. Tu n’accuse(ra)s plus, c’est toi l’accusé. Tu peux, comme tu l’as déjà fait, célébrer ton dernier forfait ; profites aussi de l’anniversaire de tes 20 ans au sommet du crime. La suite risque d’être amère.

Tous ceux que tu as embastillés feront leur temps et comme tu ne régneras pas ad vitam aeternam, prépares-toi à purger le reste des peines que tu leur a infligé. Ça fait combien ? Perpète pour Mushayidi, plus 15 ans pour Ingabire, plus toutes les années que n’auront pas fait tous les autres compatriotes qu’injustement tu as renvoyé derrière les barreaux. Mine de rien, le temps file et tes potes d’Occident ont fini par savoir. Que tu n’es pas fiable, que tu les a arnaqué. Que tu zigouilles à tour de bras. Que la fortune de Mobutu, à côté de la tienne c’est… des miettes. Que et que… Oui, ils t’ont démasqué et comme le virage de leur paquebot prend du temps, tu ferais mieux d’être umunyarwanda et de demander pardon. Oui, les temps qui t’attendent seront exécrables.

Comme ces versets sataniques que tu as insolemment distillés après que tes cordelettes eussent « parlé » en Afrique du sud en ce janvier 2014. Le nation a peur, le peuple a faim. Les voisins nous mésestiment, les amis nous fuient tandis que tu transformes le pays en république kigurubienne. C’est dire que l’avenir est tout ce qu’il y a de plus sombre. Alors, cher dictateur qui es artificieux, que ton nom soit opacifiée et… que ton règne cesse.

Cecil Kami