RDC:Attentat manqué contre Tshisekedi?

Etienne Tshisekedi, président national de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) a échappé à un attentat le lundi 08 octobre 2012 au beau milieu de la journée (13 heures), dans sa résidence de la rue Pétunias, dans la commune de Limete. C’est ce qu’annonce un communiqué daté du mardi 09 octobre et parvenu au Phare sous la forme d’une « Déclaration politique », signé Bruno Mavungu, Secrétaire général intérimaire du parti.

Le coup manqué serait, selon la même source, l’œuvre d’ «un commando constitué de trois éléments armés, identifiés comme agents de l’ex-Demiap (Service de Détection Militaire des Activités anti-Patrie)… Le peloton chargé de l’exécution sommaire d’Etienne Tshisekedi, loin des regards indiscrets, a été surpris lors des derniers réglages de leur forfait dans un immeuble abritant l’école privée ECAM, dans la concession voisine à la résidence du «Lider maximo».

A en croire le Secrétaire général intérimaire de l’UDPS, « ce coup a été déjoué grâce à la vigilance de l’Unité Spéciale de Sécurité commise à la protection de la résidence du président élu par la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo), qui est en possession du rapport complet des faits ».

Selon le constat établi par l’antenne de surveillance de la Monusco, les individus arrêtés étaient « porteurs des pistolets de fabrication italienne au numéro de série H 710387 ; N 885298 et A 7101927». Les trois suspects répondraient au signalement de capitaine, lieutenant et simple soldat.

Peu après leur neutralisation et mise aux arrêts, ils ont été remis à la police qui s’est présentée peu après à la résidence d’Etienne Tshisekedi. Quant à ce dernier, il se reposait tranquillement dans sa maison, où ses proches le considèrent comme étant en « résidence surveillée » depuis l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. Car, depuis cette date, il n’est plus libre de ses mouvements. Il ne peut quitter sa résidence que pour des raisons majeures et avec l’autorisation préalable des autorités compétentes.

Dans sa prison dorée, il se trouve sous la haute surveillance d’une équipe d’éléments de la Police Nationale Congolaise, 24 heures sur 24, assistée de l’Unité Spéciale de Sécurité de la Monusco. Depuis presqu’une année, l’entrée et la sortie de la rue Pétunias, dans le secteur de la 1Ome Rue Limete, sont bouclées en permanence et les mouvements des personnes en partance pour la résidence de Tshisekedi ou en provenance de celle-ci sont sérieusement filtrés.

La nouvelle de la tentative d’assassinat sur sa personne s’est répandue comme une traînée de poudre à travers la ville, provoquant du coup un terrible choc dans les milieux des cadres et combattants de son parti.

Dans la sphère dirigeante de l’UDPS comme au niveau de la « base », ce coup fourré avorté est perçu comme l’oeuvre d’une main noire proche du pouvoir. D’aucuns pensent que son élimination physique serait commanditée par ceux qui voient d’un mauvais oeil son rendez-vous du samedi 13 octobre 2012 avec le président français François Hollande, à la résidence de l’ambassadeur de France à Kinshasa. Le franc parler de Tshisekedi et les dossiers du contentieux électoral qu’il détiendrait feraient peur aux auteurs des tripatouillages électoraux de novembre 2011, surtout que le locataire de l’Elysée a déclaré qu’il venait à Kinshasa pour tout dire et tout entendre. Vainqueur non proclamé de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 car victime d’un hold up électoral, le plus célèbre opposant congolais fait figure, aux yeux de ses partisans, de témoin gênant au sein de la classe politique congolaise dont la plupart d’acteurs ont accepté de passer l’éponge sur les fraudes électorales de l’année dernière. En continuant de réclamer la vérité des urnes, le président national de l’UDPS dérange.

A la lumière de cet attentat manqué, le Secrétaire général Bruno Mavungu demande au peuple congolais « de rester mobilisé et de répondre, massivement aux mots d’ordre et programme d’actions arrêté par le parti dans le cadre de la mobilisation générale contre imposteurs…». L’UDPS invite la communauté internationale à « se rendre plus préoccupée et plus consciente du danger que représente, pour la survie de la Nation congolaise, le groupe sous les ordres » de ceux qui veulent gouverner par les armes. En guise de conclusion, ce parti « considère ce cas malheureux comme une énième distraction des traîtres à la patrie ».

direct.cd