Rébellion du M23: Mwenze Kongolo accuse le Gouvernement de trahison

L’ancien ministre de la Justice sous Laurent Désiré Kabila, Mwenze Kongolo a dénoncé, lors d’un point de presse ce lundi 13 août à Kinshasa, «la énième agression de la RDC par le Rwanda et l’Ouganda, sous couvert de la rébellion du M23». Il a estimé que, dans la gestion de cette situation, le gouvernement congolais a affiché plusieurs comportements qui frisent la trahison.

«Des gens avaient signalé bien avant que les Rwandais étaient entrés chez nous. Le Gouvernement avait refusé cela. Il parlait de mutins et pendant longtemps, alors que nous tous nous disions que c’était Kagame qui [agissait] là», a fait remarquer Mwenze Kongolo.

Pour lui, il s’agit d’un comportement qui frise la trahison. «J’avais déposé une fois une plainte contre la Rwanda à La Haye. Après mon départ du ministre de la Justice, on a envoyé feu Kisimba (Honorius) retirer cette plainte», a-t-il rappelé.

«Vous rappelez l’affaire de Mutebutsi et les autres. Ils sont partis, et la Gouvernement n’a rien dit» a-t-il poursuivi. Jules Mutebutsi, colonel dissident des FARDC, avait occupé la ville de Bukavu (Sud-Kivu) pendant dix jours, fin mai – début juin 2004. En août 2005, les autorités rwandaises avaient annoncé avoir reçu sa demande d’asile pour lui et pour ses trois cent cinquante hommes de troupe.

Pour illustrer cette «trahison de tout un peuple», Mwenze Kongolo a aussi évoqué le cas de Laurent Nkunda, ex-leader du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Il est officiellement recherché par les autorités congolaises pour formation d’un mouvement insurrectionnel, mais assigné à résidence au Rwanda, depuis le 22 janvier 2009.

«Le Gouvernement nous a promis qu’on l’aimerait ici [à Kinshasa]. On n’a rien fait !», a déploré l’ex-ministre de la Justice, parlant au nom de «patriotes kabilistes de M’Zee».

Outre l’aspect diplomatique, selon la même source, il faut «que le Gouvernement prenne en charge en bonne et due forme les militaires au front. Que ceux qui se battent arrivent à sentir que le Gouvernement est derrière eux !».

Mwenze Kongolo n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’attitude du gouvernement congolais face à ce qu’il appelle l’agression rwandaise :« C’est une gestion calamiteuse. Il y a complètement manque de direction, manque de position, manque de déclaration forte, manque de condamnation d’un acte aussi odieux ! Cela frise la trahison »

Il préconise une action diplomatique vigoureuse, particulièrement en direction des alliés du Rwanda comme les Etats-Unis. Mais quand on rétorque à Mwenze Kongolo que c’est quand même son camp, avec Kabila père, qui avait fait entrer l’armée rwandaise à Kinshasa en renversant Mobutu. « Le loup dans la bergerie », en quelque sorte

« Vous mettez toujours ça en exergue. Vous oubliez que c’est nous-mêmes qui leur avons dit : maintenant c’est terminé, rentrez chez-vous », répond-t-il.

L’ancien compagnon de route de Laurent Désiré Kabila ne croit pas du tout aux résolutions prises à Kampala par les chefs d’Etat des Grands Lacs. « Ils ont parlé d’une force neutre, que nous tous savons qu’elle ne viendra jamais », ajoute-t-il

Enfin, Mwenze Kongolo identifie l’origine du problème selon lui. « Le problème dans cette région, c’est Monsieur Kagame en fait. C’est lui ! Monsieur Kagame. Si Kagame n’est plus là, la région sera plus calme ».

Le porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, a promis de réagir à toutes ces accusations de Mwenze Kongolo, ce mardi 14 août, au cours d’un point de presse.

Source: Radio Okapi et RFI