Recep Tayyip Ergodan et Paul Kagame, quel lien ? Deux poids deux mesures par l’UE?

Recep Tayyip Ergodan et Paul Kagame, quel lien ?

Depuis quelques jours, l’actualité en Europe est dominée par des incidents diplomatiques entre certains pays membres de l’Union Européenne et la Turquie dont le président s’appelle Recep Tayyip Ergodan. La Turquie qui organise sous peu un référendum qui, si le oui remporte, verrait l’instauration d’un régime présidentiel fort dans ce pays en remplacement d’un régime parlementaire actuel. Cette quasi crise diplomatique est provoquée par le refus de certains pays européens de permettre aux membres du gouvernement actuel turque de venir tenir meeting sur leurs sols qui accueillent beaucoup de citoyens turcs et donc des électeurs potentiels, en faveur du oui au référendum proposé par le président Ergodan. Ces pays dont en première ligne on retrouve les Pays Bas, l’Allemagne mais aussi la Belgique à travers les institutions européennes qu’elle abrite, avancent qu’il ne serait être question de permettre une campagne en faveur d’une dictature sur leurs sols.

Presque au même moment, les dignitaires d’un régime d’un autre pays s’empressent en Europe pour tenir des meetings en faveur du plébiscite d’un président au pouvoir depuis 23 ans et qui a récemment amendé la Constitution pour pouvoir rester président à vie. En effet, Paul Kagamé du Rwanda après avoir tenu lui-même plusieurs meetings dans ces pays européens sous forme des « Rwanda Day » entend cette fois-ci envoyer ses propagandistes les tenir dans la capitale européenne où le turc Ergodan est banni. Non seulement les meetings vantant le dictateur Paul Kagame se tiendront dans ces mêmes pays mais aussi les rassemblements auront lieu non dans des lieux privés ou des places publiques mais dans des sièges des institutions étatiques.

Ainsi, le 24 mars 2017, une forte délégation de hauts dignitaires du régime du FPR de Paul Kagame tiendra meeting au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Bruxelles, Rue de la Loi,6. Ce sera l’occasion à l’extrémiste, le prêtre catholique défroqué Jean Damascène Bizimana, actuel président de la « Commission de Lutte contre le Génocide » (en fait « …de lutte contre les opposants hutu ») qui fera le déplacement de venir déverser son venin dans l’hémicycle du Parlement belge. Il sera flanqué du non moins extrémiste Jean Paul Dusingizemungu au titre de « Ibuka » ce syndicat de délateurs et de chasseurs de hutu. Comme on peut le constater dans la lettre d’invitation, le meeting sera encadré par des politiciens belges (comme la député socialiste Christiane VIENNE, Pierre Galant ou encore Philippe Plumet), des universitaires longtemps connus pour leurs sympathies ou même l’adhésion au FPR de Paul Kagame (comme Jean Philippe Schreber, Anne Morelli de l’ULB ou encore Virginie Brinker venue de Franceetc…).

Voilà pourquoi, revenant sur le titre de l’article, l’on peut se demander quel lien existe entre le cas Ergodan et le cas Kagame. En étudiant ces deux cas, on se rend compte que la cohérence et la bonne foi ne sont pas le fort de certains états de l’Union Européenne. Ce qu’on refuse à Recep Ergodan en invoquant certains principes, on l’accorde à Paul Kagame pour qu’il vienne fouler aux pieds ces mêmes principes dans les enceintes de leurs parlements mêmes. Reste à savoir pourquoi. Nous cherchons encore !

Emmanuel Neretse