Reynders part écouter et non jouer les médiateurs

Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, entame dimanche une visite d’une semaine en République démocratique du Congo et au Rwanda, deux pays à couteaux tirés en raison du soutien présumé de Kigali – qui conteste en dépit d’un rapport d’experts de l’ONU – à une nouvelle mutinerie dans l’est de l’ex-Zaïre, mais avec la volonté d’écouter les deux parties, sans toutefois aller jusqu’à une « médiation ».

Cette visite était, pour son volet congolais, prévue dès le premier séjour de M. Reynders à Kinshasa, fin mars, en tant que chef de la diplomatie belge. Il souhaitait voir d' »autres régions et d’autres réalités » de ce vaste pays, a-t-on expliqué jeudi de sources diplomatiques.

Même si des dossiers bilatéraux seront abordés tant à Kinshasa qu’à Kigali, cette visite sera toutefois dominée par la situation dans l’est, où le mouvement mutin du 23 Mars (M23) a pris les armes en avril, s’emparant d’une bonne partie du territoire de la province du Nord-Kivu et obligeant quelque 250.000 personnes à fuir les combats.

Ces mutins, essentiellement tutsis, sont pour la plupart issus du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP) et avaient été intégrés aux Forces armées de la RDC (FARDC) après un accord avec Kinshasa le 23 mars 2009. Ils accusent le gouvernement de ne pas avoir respecté les dispositions de cet accord.

A Kinshasa, M. Reynders aura des entretiens avec des responsables congolais, dont son homologue Raymond Tshibanda, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, et peut-être avec le président Joseph Kabila, ainsi que des représentants de l’opposition politique et de la société civile. Il rencontrera aussi le « patron » de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), le diplomate américain Roger Meece.

Il se rendra ensuite à Lubumbashi, le chef-lieu de la province du Katanga (sud-est), qui abrite des sociétés minières et le siège de la compagnie aérienne Korongo, filiale de Brussels Airlines.

Le ministre terminera son séjour par Bukavu et Goma, les chef-lieux des deux Kivu, les deux provinces les plus instables du pays, qui abritent encore de nombreux groupes armés.

Il se rendra ensuite à Kigali, pour rencontrer notamment son homologue rwandaise, Louise Mushikiwabo, et sans doute le président PaulKagame.

Cette visite vise à « essayer de calmer les choses », d’inciter les deux parties à « maintenir un dialogue », en « écoutant les arguments de part et d’autre », a-t-on indiqué aux Affaires étrangères.

La Belgique n’envisage ainsi actuellement pas, contrairement à certains de ses partenaires européens, de suspendre son aide au développement au Rwanda (160 millions d’euros sur trois ans). Mais elle a, comme souvent, mis la question de l’est du Congo à l’agenda européen, a-t-on souligné de sources diplomatiques.

Le fait que le Rwanda ait répondu au rapport du groupe d’experts de l’ONU est ainsi considéré comme « un signe positif » à Bruxelles.
M. Reynders lui-même a régulièrement appelé le Rwanda « afin qu’il confirme qu’il est disposé à ne pas être un acteur du problème mais bien de la solution », qu’il assure « un meilleur contrôle de la frontière » et « empêche tout soutien aux mutins ».
Certains parlementaires, dont ceux d’Ecolo encore jeudi, réclament du gouvernement fédéral qu’il adopte une attitude « plus ferme » vis-à-vis du Rwanda. Une sénatrice Open Vld, Nele Lijnen, a quant à elle souhaité que la Belgique cesse sa coopération militaire – limitée – avec le Rwanda.

L’ancien chef de la diplomatie belge, Louis Michel, un libéral comme M. Reynders et qui siège comme eurodéputé – il est ainsi co-président de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE -, s’est rendu à Kinshasa et à Kigali où il a rencontré tant M. Kabila que son homologue rwandais. « Il a informé le ministre de sa mission » de bons offices – qui ne semble cependant pas avoir débouché sur une avancée spectaculaire -, reconnait-on aux Affaires étrangères.

Avec Belga