Rwanda : 19 ans après les massacres de Kibeho restent toujours impunis

Ce 22 avril 2014 est un triste anniversaire. Souvenons-nous, en effet, c’est à cette date que plus de 8’000 réfugiés dans le camp de Kibeho furent tués à l’arme lourde et aux lance-roquettes des soldats du Front Patriotique Rwandais. Des dizaines de milliers de rescapés du camp qui ont tenté ensuite de s’échapper ont été froidement abattus sur leur chemin de retour, les uns, jetés dans des fosses communes, d’autres, jonchés tout le long des routes, d’autres enfin, tout simplement disparus, sans la moindre trace.

Le camp de réfugiés de Kibeho abritait près de 200000 personnes. Que l’on se rappelle, c’est peu avant le 17 avril 1995 que, sous le prétexte fallacieux de démantèlement de prétendus arsenaux d’armes, six bataillons de l’armée du FPR (2000 hommes) et de la MINUAR (1800 Casques Bleus) firent une irruption combinée dans le camp de Kibeho. A l’issue de l’opération aucune arme ne fut saisie ! Par la suite, les soldats du FPR décidèrent d’encercler le camp, de couper les vivres aux réfugiés, de leur interdire l’accès aux latrines, de leur priver l’approvisionnement en eau et en nourriture. Quiconque cherchait à s’extraire du camp était tout simplement abattu.

Le coup fatal fut ensuite lancé le 22 avril 1995 par le Général (Colonel à l’époque des faits) Fred Ibingira qui donna l’ordre de tirer sur les foules à l’arme lourde et aux lance-roquettes. Les réfugiés qui ont tenté de trouver refuge chez les Casques Bleus étaient repoussés par ces derniers, craignant de devenir la cible des militaires du FPR. La MINUAR assista ainsi, sous ses yeux et sans la moindre intervention, à l’horreur.

Bilan : 8’000 victimes dénombrées par la Centrale humanitaire des Nations Unies au Rwanda et Médecins sans frontières. Personne ne fut épargné, voire des bébés sur le dos de leurs mamans furent froidement tués. Pendant ce temps, le Président rwandais de l’époque Pasteur Bizimungu, enjambant les corps, sans aucune décence, tentait de convaincre le journaliste pour réviser les chiffres à la baisse. 300 morts, lui suggérait-il !

Deux mois après le bombardement, quand les agences onusiennes procédèrent au décompte, elles constatèrent que plus de 60’000 rescapés du camp manquaient à l’appel et ne pouvait être trouvés ni dans d’autres camps, ni dans leurs familles. Les rescapés avaient été interceptés et tués sur leur chemin de retour, les uns précipités dans des fosses communes par le FPR, d’autres jonchaient sur le sol le long des routes. Le Journal Libération dans sa livraison du 27 juin relevait : « La banque des données de l’Integrated Operation Center des Nations Unies a beau faire et refaire ses comptes, son total reste sempiternellement le même : 60’000 déplacés se sont volatilisés dans la nature ». Et ce soldat zambien des casques Bleus qui dit : « Les soldats du FPR ne sont pas des hommes, mais des animaux qui savent se servir des armes à feu ».

19 ans après les faits, ces crimes contre l’humanité restent toujours impunis. Les FDU-Inkingi s’indignent que jusqu’à ce jour, aucun responsable du gouvernement rwandais ou de l’armée du FPR à l’époque n’a été inquiété. Les FDU-Inkingi réitèrent leur demande aux Nations Unies de voir les responsables de ces crimes portés devant la justice internationale.

En ce triste 19ème anniversaire, les FDU-Inkingi rendent hommage à toutes ces victimes innocentes oubliées.

Fait à Lausanne, Suisse, le 22 Avril 2014.

Dr. Nkiko Nsengimana
Coordinateur des FDU-Inkingi