Rwanda : Certains élèves conjuguent pauvreté et humiliation

Humiliation, maltraitance, discrimination, exclusion, stigmatisation, la liste n’est pas exhaustive pour décrire ce que semblent vivre les élèves pauvres du Groupe Scolaire Gikaya, dans le District de Kayonza (Région de l’Est du Rwanda).

Le 13 juin 2016, le journal « umuseke » exerçant son activité au Rwanda, a publié sur internet un reportage selon lequel les élèves de ce Groupe Scolaire, issus des familles pauvres, ne mangent qu’à condition d’avoir effectué des travaux pénibles imposés par leur école. Chaque repas dépend, pour ces pauvres élèves ou plutôt pour ces élèves pauvres, du travail manuel accompli contre leur volonté.

Le travail imposé consiste, comme ces élèves le disent eux-mêmes, à nettoyer tout seuls les toilettes, à laver gratuitement les vêtements de leurs professeurs, à nettoyer les alentours de l’école ainsi qu’à faire d’autres travaux parfois très pénibles et très contraignants.

« Lorsqu’un enfant est très pauvre, l’école lui impose du travail manuel pour pouvoir aller au réfectoire et pouvoir manger. C’est très dur pour nous. Cela nous fatigue et nous contrarie énormément. De toute façon, nous n’avons pas le choix », témoigne un de ces élèves pauvres.

Pendant que d’autres élèves de cette école se reposent, font leurs devoirs ou simplement profitent des activités de loisirs, les élèves pauvres, eux, sont en train de s’épuiser physiquement et moralement. Le travail scolaire s’est substitué à une corvée et à une sorte de servitude qui enfreint leurs droits fondamentaux.

Non à l’humiliation de l’enfant !

Le rôle de l’école n’est pas de créer des inégalités. La mission de l’école n’est pas non plus de marginaliser certains enfants quel que soit le motif. L’école n’est pas un lieu de maltraitance ou d’humiliation. En revanche, l’école a pour mission de former les enfants du pays selon les principes d’égalités, de respect et de dignité. L’école doit offrir les mêmes conditions de scolarisation à tous les enfants pour la réussite de tous.

Nourrir un enfant est un devoir des parents et des gouvernants. On ne peut donc pas se permettre d’exclure un groupe d’enfants sous prétexte qu’ils sont pauvres. Ces enfants subissent une pénalisation supplémentaire, corrélée à cette logique sadique : « un pauvre est forcément l’auteur de sa pauvreté ». Or ces enfants ne sont pas auteurs de la pauvreté de leurs familles.

L’école devrait désormais cesser ces actes de maltraitance et d’humiliation pour aider tous les enfants à accéder à la connaissance sans condition. Les autorités hiérarchiques du pays devraient s’en saisir rapidement et décourager ces pratiques maléfiques avant qu’elles ne s’étendent sur d’autres régions du pays.

Faustin KABANZA