Rwanda: Ces insaisissables Hutus extrémistes qui ont tué Habyarimana

Ainsi la paire de juges d’instruction français qui ont repris l’enquête sur l’attentat qui a coûté la vie aux chefs de l’État rwandais et burundais et à leurs suites respectives ont terminé leur travail de terrain. Il leur resterait encore à rédiger les conclusions de leurs investigations.

Mais d’ores et déjà, les avocats franco-belges du régime de Kigali ont annoncé que les résultats à venir confirmeront leur thèse à savoir que des extrémistes Hutus ont éliminé Juvénal Habyalimana parce qu’il avait montré des signes qu’il était disposé à partager le pouvoir avec les rebelles essentiellement tutsis du Front patriotique rwandais (FPR).

Alors que l’on nous dit que ces très discrets Hutus extrémistes auraient tiré les missiles tueurs depuis le camp militaire de Kanombe, sur la même colline que l’aéroport international et la résidence de la famille Habyarimana, jusqu’à présent aucun d’entre eux ou au moins un témoin oculaire ou autre n’est venu corroborer cette piste. Depuis 20 ans ! Même pas de rumeur ou de bobard.

Par contre du côté des vainqueurs de juillet 1994, des dizaines d’anciens rebelles tutsis ont revendiqué la responsabilité de leur ancien mouvement de libération et de leur ancien chef dans l’attentat fatal.

Les derniers anciens rebelles à pointer du doigt leur guide sont les membres du parti d’opposition Rwanda National Congress qui n’étaient pas des sous-fifres dans le régime du FPR. Kayumba Nyamwasa a été chef du renseignement militaire avant ’94 et chef d’État major de la nouvelle armée. Théogène Rudasingwa était le secrétaire général du FPR au moment des faits et chef de cabinet du président actuel. Nos deux compères et leurs autres compagnons d’exil clament haut et fort à tout qui veut les entendre que c’est leur ancien boss qui a commandité l’attentat du 6 avril 1994.

Du côté de nos insaisissables Hutus extrémistes, toujours rien. Aucun officier supérieur du renseignement militaire d’alors ou un dirigeant de premier plan de l’ancien parti unique MRND retourné, repentis, réintégré, exilé ou détenu au Tribunal pénal international pour le Rwanda n’a craché le morceau. Si morceau il y a bien sûr. Même pas pour attirer l’attention de la presse internationalinternationale, celle de quelques juges d’instruction internationaux ou les faveurs des autorités de Kigali. Rien, nada, nothing ! À part du menu fretin dont la crédibilité dans ce dossier est inversement proportionnelle à leur distance du noyau dur de ces extrémistes Hutus.

De deux choses l’une, soit ces Hutus savent particulièrement bien protéger leurs secrets; soit il n’y a pas de secret du tout parce qu’ils n’ont pas mené cette opération.

Si ce ne sont pas eux les responsables, ça ne veut pas automatiquement dire que c’est Kagame et ses camarades qui ont fait le coup même si certains nouveaux exilés le revendiquent en son nom.

Mais attendons le rapport de l’enquête de Mme Poux et de M. Trevidic.

Source: NKB 12/07/2014