Rwanda: De la propagande sous couvert de littérature au Salon du livre à Genève?

Monsieur Boubacar Boris Diop, Mesdames Laure de Vulpian et Maria Malagardis animent ce samedi 4 mai 2013 un débat sur le thème « Quelles vérités sur le Rwanda ?» au Salon du livre à Genève. Or ces auteurs sont tous trois connus pour être au service d’une vérité biaisée, celle véhiculée par le régime du FPR, en place au Rwanda. Quelques exemples récents et faciles à vérifier et que nous avons eu à démentir: M. Diop intervient en effet, dans la presse sénégalaise, où il publie, le 15 mai 2012, un brûlot contre l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, intitulé « Le Sénégal n’a rien à faire dans le dossier de Victoire Ingabire », en réponse à une demande d’un ressortissant rwandais, le Dr Samuel Hakizimana, président de l’Union des Ressortissants Rwandais au Sénégal (URRS), au  nouveau président sénégalais, Son Excellence Monsieur Macky SALL, pour intervenir en faveur de la démocratie au Rwanda. M. Boubacar Boris Diop accuse l’opposante rwandaise, Mme Victoire Ingabire, Présidente des Forces Démocratiques Unifiées (FDU-Inkingi), parti d’opposition que le régime de Kigali refuse toujours d’agréer, d’être inféodée aux FDLR, un des groupes rebelles incriminés par un rapport des Nations Unies sur le Congo. Or même devant la justice de Kigali les témoins entendus, ex-membres de ce groupe rebelle, ont démenti cette allégation. De plus, M. Diop tente de faire passer Mme Ingabire pour une négationniste alors qu’elle n’a jamais nié le génocide des Tutsi. Au contraire le 16 janvier 2010, elle est allée se recueillir au Mémorial du Génocide de Gisozi en hommage aux victimes tutsi, ajoutant qu’il faudrait reconnaître aussi les victimes hutu pour une véritable réconciliation. Amnesty International et Human Right Watch s’inquiètent depuis le début des conditions de détention et de justice concernant Victoire Ingabire, mais M. Diop préfère emboîter le pas à un régime qui opprime, torture, tue ou pousse à l’exil les opposants politiques et les journalistes critiques envers le pouvoir, dans un pays où pourtant la liberté d’opinion et d’association est inscrite dans la Constitution. Quelle peut être la vérité d’un tel homme ?

Il cite l’ONU pour ce qui est de la criminalité des FDLR en oubliant les mises en cause de cette même ONU contre les crimes et l’enrôlement d’enfants-soldats dans les combats des groupes rebelles soutenus par le Rwanda et le Rapport Mapping de 2010 qui accuse le régime rwandais de crimes massifs contre l’humanité contre les réfugiés hutu, voire d’actes de génocide. Des dérives totalitaires et de crimes divers reprochés à Mr Kagame et à son armée par différents rapports internationaux, M. Boubacar Boris Diop n’en dit mot, puisqu’ami et fervent défenseur de M. Kagame.

Mais Maria Malagardis a fait plus fort, avec plus d’assiduité dans la désinformation. Le Journal Libération a fait trois gros titres mensongers sur le Rwanda grâce à Maria Malagardis: La Une du 11 janvier 1013 disant « irréfutable » la piste des militaires hutu pour ce qui est de l’assassinat de l’ex-Président Juvénal Habyarimana selon le rapport technique commandité par les juges anti-terroristes français MarcTrévidic et Nathalie Poux. Or, le rapport en question ne dit pas cela comme on peut le voir en le consultant en ligne: il se prononce sur le « site » du cimetière et non sur le camp militaire, sans exclure que les tirs aient pu partir « d’un périmètre plus étendu », au delà du camp militaire (p. 313). Et le rapport en question estime que les missiles utilisés sont des Sam 16, dont les numéros de série indiquent qu’elles appartiennent à un lot de missiles que la Russie avait vendu à l’armée ougandaise à la quelle appartenaient les éléments qui ont lancé l’attaque contre le Rwanda le 01 octobre 1990 sous l’appellation du FPR.

Laure de Vulpian prendra également pour argent comptant cette version sur France Culture concluant à la culpabilité des militaires hutu. Sous prétexte que ces derniers sont les méchants, puisque nombre d’entre eux sont impliqués dans le génocide des Tutsi, faut il en rajouter quitte à déformer la « vérité »? Ne serait-ce pas le syndrome de Timisoara?

Maria Malagardis contribuera ensuite à deux autres « Unes » de désinformation d’une part le 1er juin 2012 lorsqu’elle affirmera qu’un document de l’ONU affirme que la France a fourni des missiles Mistral à l’ancienne armée rwandaise. Or, les responsables concernés de l’ONU démentent (voir Marianne du 4 juin 2012 ou en ligne). De même le 9 janvier 2013 Libé titre sur les deux gendarmes français tués à Kigali après l’attentat en concluant que la France n’est pas claire car un certificat de décès a été trafiqué, ce qui est vrai, mais en oubliant de rappeler que deux témoins rwandais et un ex officier du FPR affirment que le FPR a probablement exécuté ces deux gendarmes (voir Marianne du 20 avril 2013 ou en ligne).

Nous attirons donc l’attention de toutes les personnes qui seront emmenées à écouter ces « évangélisateurs » de la bonne nouvelle venue de Kigali, pour qu’elles aient l’esprit critique et ne prennent pas pour argent comptant « toutes ces vérités » déformées pour les besoins de la propagande.

Fait à Paris, le 04 mai 2013

Dr Emmanuel Mwiseneza

Commissaire à l’Information et à la Communication

FDU-Inkingi