Rwanda/génocide. Une conférence pour recycler les contrevérités ?

Ce 21/03/2019, Damien Vandermeersch  va présenter une nouvelle édition de son livre « Comment devient-on génocidaire ?», revu et augmenté. A l’approche du 6 avril, c’est de bonne guerre de recycler les contrevérités et autres tissus de mensonges construits tout au de ces 25 années de pouvoir du FPR sous la coupe du général Paul Kagame. Les deux textes ci-attachés, rédigés en 2014, n’ont rien perdu de leur actualité. Ils décortiquent le contenu de ce livre et montrent à quel point la propagande en faveur du régime rwandais a atteint les sommets les plus insoupçonnés.
Nous en reproduisons ci-après une conclusion d’un des textes signé par Bède Bicamumpaka, président de l’asbl Synergies africaines en Belgique.

« Comment devient-on génocidaire ? » Le Juge d’Instruction Damien Vandermeersch a tenté de nous instruire sur ce sujet. Le terme « Génocidaire », est un concept récent, introduit au dictionnaire en début des années 2000. Le terme est fondamentalement accusateur à  l’égard d’une partie de la population, en l’occurrence les Hutus, au sujet de la tragédie rwandaise de 1990-1994. Donc, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper, que le terme « Génocidaire » a été inventé pour accuser et condamner globalement les Hutus du crime des crimes, et désigner tous les Tutsis de victimes de ces crimes. C’est une façon de gommer à jamais les responsabilités de ces derniers dans la tragédie rwandaise, et ainsi, de leur assurer pour longtemps « un pouvoir sans partage ».

Le terme « Génocidaire » est donc une construction idéologique, conçue aux fins de mettre sous l’éteignoir politique tous les Hutus pouvant prétendre à la compétition au pouvoir, car désignés systématiquement de bourreaux à exclure. Quand bien même des Tutsis auraient commis des crimes graves et comparables, voire plus répréhensibles.

Tout au long de ce livre, en omettant d’importantes pièces du grand puzzle historique et géopolitique du conflit rwandais, Monsieur D. Vandermeersch déforme l’histoire du Rwanda, et dans ce sens, il semble encourager, voire soutenir le régime en place à Kigali, qui est en train de réécrire l’histoire du pays et de toute sa population, à son propre avantage.

Selon les déclarations du Président Yoweri MUSEVENI12, au sommet de Harare (Zimbabwe) en 1998, parlant de son soutien au mouvement tutsi FPR, il dit : « Ils m’ont parlé de leur intention de s’organiser pour recouvrer leurs droits au Rwanda, qui ont été annihilés depuis le génocide de 1959. » Du reste, des membres éminents du FPR, comme ils le déclarent souvent, ont attaqué le Rwanda, pour rétablir dans le pays, la situation sociale qui y prévalait dans les années 1950. Or, ceci ne saurait être acceptable en Occident. Dès lors, pourquoi l’encourager et le soutenir au Rwanda. Ce n’est pas si difficile à comprendre. L’Occident a aidé le général Kagame à rétablir la domination tutsie au Rwanda contre un accès aux richesses de la RDC, et tant que cela lui rapporte, il protégera cet accès sans considération pour les populations locales. Est-ce cela que nous voulons démontrer dans nos écoles? La loi du plus fort, du plus violent, du plus riche? Nous savons que, dans les années 1950, la fleur de l’élite belge était quasi uniquement francophone. Est-ce que, en Belgique, les Francophones peuvent réclamer actuellement, en 2014, la restauration de cette situation d’antan en gommant les efforts de cohabitation déjà consolidés jusqu’aujourd’hui?

Le Rwanda a connu un drame terrible. Les acteurs sont encore là et certains sont encore aujourd’hui de grands décideurs. Dans ces conditions, il est difficile de les inquiéter. Dans ce cas, il devient plus facile de faire endosser aux plus faibles, à savoir ceux-là qui ont perdu la guerre, tous les crimes commis ; devenant alors coupables de tous les maux. Victimes désignées d’avance et honnies de tous, ils sont condamnés sans présomption d’innocence ; est-ce justifiable par un JUGE d’Instruction ? Pourtant, quelques courageuses et rares hautes personnalités, ont osé dire la vérité sur ce qui s’est passé au Rwanda. Nous citons d’abord BOUTROS BOUTROS Ghali. Robin Philpot rapporte dans son livre13 que Boutros Ghali est très clair dans ses conclusions : « Le génocide au Rwanda est à 100% la responsabilité  américaine ! » « (…) C’est l’ancien secrétaire général de l’ONU, B. Boutros Ghali qui l’a dit en juillet 1998. Et il l’a d’ailleurs répété en Novembre 2002. ».

De même, le Colonel Luc Marchal14, parlant de l’attentat contre l’avion présidentiel, qui fut perpétré le 6 avril 1994 : « Plus personne ne met en doute la responsabilité de Kagame dans l’attentat. Mais il est toujours chef d’Etat et ce sont les Etats Unis qui ont joué ce pion-là, pour toute une série de raisons… »

Les USA sont donc au centre de la crise rwandaise qui a dégénéré… Qui peut juger les Américains ? Personne, puisque ce sont eux qui dirigent le monde, et qui en donnent des directives. On ne peut pas non plus juger ceux qui sont couverts et soutenus par eux car il ne faut pas écarter les Britanniques des responsables de la tragédie rwandaise. D’ailleurs, le Juge d’Instruction, Vandermeersch, a reconnu lui-même, lors de l’une des présentations de son livre, qu’« il est extrêmement difficile d’enquêter sur les autorités actuelles au Rwanda et de pouvoir les juger ». Parmi les plaintes déposées au Tribunal de Bruxelles, il a notamment évoqué celle qui visait le Président Kagame, et qui a tout simplement été classé sans suite ! Pourtant, les USA ont pu se débarrasser de Saddam Hussein, de Kadhafi et de Benali. Pourquoi pas Kagame ? Parce qu’il « rapporte » toujours !

De même, Carla del Ponte, lorsqu’elle a eu la conviction que l’attentat contre l’avion présidentiel aurait pu être perpétré par le FPR, a exprimé franchement son point de vue en disant que : « S’il s’avérait que c’est le FPR qui a abattu l’avion présidentiel, il faudrait réécrire l’histoire du génocide Rwandais. »15Et lorsqu’elle a commencé à mener des enquêtes sur cet attentat, elle en a fait des frais. Sa place de procureur du TPIR lui fut tout simplement retirée !

Le TPIR a donc été saboté par les autorités FPR de Kigali (qui au départ le rejetaient carrément), qui ont été aidées en cela par leurs sponsors, très puissants. Il en est malheureusement de même pour le Juge d’Instruction français Jean-Louis Bruguière, et pour le Juge espagnol Fernando Merelles. Actuellement, en France, le dossier est dans les mains du Juge d’Instruction, Monsieur Trévédic, mais sans surprise, il sera comme les autres… Il est soumis à des pressions telles qu’il ne peut avancer…, et pourtant la Justice française comme d’autres en Occident se disent indépendantes ! De qui : du politique ? Du capital ?

Cette opacité entretenue sur le drame rwandais fausse toutes les données relatives à la « problématique rwandaise », dont le nombre de victimes, la qualification des crimes et la manipulation sur les responsabilités criminelles. […]

Dès lors, il paraît évident que, dans le cas où certains grands pays avaient connaissance de cette réalité et qu’ils persistent à la cacher, ils deviennent automatiquement des complices de cette hécatombe !

Dans tous les cas, il faudra rechercher la vérité. Il est vrai que la vérité judiciaire ne correspond pas toujours avec la vérité historique, mais les deux devraient rester proches notamment en utilisant les nuances nécessaires, quand la situation l’exige. C’est un impératif pour arriver à une Justice équitable et crédible. Il en va de l’éthique morale.

[…]

Intégralité des deux textes

#NOS OBSERVATIONS SUR LE LIVRE DE D. VANDERMEERSCH

#Livre de Vandermeersch-Note Complémentaire à Nos Observations

_______________________________

Note

12 “To The Situation In The Great Lakes Region”, Republic of Uganda: Statement by H.E. Yoweri Kaguta Museveni, President of Uganda, Harare, Zimbabwe, 9 August 1998.

13 Robin Philpot, Ça ne s’est pas passé comme ça à Kigali, Edition Les Intouchables, 2003.

14 Christophe Vincelet, La mort des dix casques bleus belges à Kigali le 7 avril 1994 ou l’échec de la Belgique dans la crise rwandaise, pp 105-129. Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, sous la direction de Madame le Professeur Annette Becker, Université de Paris X, Nanterre, Département d’Histoire, juin 2003.

15 Cf. « Aktuelt », édition du 17 avril 2000.