Rwanda: Le Général Paul KAGAME désigné « malgré lui ! » candidat du FPR-Inkotanyi lors de l’élection présidentielle d’août prochain

Joseph Bukeye

Au lendemain du plébiscite du Général Paul Kagame comme candidat du FPR-Inkotanyi lors de l’élection présidentielle d’août prochain, les FDU-Inkingi, parti d’opposition au régime en place à Kigali, ont l’honneur d’adresser à la communauté rwandaise et internationale les observations ci-après :

Le Général Paul Kagame feint de regretter qu’il doive se représenter une troisième fois comme candidat à l’élection présidentielle. En effet, dans son adresse à ses partisans à l’issue de son plébiscite comme candidat à sa propre succession, le Général Paul Kagame déclare : « vous m’avez demandé de rester et voilà je reste… ». Mais il semble regretter qu’il doive encore rester là et invite ses partisans à, dès aujourd’hui, engager la réflexion pour déterminer le meilleur scenario au terme du septennat à venir. Il assure, au passage, être confiant en la victoire du FPR-Inkotanyi – sa propre victoire en tant que candidat-Président- dont il dit connaître toute la puissance.

Nous, FDU-Inkingi, sommes d’avis que si le Général Paul Kagame ne souhaitait pas réellement s’éterniser au pouvoir, il aurait dû :

A.   Accepter le pluralisme démocratique :

Si nous tous, rwandaises et rwandais, étions unis, rien ne pourrait nous être impossible. Nous travaillerions ensemble, et notre diversité serait notre principale richesse. Chacun apporterait sa contribution en idées constructives et notre cher Rwanda n’en serait que gagnant. Cela n’a rien à voir avec l’actuelle culture d’applaudissement des idées d’une seule personne. Si réellement le Général Paul Kagame ne souhaitait pas s’éterniser au pouvoir, il aurait dû laisser les citoyens opiner en toute liberté, sans lancer sur eux ses services judiciaires et de sécurité soi-disant parce qu’ils sont en train de monter la population contre son autorité.

B.   Rendre effectif les droits et libertés publiques :

Si réellement le Président Kagame ne souhaite pas s’éterniser au pouvoir, alors qu’il accepte ce qu’il a toujours considéré comme accessoire : la liberté, la démocratie et le pluralisme démocratique. Le débat d’idées est essentiel pour le Rwanda. Car si nous avions eu cette liberté d’opinion et ce pluralisme politique au Rwanda, nous n’aurions pas aujourd’hui cette famine dite Nzaramba (je durerai longtemps) qui est due, essentiellement aux réformes  hasardeuses et précipitées en matière agricole, comme cette scandaleuse politique de monoculture. Lorsque ces fameuses réformes ont commencé, nous avions attiré l’attention sur l’impact désastreux qu’elles devraient avoir sur la population. Le pouvoir n’a pas voulu nous écouter parce que nous sommes dans l’opposition. Maintenant les conséquences sont là. Et chaque fois, aucune leçon n’est tirée des erreurs d’hier et de leurs conséquences d’aujourd’hui pour changer là où il faut et engager le pays dans une nouvelle direction. On ne peut endiguer cette famine, si ceux qui ont détourné l’argent des projets, au lieu d’être poursuivis et de rembourser, se voient gratifier de postes encore plus prestigieux. Ce sont eux que les rwandais appellent désormais « les gros poissons. » Nous sommes d’avis que si l’espace politique était ouvert dans le pays, tous ces abus, tous ces choix désastreux de politique et de conjoncture économique n’auraient pas eu lieu, tout simplement. Les détournements de fonds publics n’auraient pas eu lieu, non plus, puisque nous aurions des instances judiciaires autonomes et indépendantes qui devraient faire leur travail. L’économie du pays serait partagée équitablement entre tous les rwandais. Et voilà que maintenant la faim fait rage dans les campagnes du Rwanda. Voilà la résultante du monopole de la raison et du bon sens !

C.   Diversifier les arcanes du pouvoir :

Tant que les hommes, les institutions et les idées tournent toutes autour d’une seule personne et autour d’une même formation politique, on pourra faire 7, 14 ou 21 ans on sera toujours à la case de départ. Aussi longtemps que tout l’appareil exécutif, législatif et sécuritaire est contrôlé exclusivement par un seul et même groupe, le peuple pourra continuer à rêver mais il n’y aura aucun changement dans le quotidien des Rwandais. Si le Général Kagame souhaite réellement un changement palpable pour le peuple rwandais, il devrait accepter que les structures administratives locales ne soient pas exclusivement contrôlées par des personnes de son parti. Ces instances pourraient être dirigées par des indépendants ou par des élus issus de formations politiques à conditions que l’espace politique soit libéré et que l’élection soit réellement libre et démocratique à tous les niveaux. Les instances judiciaires ne devraient pas être utilisées pour les propres intérêts du FPR-Inkotanyi, mais plutôt dans l’intérêt du peuple tout entier. Si le Général Paul Kagame ne souhaite pas réellement s’éterniser au pouvoir, alors qu’il accepte que des personnes étrangères au FPR-Inkotanyi peuvent aussi avoir de bonnes idées et que, surtout, elles peuvent opiner en toute liberté. C’est la seule condition du changement tant attendue par le peuple rwandais. S’il décide de continuer à monopoliser l’espace politique, il considérera quiconque ose parler comme un ennemi qui ne mérite que la répression et la prison. En persistant dans cette mentalité, il ne pourra donc y avoir aucun autre leader au Rwanda. En définitive, le Général Paul Kagame a entre ses mains le nœud des problèmes du Rwanda mais aussi leurs solutions.

Fait à Bruxelles, ce 18 juin 2017

Joseph BUKEYE

2ème Vice-Président des FDU-Inkingi

La feinte du président Kagame lors de son investiture