RWANDA : les femmes au combat pour la liberté d’expression

L’avenir du Rwanda sera peut-être dessiné par une femme. Après Victoire Ingabire (en prison), c’est Diane Rwigara qui prend le relais, parle ouvertement de la politique rwandaise, pointe du doigt les abus du pouvoir actuel alors qu’elle est sur le territoire rwandais.

Madame Diane Rwigara, très populaire notamment sur les réseaux sociaux, n’a pas été autorisée à présenter sa candidature aux élections présidentielles. Selon différents observateurs, les autorités rwandaises tentent, par tout moyen, de justifier ce rejet en imaginant ou en créant des scénarios de discréditation. Apparemment, cette jeune dame est une véritable alternative et une concurrente au président Kagame. Par ces idées, elle semble avoir déstabilisé le pouvoir en place qui a clairement peur d’elle.

Les organisations internationales des droits humains et beaucoup de médias ne cessent désormais de mettre en cause cette pratique d’autoritarisme et d’exclusion politique. La société civile et l’opposition rwandaise répètent la même chose depuis plusieurs années. En revanche, le pouvoir en place ne se montre pas sensible à ces appels légitimes et démocratiques.  Il se targue de « nommer » les candidats inconnus qui n’auront aucun impact sur les élections. Il ne s’agira donc pas d’élection (vrai sens du terme) mais d’une procédure « sans qualification » qui reconduira le président actuel, que le peuple du Rwanda le veuille ou non.

L’organisation des élections au Rwanda dans sa forme actuelle n’a vraiment pas d’intérêt pour le peuple rwandais. De toute manière, le parti et le président en exercice sont en même temps juge et partie.

Fatalement, la période électorale ne réussit pas au peuple rwandais : quelle élection n’a -t-elle pas été précédée de meurtre, d’emprisonnement ou de fuite ?  Disons-le, quel intérêt à continuer à organiser ces événements politiques qui ont perdu leur sens et raisons d’être pour être transformés à des événements tragiques sans lendemain ?

Un point qui paraît pour le moins positif : cette période permet parfois à certaines personnes courageuses de sortir de la peur, de dire la vérité sur la situation actuelle du pays, d’être porte-parole du peuple, de parler ouvertement aux autorités, au risque de leur vie.

Quel avenir pour Diane Rwigara ?

Les autorités de Kigali n’aiment pas qu’on les critique, pire quand on est à l’intérieur du pays. Or, Diane Rwigara semble déterminée à parler dans la mesure de ses moyens, sans revanche ni rancœur. Quand on ose relever ce qui ne va pas au Rwanda ou condamner des abus du système ou de certaines personnalités, on est tout de suite catalogué comme « ennemi juré » à combattre avec tous les moyens possibles. Que se passera-t-il à Diane Rwigara ? La journaliste Sabine Cessou d’Afrique Magasine lui a demandé si elle ne craignait pas pour sa sécurité, et voici sa réponse :

« Je crains plus pour la sécurité de mes proches. Au Rwanda, si l’on décide de se lancer dans la politique ou de s’exprimer, les conséquences sont subies par votre entourage. On peut être privé de son travail, faire faillite, se retrouver en prison ou perdre la vie ».

Les autorités rwandaises devraient à un moment donné accepter qu’on les critique pour s’améliorer. Le pouvoir quel qu’il soit, doit accepter les voix divergentes pour mieux se gouverner et mieux gouverner le peuple. Le pouvoir doit accepter les changements pour le meilleur de lui-même et de toute la nation. Le pouvoir digne devrait paradoxalement se méfier des voix courtisanes qui ne font qu’encenser, sans la moindre critique ou opinion alternative.