Rwanda : L’idée d’un referendum sur la révision de la constitution est truffée de pièges

Dans une émission diffusée ce 14 octobre 2014 par la chaine française RFI, le ministre de l’intérieur du gouvernement du FPR, Monsieur Fazil Harerimana, a annoncé que le régime allait proposer un referendum pour réviser la constitution et permettre au président Paul Kagame de briguer un troisième mandat. Il est de coutume que c’est toujours ce ministre qui lève le voile sur les projets controversés du gouvernement en utilisant sa casquette de chef d’un parti à la solde du FPR.

Les propos ont été immédiatement soutenus par madame Mukabunani, une dissidente du parti PS Imberakuri tout aussi à la solde du FPR qui l’a portée à la tête d’un comité dissident de son ancien parti, profitant de l’absence du président légitime, maître Bernard Ntaganda qui purgeait une peine de 4 ans de prison.

Nous savons par ailleurs que l’idée est dans les tiroirs du FPR depuis des années et que certains parlementaires du FPR ont déjà commencé à faire campagne dans certains milieux comme des écoles. Les partis signataires dénoncent cette tentative de supercherie, qui ne vise qu’à plonger le pays dans une instabilité aux conséquences imprévisibles.

Les partis signataires ne sont pas opposés à un référendum comme tel, mais aux conditions dans lesquelles il serait organisé. En effet, dans un pays où la liberté d’assemblée et d’expression est inexistante, comme l’a déclaré le rapporteur spécial de l’ONU Monsieur MAINA KIAI, dans son rapport intitulé « Report of the Special Rapporteur on the rights to freedom of peaceful assembly and of association» du 10 juin 2014, dans un pays où tous les chefs de l’opposition authentique sont sans exception soit en prison, soit en procédure judiciaire, dans un pays où les services de sécurité sont omniprésents et font la pluie et le beau temps, il est inimaginable que la population puisse véritablement exprimer son opinion. On l’a vu lors de la découverte des corps flottant sur le lac RWERU.

Les autorités rwandaises ont fermement intimé l’ordre aux pêcheurs qui avaient vu les premiers les corps, de se taire sans quoi ils feraient l’objet de représailles. On l’a vu aussi lors des autres consultations populaires, au cours desquelles les souhaits et/ou candidats du régime ont été plébiscités avec des scores staliniens.

Les partis signataires estiment que, si consultation populaires il devait y avoir, les conditions minimales suivantes devraient être mises en place :

 Légalisation de tous les partis de l’opposition démocratique, sans autres tracasseries administratives;

 Libération de tous les prisonniers politiques et restitution de leurs droits civils, y compris la possibilité de se présenter aux élections;

 Mise en place d’une commission électorale indépendante, en remplacement de l’actuelle qui a montré toutes ses limites;

 Cantonnement des forces de sécurité pendant tout le processus électoral

Sans ces préalables, les partis signataires sont d’avis que toute démarche unilatérale de la part du régime donnerait raison à ceux qui estiment que seul l’usage de la violence pourrait faire fléchir l’intransigeance du régime.

Les partis signataires en appellent aux principaux soutiens du régime, qui sont occupés à faire pression sur les présidents congolais et burundais pour ne pas briguer de troisième mandat, d’éviter toute politique de deux poids deux mesures et de faire les mêmes pressions sur le président rwandais. Ils doivent réaliser que toute instabilité au Rwanda aura des conséquences certaines sur la stabilité dans toute la sous-région.

Pour RNC,
Rudasingwa Théogène, Coordinateur

Pour les FDU-Inkingi,
Bukeye Joseph, Deuxième Vice-Président

Pour AMAHORO-People Congress,
Masozera Etienne, Président

Pour le PDP-Imanzi,
Munyampeta Jean-Damascène, Secrétaire Général,

Pour le PDR-Ihumure,
Rusesabagina Paul, Président

Pour le PS- Imberakuri,
Ryumugabe Jean-Baptiste, Coordinateur.