Rwanda : tâtonnements dans la gestion du COVID-19.

A voir de près la façon dont le Rwanda gère la crise du COVID-19, l’on sent l’absence d’un plan d’action, comme celle de Paul Kagame. C’est ça qui conduit aux tâtonnements ici et là, la prise de décisions en violation de la loi, les actions contradictoires aux objectifs, etc. Bref, les décideurs rwandais affichent une attitude de croire que la bonne chance résoudra le problème!

Tout a commencé le jour où la Banque Mondiale a annoncé la mise en place d’un fonds destiné aux pays en voie de développement frappés par COVID-19, pour “soutenir les économies et protéger les emplois”. Quand on parle du pognon, le dictateur de Kigali n’a pas de temps à perdre. Il a mis tout en marche pour la demande d’aide, si impossible, d’un crédit. Ce qui est marrant, il ne sait pas de combien il aura besoin. Pas d’estimations. Car, pas d’état des lieux, pas d’avis du conseil des ministres, pas de concertation des professionnels de la santé, l’homme tâtonne. Et il ne sait pas non plus à quel hauteur son gouvernement saura financer. En plus, il ne veut pas toucher son porte-monnaie aussi longtemps que les “blancs” sont prêts à débloquer des sous. Qui vivra paiera!

Uzziel

MinistreUzziel NDAGIJIMANA

Le FMI accorde 109.4 millions de dollars en crédit, la Banque Mondiale 14 millions de dollars en crédit aussi, USAID apporte 1 million de dollars en aide et l‘Union Européenne 52 millions d’euros en aide. Sauf qu’il n’existe pas de comité de gestion de ces fonds. Le ministre des finances, Mr NDAGIJIMNA Uzziel “embêté” avec cette question, répond, sans honte, qu’il n’ y pas de projet précis,  que ces fonds rentrent dans le budget ordinaire du gouvernement. En d’autres termes, vous ne pourrez jamais en suivre les traces!Seen ad many timesNot relevantOffensiveCovers contentBrokenREPORT THIS AD

Les hauts fonctionnaires privés de leur salaire.

Dans un communiqué, pas comme les autres, il est dit que l’Etat rwandais a décidé que les hauts fonctionnaires allaient ne pas toucher leurs salaires du mois d’avril pour venir en aide aux plus démunis de la société rwandaise ainsi que les plus touchées par le confinement. Le communiqué n’est pas clair quant aux concernés surtout quand il parle des hauts dirigeants des organes du pays (Abayobozi bakuru mu nzego z’igihugu/ senior officials)! Qui sont-ils ? C’est quoi l’objectif? Quel est le montant visé? Et pourquoi tout le monde donne la totalité de son salaire alors qu’ils ne touchent pas tous le même montant? D’ailleurs, quand est-ce qu’a eu lieu le Conseil des Ministres pour approuver ce geste?

Imaginez que, selon ce communiqué, le président du sénat va abandonner son salaire de 4.3 millions de francs rwandais et le secrétaire exécutif du Conseil nationale de la jeunesse 1.3 million de francs rwandais. Comme s’ils avaient le même niveau de vie! Et qui va collecter ces fonds? Qui va les gérer? A quoi vont servir ces fonds? Acheter les masques? De la nourriture? Payer les loyers et les factures d’énergie? Et surtout, comment allons-nous savoir qu’il ne s’agit pas d’une autre de ces farces dont l’objectif est d’inciter les commerçants et autres agents du secteur privé à donner leur argent alors que la destination n’est pas sûre? Ce ne serait pas la première fois. En effet, ce n’est pas tout le temps que celui qui promet de donner une grosse somme le fait réellement.

Fonds de développement Agaciro (AGDF), un précédent

Le Fonds de développement Agaciro (AGDF) est le fonds souverain du Rwanda qui a été lancé en 2011 et lancé officiellement par Paul Kagame le 23 août 2012. AGDF a été créé pour constituer une épargne publique afin de devenir autonome, maintenir la stabilité en période de chocs économiques nationaux et accélérer les objectifs de développement socio-économique du Rwanda. Tous les Rwandais sont obligés de donner leur contribution à ce fonds.

Au lendemain des mesures de confinement, les Rwandais ont commencé à demander que les fonds placés dans AGDF soient débloqués et utilisés car l’un des objectifs est de “maintenir la stabilité en période de chocs économiques nationaux“.  En réponse, le ministre des finances informe le public que leur argent a été investi, sans dire ni où, quand, ou comment. Il ajoute que les Rwandais ne sont plus tenus à verser leurs contributions. Rien n’est plus sûr que les fonds collectés au nom de COVID-19 seront mal gérés et que le peuple n’en gagnera rien. Qui veut parier?

Les tâtonnements se multiplient. Et à chaque demande de transparence, le gouvernement perd les pédales davantage, persévérant dans l’erreur. Rappelons que jusqu’aujourd’hui, l’état de santé de Kagame reste top secret, tout comme sa position géographique.

Chaste Gahunde