Rwanda/France:Entre Marara et Malagardis

Elle récidive la Maria ! A force de servir des faux scoops emballés dans ses brûlots de parisienne, elle finira par discréditer Libération, son journal, la Maria. Non contente de errements de sa plume, Maria Malagardis vient de pondre un autre article qu’un ami netter qualifierait de digne de la poubelle. Toute maligne qu’elle est, la manipulatrice semble vouloir occuper et durer dans un créneau laissé vide par la non moins escamoteuse Colette Braeckman. Malagardis est toute lancée dans une course d’affabulation. Le bon, c’est Kagame ; les mauvais, ce sont les vaincus et la France. Pauvre Rwanda ! Sous prétexte que des illuminés et autres fabulistes du monde entier y étaient en 1994, l’histoire récente de mon pays est malmenée et torturée par la première venue, par la première abusée qui a succombé sous les charmes d’une Afandie qui n’arrête pourtant pas de dévoiler, jour après jour, sa vraie nature. Mieux, sa part de responsabilité dans Ishyano, ce génocide aujourd’hui surexploité par Kigali.

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Noble Marara

Affabulation, écrivais-je. Manière fantaisiste ou même mensongère de présenter les faits. (Larousse 2011). Fantaisie et mensonge donc. Hier une prêtresse acharnée du Soir, aujourd’hui la messe est dévotement dite par l’auteure de « Rwanda, le jour d’après », de « Des héros ordinaires » et de « Sur la piste des tueurs rwandais ». Elle a vraiment trouvé son filon d’or, la Maria ! Et peu importe si ses textes renferment des contre-vérités énormes, son argument se veut massue : « j’y étais ». Comme avant elle, un certain french doctor qui, pour cacher ses adultères politiques avec le président Kagame, criait la même aberration sur les toutes les chaînes de télévision qui daignaient l’inviter. Tenez : ne nous avait-elle pas déjà fait le coup en juin 2012 en découvrant que l’armée qui s’opposait à la milice du major Paul Kagame avait, dans son arsenal, des missiles de fabrication française, les fameuses Mistral ? Tout ça pour jeter l’opprobre sur tous les vaincus de cette guerre et pointer du doigt ce qu’elle appelle « le soupçon, entretenu par les lenteurs scandaleuses de la justice française »…

Piqué au vif, un familier du dossier rwandais a recadré la Maria. Lisez plutôt : « En écrivant dans l’édition du 1 juin 2012 du journal Libération que les forces armées rwandaises (FAR) auraient possédé des missiles Mistral, Maria Malagardis, illustre une fois de plus les grands travers de la presse française : esprit partisan, vision hémiplégique des événements, non vérification de l’information, liberté prise avec les faits, le tout couronné par une grande incompétence.» Un peu plus loin, le professeur Lugan assène : « il importe de le dire haut et fort, il s’agit là d’une nouvelle manipulation orchestrée par les soutiens européens du régime de Kigali. En effet ce document est connu de tous les spécialistes depuis des années. Il a même été longuement étudié, analysé et critiqué avant d’être finalement écarté par le TPIR en raison de son inconsistance. Mais, Madame Malagardis ignore les travaux de ce tribunal qui siège depuis 1996 ». Aïe !

Vaccinée contre la honte comme ses fréquentations tropicales, la Maria remet ça. Elle vient tout juste d’inventer le fil à couper le beurre. Dernière trouvaille dans sa secret story : un faux certificat de décès. Que ça ! Et elle s’y agrippe avec un bonheur désespérant pour jeter le doute sur l’action des militaires français au Rwanda en 1994. En tout cas, elle réoriente les soupçons vers qui-vous-savez une fois de plus. C’est devenu obsessionnel, à la limite de l’impéritie. Sauf que sur ce coup-ci, son France bashing fera vite long feu. Quel scoop ?, s’interroge déjà un autre professeur. Filip Reyntjens ne se gêne pas en rabrouant la Maria : « Déjà dans mon livre « Rwanda : trois jours qui ont fait basculer l’histoire » publié fin 1995, j’écris que « le certificat de décès, daté le 6 avril, mentionne ‘mort accidentelle' » (p. 30). La zone où se trouvait la maison ou Maïer et les époux Didot on été tués le 8 avril (deux jours après l’acte de décès) était contrôlée par le FPR. On trouvera plus de détails aux pp. 29-30 de mon livre ». Et, patatras !

Elle devient donc à plaindre, la Marie. Dusabe inema (ngo) ahumuke… Elle oublie surtout que nous y étions nous aussi les Rwandais. Et que vouloir exempter coûte que coûte le régime actuellement en place finit par desservir ce dernier. Hier encore, j’écoutais Noble Marara, un ex-garde du corps du général Kagame citer, à n’en plus finir, les victimes du major Paul Kagame. Sachant très exactement de quoi il parlait sur Radio Itahuka, ce compatriote a avoué que ses frères d’armes d’hier n’ont jamais hésité à tuer pour casser la dynamique des négociations et reprendre les sentiers de la guerre. La crédibilité a donc choisi son camp dans ce dossier car entre (le témoignage de) Marara et (l’enfumage de) Malagardis, le choix est clair… Espérons tout simplement qu’à sa prochaine sortie elle ne va pas nous révéler l’existence d’un cable déclassifié qui évoque la présence, en 1994, des marines américains inactifs à Bujumbura…

Cecil Kami