Saga Rwigara / Episode 3 : Ç’était donc ça le plan B du général Kayumba ?

Le feuilleton Rwigara se poursuit et, à ce qui peut être vu comme son troisième épisode, les institutions de l’Etat rwandais semblent reprendre l’initiative. Des convocations quotidiennes, l’ex-candidate Diane Rwigara, sa sœur Anne ainsi que leur maman font maintenant face à un emprisonnement dans l’un des cachots de la capitale rwandaise. En même temps que se poursuivent les tribulations de cette famille, la presse nationale, elle, est abreuvée en éléments audio dévoilant l’étendue de la saga Rwigara. En interlocutrice principale : Adéline, veuve Rwigara et maman de l’infortunée candidate. Que révèle-t-elle donc de si intéressant et qui mériterait les commentaires de tous ceux qui observent le développement de cette situation ?

Tractations secrètes. Avec force détails, l’on apprend de Rwigara-mère la détermination, presque l’entêtement de sa fille (naramubwiye yanga kumva). On apprend la haine qu’elle voue au régime (Ndabanga nabo baranyanga, ni abicanyi, ni amadayimoni). Elle avoue également la divergence de position avec sa fille quant à la stratégie de leur lutte : des tracts et des manifestations versus un affrontement via un parti politique. Le plus étonnant dans ce dialogue est cette imprudence des conjurés alors que cette dame a été prévenue que les tractations du camp de sa fille étaient suivies par des agents de l’Etat, infiltrés par les soins du général James Kabarebe. On apprend finalement dans la première partie de ces audio que des dossiers compromettants (toute une valise) auraient été saisis par la sûreté de l’Etat et ceci explique sans doute largement cela. Assurance de soi ou amateurisme d’apprentie(s) politicienne(s) ?

Recrutements et général Kayumba. Grâce à ces conversations toujours, on aura au moins appris que le tort de Diane Shima n’est pas du tout le fait d’avoir seulement posé sa candidature à la magistrature suprême de son pays. Sa propre mère révèle d’une façon indiscutable ses accointances avec « l’autre du sud » (le général Kayumba Nyamwasa réside en effet en Afrique du sud) ; ce qui, on s’en souvient, n’est pas une vaine offense pour le régime de Kigali. Il est clairement question des recrutements à travers tout le pays (ni benshi cyane) et ce, depuis au moins octobre 2016, date du décès de l’homme d’affaires Rwabukamba Vénuste (cité lui aussi dans ces audio). Malgré les nombreux noms codés dans ces échanges vocaux, il ne fait aucun doute que ce vaste réseau était sous surveillance et que ceci est une autre bévue à imputer aux méthodes erratiques du général Nyamwasa.

Qui, des observateurs de la sphère politique rwandaise, ne se souvient pas des insinuations que faisaient les sympathisants du Rwanda national congress (parti de Kayumba Nyamwasa) s’agissant des élections d’Août 2017 ? Tuzayaburizamo, entendait-on par-ci par-là. Traduisez : on fera capoter ces élections ! Avec une confiance dont on ignorait jusque-là les vraies motivations, les nombreux porte-paroles officieux du Rnc affirmaient qu’ « il n’y aura pas d’élections ». Ce sujet fut abondamment commenté sur les réseaux sociaux et autres groupes de discussions ; on parlait alors d’un plan B que se réservait le droit d’appliquer le leadership du Rnc si la logique de la modification de l’article 101 se poursuivait jusqu’au bout. C’est-à-dire si le président Kagame se présentait à sa propre succession. Avec donc les indiscrétions d’Adéline Rwigara, l’on sait maintenant à quoi ce parti politique faisait allusion.

Question : qui du Rnc (Kayumba) et de Rwigara manipule l’autre ? A y regarder sans trop y prêter attention, l’on croirait avoir affaire juste à une collaboration politique de plus normale. La vérité est, d’après au moins deux webradios (Inyenyeri et Ishakwe), que lorsque l’ « expertise » de Kayumba se met à la rencontre de quelque bas de laine de certains Rwandais (ici la famille Rwigara), la cupidité fait oublier toutes les règles de prudence au point de laisser les services de sécurité appréhender les plus naïfs ou les plus audacieux. Hier en Tanzanie, aujourd’hui au Rwanda. D’aucuns n’hésitent même plus à parler d’une alliance objective Rnc-Dmi. Noble Marara, un des connaisseurs du système Fpr sermonnait encore il y a quelques semaines ce parti politique en l’accusant de mettre en danger les citoyens rwandais. A-t-il seulement été écouté ?

Présider aux destinées d’un pays, cela ne s’improvise pas écrivais-je quant à moi l’autre jour…

Ibaba La Plume