S'agenouiller. Au nom de quels Hutus ?

Ils ont trafiqué moult chiffres, ils ont fabriqué mille mensonges, ils veulent aujourd’hui techniquer les sentiments. Une absurdité fraîchement sortie d’un colloque typiquement afandesque veut obliger tous les Hutus à demander pardon pour un génocide qui aurait été commis en leur nom. Kagame et sa bande d’idéologues ne pouvaient-ils pas trouver mieux pour laver la honte qui les couvre depuis Chanzu ; vous savez, cette colline qui rappellera à tout jamais le jour où les limites de la puissance des soldats sans frontières du duo Museveni-Kagame ont été exposées. Sommé par son grand allié de ne plus s’immiscer dans les affaires congolaises, afande Supremo n’a plus de punching-ball sur lequel se défouler. Ah, plutôt si ! Une partie de sa population : les Hutus. Citoyens de seconde zone depuis 1994 déjà, les membres de cette communauté se voient maintenant retirer subrepticement, mais officiellement une nationalité qu’ils ne pourront récupérer qu’après une génuflexion destinée à globalement les culpabiliser. Du plus jeune au vieillard. Qu’y a-t-il à gagner avec ce nouveau boa constrictor d’Afandie ?

Simple est la réponse : rien du tout. Comme agaciro, il s’agit d’un autre ersatz du nationalisme kagamien. De un, comment ou qui a dit au premier des afande que ce génocide a été commis au nom des Hutus ? Faisait-il donc partie des planificateurs (toujours introuvables) de ce crime ? Lui aurait-on finalement transmis les minutes des préparatifs tant recherchés par le trop partial Tpir ? De deux : peut-il juste nous rappeler qui était et que faisait le nommé Robert Kajuga dans cette entreprise macabre ? Surtout peut-il nous dire un peu plus sur les infiltrations qu’il avait réussi à organiser au sein des Interahamwe, fer de lance de ces tueries ? Enfin, et de trois : au nom de quels Hutu a-t-on commis ce génocide ? Aussi bien ses gacaca controversés que l’autre d’Arusha, tous ont envoyé à la potence bien des personnes sans défense (juridique) et malgré cela, il lui faut encore que tous ceux qui n’ont jamais été d’accord avec la Folie de 1994 endossent une culpabilité sans raison. De quel droit donc ou selon quels critères choisira-t-on ceux qu’on érigera en représentants des Hutus, une ethnie hier encore inexistante dans la logorrhée afande ? Encore une fois donc, cette nouvelle trouvaille surnommée abusivement « ndi umunyarwanda » ne servira qu’à brimer et à étouffer plus de vies, signant ainsi la ménopause d’un régime…

La ménopause. Oui, cette fin de la période reproductive de la femme marquée par l’arrêt des règles ainsi que par la cessation de l’ovulation et de la sécrétion par les ovaires des hormones sexuelles. Si l’on sait qu’une femme est ménopausée lorsqu’elle n’a pas eu de menstruations pendant 12 mois consécutifs, le régime qui gouverne le Rwanda lui, il y a fort longtemps qu’il a cessé d’assurer. A la suite du fiasco « agaciro » enterré quelque part dans la capitale britannique, au milieu de crottes de cheval et d’œufs pourris, la clique de Kigali n’a plus la main. Plus d’idées pour gérer la chose publique. Plus de sympathisants sincères. Vraiment. Ne pouvant plus intimider quelque étranger que ce soit, c’est sur les Rwandais qu’elle lâche ses aberrations. Ndi umunyarwanda, viennent-ils seulement de réaliser ! Bien sûr qu’on est Rwandais. Mais, est-ce pour ça que pendant tout ce temps ils massacraient à tour de bras ? Est-ce à cause de cette ignorance que l’autre s’exprime tout le temps comme un… qui ne partage pas les valeurs de notre tradition ? Les Rwandais n’ont pas besoin de ses critères teintés d’apartheid pour appartenir à ce pays, non ! Il y a pour cela les Rick Warren, Andrew Mwenda, Silas Lwakabamba, etc. Et, tout récemment, le musicien Jean-Pierre Kidumu Kibido Nimbona qui veut les rejoindre. A eux, on peut expliquer comment être Rwandais… pas aux Rwandais.

On connaissait les Hutu dits « de service », ceux qui auraient embrassé, sans trop se poser de questions, une séduisante, mais fourbe fiancée – le Fpr – qui avait pris le visage d’une prétendue libération. Kwibohora disait-on à l’époque. Le lendemain des noces, ceux qui ont démasqué le subterfuge ont, un à un, pris le large et dénoncent aujourd’hui la fourberie de ce Fpr-là. En manque de soutien dans son propre camp (akazu) et conscient d’un grave désamour avec celui d’en face (le peuple), Kagame vient d’abattre une de ses dernières cartes : (la léthargie de) ses complices. Les « hutus de Kagame ». Ceux qui doivent porter le fardeau, tout le fardeau. Ils l’ont d’ailleurs toujours porté puisque c’est sur eux que s’est appuyé la stratégie du mal qu’ont infligé à la nation Kagame est ses alliés Interahamwe. Ils ont pour nom la cécité, l’insouciance, la balourdise, l’idiotie, la stupidité, la cupidité, la folie, la cruauté, la sauvagerie. C’est au nom de ces anti-valeurs qu’ont été tués des Rwandais en 1994. Pas au nom des Hutus. Non. Affirmer éhontément le contraire est un flirt insupportable avec le non sens, et tout aussi criminel.

N’est-ce pas le président lui-même qui ordonnait, il y a de cela quelques années, la libération de 30 à 40.000 prisonniers (des personnes âgées de plus de 70 ans, des malades, ceux qui étaient mineurs au moment des faits et ensuite, les plus nombreux, ceux qui avaient avoué leur crime) ? Pourquoi n’a-t-il pas alors « demandé » à cette dernière catégorie de demander pardon ? Il est vrai qu’à l’époque, l’homme et son empire vivaient nonchalamment leur apogée et ne se sentaient en rien menacés dans leur confort. Seulement, au fur et à mesure qu’ils se savent démasqués et que s’opposer à leur dictature est devenu le devoir de toutmunyarwanda, ils veulent se constituer un vivier de sous-hommes qu’ils comptent paralyser par doses de « ndi umunyarwanda ». Que font-ils, entre-temps, de l’article 17 de la constitution par eux-mêmes promulguée (La responsabilité pénale est personnelle) ? Ils s’asseyent tout simplement dessus. Alors s’agenouiller au nom des Hutus de Kagame ? Non, merci.

Cecil Kami